Ceux qui avaient détesté la prose autant que la langue, incroyables, de Mathieu Larnaudie dans son dernier Les Effondrés vont sans doute adorer (peut-être même adhérer) la proposition de Serge Noël de reconstruire notre chant d’amour et de guerre, proposition qui n’est pas sans lien, d’ailleurs, avec ma phrase de conclusion d’hier soir !
Mais ici, il est notamment question de Mercedes… Extrait.
« (…)
j’imagine la plage simplement déserte
vide du cri des corps qui coulent sous le ciel
vide du bleu du ciel ténacité de pierre
le ciel ne se raconte pas ne se négocie pas ne cille pas il est
au-dessus des corps emmêlés torturés assoupis
une sorte de socle compact
une bête immobile aux épaules de brute qui regarde ailleurs
le long de la rue qui dévale vers le port
les voitures dansent avec les hommes jeunes
qui ont des beautés crues écrasées
des beautés de secrets divulgués par le vent
des femmes boules aux visages qui roulent
des filles tiges et roses et orchidées bistres
des enfants insectes qui s’accrochent aux pare-chocs des Mercedes
et les Mercedes là-dedans qui hachent
et il y a les vieillards fous
éliminés édentés chaque soir
dans un vin captieux de soir en attendant les capes noires
qui engueulent la ville en lançant un poing noir
(…) »
Cet extrait est tiré d’un poème intitulé Le café du jour que l’on trouve dans un recueil quasi introuvable, Reconstruisons notre chant d’amour et de guerre, de Serge Noël.
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