L'étrange remontada d'Opel
En affichant près de 20 % de hausse des ventes l'an passé, et en augmentant ses volumes depuis deux ans, la marque de Rüsselsheim retrouve le sourire. Mais le blitz revient de loin. Quelles sont les raisons de ce phénomène ?
En ces temps de frimas et de morosité, il est un coin d’Allemagne ou l’on a le sourire. C’est à Rüsselsheim sur les bords du Main que ça se passe. Et dans le fief d’Opel on savoure la remontada que la marque affiche depuis deux ans. C’est qu’au moment de l’entrée de la marque dans le groupe Stellantis, en 2017, lorsqu’il ne s’appelait que PSA, on ne donnait pas très cher de sa peau.
Et pourtant, six ans après la fusion, les voyants du blitz sont d’un vert aussi effronté que celui qu’arbore son petit SUV Mokka. La petite Corsa est la citadine la plus vendue en Allemagne et en Grande-Bretagne, et même sa version électrique, pas donnée, cartonne, toutes proportions gardées.
Un succès jamais vu depuis 2016
Sur le marché français, le carton est similaire. Les ventes ont progressé l’an passé, et ce pour la deuxième année consécutive, de 19,7 % dans un marché à la baisse pour les autres marques de Stellantis. Opel a écoulé 51 876 unités dans l’hexagone, du jamais vu depuis 2016.
Évidemment, on est loin des scores d’antan, des 100 000 autos vendues bon an mal an dans les années 90 – 2000. Mais de quoi Opel était-il le nom à cette époque-là ? Celui d’une marque que l’on choisissait par défaut. Pas un logo low cost mais presque, dont on savait que son design était passe-partout, que ses autos étaient trop lourdes, mais qu’elles étaient (à peu près) fiables, et surtout, qu’elles ne coûtaient pas très chères. Une recette à la Dacia avant l’heure.
Et puis PSA, avant Stellantis, est arrivé, raflant l’Allemand à General Motors (qui, pendant des décennies, vidait soigneusement les caisses d’Opel). Dès ce moment, la donne a changé, et le blitz s’est vu obligé de monter en gamme. Pas au niveau de Peugeot, mais presque. À la manière de Skoda vs Volkswagen.
Des plateformes communes plus tard sur toute la gamme et un changement complet de style plus loin, l’affaire est emballée et les acheteurs ont suivi le nouvel Opel, acceptant de payer plus cher l’ancienne marque bradée jusqu’alors.
Mais qu’est ce qui emballe ces nouveaux clients ? Il est évident que la comparaison avec Peugeot s’impose. Même si tous les acheteurs de Corsa ou d’Astra ne font pas le rapprochement de l’évident cousinage. Il n’empêche. Peut-être qu’Opel tient sa revanche sur le grand frère Lion : celle de la sagesse des lignes contre l’agressivité d’une 208 ou 308. Celle d’un intérieur plus classique, avec des planches sans i cockpit.
Il y aurait donc une clientèle qui ne serait pas attirée par le style bling-bling du Lion ? La preuve par les près de 20 % de ventes supplémentaires en France en 2022. La preuve aussi par une hausse bien supérieure à celle du marché. La preuve, enfin, par une progression des ventes des électriques Opel de 35 %.
Attention à la grosse tête
En fait, l’explication de ce succès du classicisme Opel est peut-être bête comme chou. Les acheteurs de voitures neuves ont tous, en moyenne, largement dépassé les 50 ans. Un âge où l’on se souvient d’un temps ou les calandres n’étaient pas gigantesques, ou des feux de jour à led en forme de griffe n’étaient pas indispensables. Un âge où l’on se contente d’une discrète touche de modernité apportée par la face avant Vizor des autos de Rüsselsheim.
Pour autant, et puisque l’on a osé comparer Opel et Skoda, Peugeot à Volkswagen, il est urgent de ne pas choper la grosse tête à Rüsselsheim. Attention au syndrome tchèque. Car l’inclinaison vers l’access premium de Mlada Boleslav est visible. Sa montée en gamme le rapproche dangereusement du cousin VW, au point d’empiéter sur ses plates-bandes. La preuve par la Superb, vendue, en entrée de gamme, plus chère que la Passat. Si Opel parvient à éviter cet écueil, il pourrait peut-être compter sur d’autres années aussi fructueuses que 2022.
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