Au volant, la grande injustice faite aux femmes
Malgré des statistiques d'accidents accablantes, on assimile toujours la conduite à une affaire d'hommes. Mais qu'est-ce qui cloche?
En cette Journée international du droit des femmes, la Sécurité routière s’intéresse à la question des inégalités des sexes en matière d’éducation routière et d’accès à l’examen du permis de conduire. Il y a là un vrai sujet de préoccupation, chiffres à l’appui. Les femmes paient en moyenne leur permis 1760 €, contre 1524 € pour les hommes, écart qui correspond à des leçons supplémentaires et à un taux de réussite en premier passage inférieur, en l’occurrence 53% pour ces dames et 61% pour les hommes (ce qui n’est guère mieux, soit dit en passant). « Les hommes veulent juste obtenir le permis, alors que les femmes viennent apprendre à conduire », résume un responsable d’auto-école. D’ailleurs, « leur apprentissage est plus linéaire et pérenne que celui des garçons », abonde une enseignante de la conduite.
Le résultat une fois le permis de conduire en poche? Des statistiques absolument accablantes…pour les hommes au volant! On déplore en effet 3,5 fois plus d’hommes que de femmes parmi les morts sur la route (2545 contre 722 l’an dernier). De plus, 90% des tués âgés de 18 à 24 ans sont des hommes, et 84% des présumés responsables d’accidents mortels sont des conducteurs. Pas très glorieux, tout cela.
Une accidentalité avant tout masculine
Pourtant, on considère toujours que la conduite et l’automobile sont des affaires masculines. Les stéréotypes resteraient vivaces, même auprès de la jeune génération. « On a une accidentalité qui est avant tout masculine. Les hommes réussissent mieux l’épreuve du permis, mais sont ensuite beaucoup plus impliqués dans la mortalité routière. Cela appelle un certain nombre de questions, car les stéréotypes de genre sont encore très ancrés. Il y a encore nécessité d’échanger sur ces points. Des chercheurs ont également travaillé sur ces sujets. Une campagne de testing dans des auto-écoles a permis de constater qu’à profil identique, les filles se faisaient conseiller deux heures de plus en moyenne que les garçons », observe Florence Guillaume, Déléguée interministérielle à la sécurité routière. « Les femmes entendant plus souvent qu’elles pourraient avoir une moins bonne conduite, elles intérioriseraient le fait qu’elles ont des compétences moindres. Admettre que l’on a des biais de ce type permettrait peut-être de les surmonter. On va travailler ce sujet avec les enseignants de la conduite, et ajouter un module de sensibilisation à la différence de genre et à la question des biais cognitifs dans l’appréciation des examens à l’Institut national de formation pour les inspecteurs. Le mot d’ordre, pour ce 8 mars, est la confiance. Que chacun ait confiance en ses compétences, car cette confiance est prépondérante dans tous les domaines. La conduite n’y échappe pas. » Et si on essayait la journée (voire plus) sans hommes au volant ?
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