Hier, les ministres du commerce annonçaient qu'ils étaient pour que la Commission européenne étudie l'accord de libre échange avec le Japon. Déjà que la situation en Europe n'est pas glorieuse pour une grosse majorité des constructeurs généralistes, le spectre d'une invasion plus massive des véhicules japonais plane et inquiète grandement l'ACEA (association des constructeurs automobiles européens). Selon eux, un tel accord avantagerait très fortement les Japonais, qui augmenteraient leurs exportations de 443 000 exemplaires, tandis que dans l'autre sens, le bénéfice serait quasiment négligeable avec 7800 exportations supplémentaires par an.
Rappelons que le but de cet accord est de supprimer les taxes que subissent les Japonais pour vendre en Europe. Seulement voilà, si les voitures européennes se vendent si peu au Japon, c'est à cause d'un certain nombre de barrières "non tarifaires" imposées par l'archipel pour protéger sa production nationale. On pense notamment aux différentes normes particulières imposées aux autos importées, qui les empêchent d'être compétitives sur le prix final. L'UE a d'ailleurs recensé pas moins de 31 de ces barrières, qui seront certainement au cœur des débats. Même si l'ACEA est très réticente à l'idée de cet accord, la Commission européenne assure qu'elle ne sera pas "naïve" et que dans le meilleur des cas, si le libre échange est voté, il faudra au moins quatre à cinq ans pour qu'il se mette en place. L'Europe prend quand même les devant avec les constructeurs européens en leur prévenant qu'il ne faut pas blâmer les marques japonaises pour leurs problèmes de surcapacité.
Ce qui n'est finalement pas totalement incorrect : plutôt que de chercher un coupable à tous les étages, la meilleure solution pour les membres de l'ACEA reste la remise en question et, si nécessaire, les changements radicaux. Encore faut-il qu'il y ait les moyens financiers pour y parvenir, ce qui n'est bien souvent pas le cas chez bon nombre de marques généralistes en Europe. Au final, c'est un peu le serpent qui se mord la queue : pour évoluer, il faut investir et prendre des risques, mais pour cela, il faut des rentrées d'argent et des bons résultats.
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