Comment Toyota est devenue leader mondial de l'hybride
Le constructeur japonais, pionnier de l’hybride, fête cette année les 20 ans de la Prius. C’est avec elle que tout a commencé et que Toyota a fait de cette technologie une marque de fabrique. Aujourd’hui, la firme a vendu plus de 10 millions d’hybrides à travers le monde. Comment est née cette success story, que représente l’hybride au sein de la gamme actuelle et quelles sont les pistes pour l’avenir ? Enquête.
Dès la fin des années 90, Toyota voulait une familiale à vocation écologique mais néanmoins pratique et plaisante à conduire. L’objectif était de diviser par deux la consommation de carburant et de réduire les émissions polluantes. Le principe de base : 2 moteurs qui se complètent dans les domaines où ils sont le plus gourmands en énergie. L’électrique supplante le thermique pour les phases de décollage, la circulation à faible vitesse et les embouteillages. Le moteur essence prend le relais lors des fortes sollicitions.
À l’été 1994, le concept G21 était approuvé dans ses grandes lignes et en 1997 la première voiture de série à motorisation hybride-électrique au monde voyait le jour au Japon. La Prius était alors équipée d’un 1.5 essence et d’un moteur électrique affichant une puissance combinée de 70 ch. Sa commercialisation sur le marché européen interviendra en 2000.
Toyota Prius 1 Toyota Prius 2
« À l’époque, personne ne savait ce qu’était un véhicule hybride. Ceux qui la conduisaient passaient même parfois pour des geeks », confiait récemment Takeshi Uchiyamada, président du conseil d’administration de Toyota et ingénieur en chef de la Prius. C’est en 2004, lorsque le rendement a été nettement amélioré et que la prise de conscience écologique est devenue planétaire, que la japonaise a vu croître son intérêt auprès du grand public. Plus pratique et désormais dotée d’un hayon, elle colle davantage avec les besoins de la clientèle. De plus, le système hybride est devenu plus puissant et surtout moins gourmand en énergie. Autant d’atouts qui l’on fait devenir voiture européenne de l’année 2005 en Europe.
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Voyant les ventes décoller, le groupe renforce le développement de cette technologie sur les deux générations suivantes, avec en prime une version rechargeable, et étend son offre à plusieurs modèles de la gamme dont la Yaris, l’Auris, le Rav-4 et plus récemment le CH-R. « Nous sommes leaders de la production et des ventes d'hybrides en Europe. Les hybrides Toyota représentent plus de 70% des véhicules à motorisation alternative vendus sur le continent (hybrides, hybrides rechargeables, véhicules électriques) », explique Sébastien Grellier, directeur de la communication de Toyota France. Aujourd’hui, ce sont plus de 10 millions d’hybrides Toyota qui ont été vendus dans le monde et au total 33 modèles hybrides commercialisés dans plus de 90 pays. « Entre le dieselgate, la poussée des petits moteurs essence et le 100% électrique, les clients ne savent plus trop vers quoi se tourner aujourd’hui. Ce sont ces personnes qui viennent d’elles-mêmes trouver une solution chez nous ».
Un petit aperçu de la gamme hybride de Toyota en France avec de gauche à droite, la Yaris, le CH-R et le Rav-4
Aujourd’hui démocratisée, notamment avec des véhicules comme la Yaris (à partir de 19 650 €), la technologie hybride s’avère aussi économique pour certains utilisateurs. Une étude interne Toyota auprès de 70 000 clients dont les véhicules ont été équipés d’un boîtier a mis en lumière que plus de 50% des trajets étaient effectués en mode tout électrique, donc sans consommation d’essence ni émissions polluantes dont le CO2. Enfin, c’est aussi l’assurance (dans la majorité des cas) de ne pas être pénalisé par un malus écologique.
La contrepartie, c’est une conduite différente. En effet, le conducteur doit temporiser ses accélérations et apprivoiser « l’effet moulinette » de la boîte à variation continue CVT qui équipe la majorité des modèle hybride de chez Toyota. Passée cette « adaptation », le silence de fonctionnement, la souplesse d’usage et les économies réalisées à la pompe sont de sérieux arguments. Enfin, dans le groupe Toyota, il existe aussi des véhicules hybrides à consonnance sportive comme le nouveau coupé de Lexus, le LC500H qui associe un V6 essence à un moteur électrique pour une puissance combinée de 359 ch… aux roues arrière.
2017 marque une nouvelle étape dans l’objectif ambitieux, « défi environnemental 2050 », que s’est fixé le groupe japonais de réduire de 90 % les émissions de CO2 de son parc roulant d’ici à 2050. Le constructeur ambitionne de ne plus vendre de voitures fonctionnant uniquement aux carburants fossiles et de les remplacer d'ici à 2050 par des modèles hybrides, à pile à combustible ou employant une autre technologie écologique.
Et c’est avec la Mirai qui fait appel à l’hydrogène que Toyota compte bien rééditer le succès « Prius ». En pratique une pile à combustible génère de l’électricité par réaction entre l’oxygène de l’air et l’hydrogène de ses réservoirs, en ne rejetant que de la vapeur d’eau. En prime, le véhicule possède de sérieux avantages par rapport aux véhicules à batterie électrique : son autonomie bien supérieure - environ 500 km - et un temps de ravitaillement de 3 à 5 minutes seulement à la pompe à hydrogène. « Ainsi, le conducteur ne change pas ses habitudes d’usage par rapport à un véhicule thermique », explique Toyota. Le déploiement de la Mirai reste pour le moment balbutiant puisqu’il dépend avant tout de la maturité du marché de l’hydrogène, de sa production, des infrastructures de distribution, etc. L’objectif est de tendre vers la démocratisation des véhicules à pile à combustible dès 2020, avec un plan de déploiement mondial de plus de 30 000 unités par an à partir de 2020.
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