"Le métier de Dacia, c'est d'être un peu en retard"
Champion des produits au juste prix, Dacia est un constructeur automobile plébiscité par les Français. Selon son directeur marketing, Sylvain Coursimault, avec qui Caradisiac s'est entretenu, la réussite de la marque réside notamment dans sa capacité à répondre aux aspirations de l'époque.
On n’arrête plus Dacia! Dans un marché français en progression de 15% au premier trimestre, le constructeur roumain a vu le nombre de ses immatriculations croître de près de 33%.
Il place ainsi quatre voitures dans le Top 20 des ventes hexagonales, en l’occurrence les Sandero, numéro 3 des ventes sur la période, Spring électrique (10ème rang), Duster (11ème) et Jogger (19ème).
C’est dans ce contexte porteur que Caradisiac a eu l’occasion d’échanger avec Sylvain Coursimault, directeur marketing Dacia France, lequel se félicite d’une dynamique qui permet à la marque d'être à la troisième place des ventes de véhicules particuliers.
L’occasion pour nous d’effectuer un bilan et de dresser des perspectives pour les mois à venir. Concernant les délais de livraison, question cruciale actuellement, pas trop de miracles à espérer dans l’immédiat : « pour une Sandero Stepway GPL Expression, modèle de cœur de gamme, il faut encore compter deux à trois mois. Pour Jogger, vous pouvez espérer une livraison en juillet si vous avez un peu de chance en commandant maintenant, mais ce sera plutôt septembre. »
"Les fournisseurs ne nous font pas de fleurs parce que nous sommes Dacia."
Un Jogger dont la version hybride, récemment essayée par Caradisiac, représente déjà un tiers des ventes malgré un prix de 24 600 € en entrée de gamme: « c’est cher pour Dacia, mais pas cher si vous considérez le marché. Vous avez une boîte automatique, de la puissance, et pouvez rouler jusqu’à 80% du temps en électrique en circulation urbaine. »
Et Sylvain Coursimault de se féliciter de ce que l’auto ouvre Dacia à de nouveaux clients : « on attire avec Jogger des gens qu’on n’avait pas avant. »
Cette montée en gamme de Dacia s’observe notamment avec le Duster, dont on rappelle qu’il s’affichait à 11 900 € lors de son lancement en 2010, contre 17 900 € aujourd’hui. « On ne vend plus les versions Access », répond Sylvain Coursimault. « Attention, on ne renie pas nos origines. Nous sommes nés par le low-cost, mais aujourd’hui nous voulons être les champions du rapport prix/prestation. L’essentialité d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier ou de demain. Aujourd’hui, on ne vend plus un véhicule sans climatisation, par exemple. D’autre part, il faut avoir à l’esprit que cette hausse des tarifs s’inscrit dans un contexte d’augmentation du cours des matières premières. Les fournisseurs ne nous font pas de fleurs parce que nous sommes Dacia. Alors, oui, cela se traduit par des hausses plus dynamiques que nos habitudes, mais la bonne nouvelle est que les indicateurs semblent plutôt aller en se calmant. »
"La Sandero à 99 € par mois, je vous la fais dès demain...mais avec un apport !"
D’autre part, l’effet des hausses des tarifs se voit atténué par des formules de financement attractives : « 42% des ventes à particuliers se font à travers des contrats locatifs, essentiellement des locations avec option d’achat », précise Sylvain Coursimault.
Et si le pourcentage de location apparaît plus bas que la moyenne des constructeurs, il n’en demeure pas moins que ces offres sont compétitives, car sans premier loyer majoré. « La Sandero à 99 € par mois, je vous la fais dès demain...mais avec un apport ! »
Autre moteur de croissance, la citadine électrique Spring, dont notre interlocuteur se félicite de ce qu’elle « déverrouille l’électrique. C’est le seul modèle zéro émission dont les tarifs peuvent se comparer à ceux d’un véhicule thermique. »
35 km par jour pour la Spring
Et de préciser que grâce aux datas récupérées sur les véhicules en circulation, la marque observe que leurs possesseurs effectuent en moyenne 35 km par jour, et procèdent à deux recharges hebdomadaires. « Par contre, il faut l’acheter en connaissance de cause. Récemment, une de nos vendeuses a déconseillé à une cliente d’acheter une Spring car elle habite à 90 km de son lieu de travail où elle ne dispose pas d’un point de charge. On peut assurer l'aller-retour avec les 230 km d’autonomie, mais dans les faits il faut se garder une marge. Cela peut varier en fonction des températures, de la topographie de la route ou de la circulation. Dans un cas comme celui de cette cliente, une Spring ne correspond pas aux véritables besoins et il faut se tourner vers un autre modèle. » Comme la Sandero, exemple pas pris au hasard.
Difficile en revanche d’obtenir des infos sur les prochaines nouveautés de la marque. Le Duster sera le prochain véhicule remplacé, et il faut s’attendre à l’apparition de mécaniques hybrides sous son capot.
De même, pourraient apparaître des matériaux recyclés inspirés de l’alliage de liège et de pneus recyclés tels que ceux dévoilés sur le Manifesto, le concept-car de la marque au salon de Paris : « le Manifesto est un laboratoire d’idées », résume Sylvain Coursimault. « Notre but est de faire de l’essentiel, ce qui n’est pas la même chose que faire du boring » (ennuyeux, NDLR). Et ça marche, avec 7 clients sur 10 qui restent fidèles à la marque.
De même, inutile de s’attendre à l’apparition d’équipements high tech en avant-première : « au sein du groupe, Dacia n’a pas vocation à porter l’innovation. Ça, c’est le rôle de Renault. Dacia est une marque contemporaine, et c'est un mot que j’aime beaucoup. Il signifie que Dacia est une marque qui vit avec son temps. D'une certaine façon, notre métier, c’est d’être un peu en retard ! »
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