La Peugeot 505, taxi à New-York : un coup fumant, mais….
Au tournant des années 80, Peugeot remporte un appel d’offre pour équiper New York et Los Angeles en taxis, des 505. Un succès qui sera malheureusement éphémère.
Dérivant de la 504 qu’elle est appelée à remplacer dès 1979, la Peugeot 505 sera un succès… surtout en France. Pourtant, le constructeur de Sochaux n’a pas ménagé ses efforts pour la vendre à l’étranger, notamment aux Etats-Unis. Il faut dire que sa familiale est l’une des premières de sa catégorie à s’équiper d’un moteur turbo-diesel, performant et économique.
Ce dernier point permettra à Peugeot de remporter un appel d’offre en 1979, émis pour renouveler une partie de la flotte des taxis à New-York et Los Angeles, où sévissent les antiques Checker. Le contrat prévoit la livraison de 600 berlines 505 pour chacune des deux villes. Soit 1 200 voitures, ce qu’on présente un peu hâtivement comme « le contrat du siècle ».
Les autos s’équipent donc du 2,3 l turbo-diesel Indenor développant 80 ch, et s'attelant à une boîte automatique. Son argument-massue est la consommation, annoncée officiellement à 27 mpg, soit 8,7 l/100 km. Celle des concurrentes à moteur V8 est estimée à 16 mpg (14,7 l/100 km) dans la plaquette publicitaire de Peugeot.
Celui-ci ne cache pas que sa 505 coûte bien plus cher à l’achat que la moyenne de ses rivales (13 000 $ contre 8 700 $), mais estime que ce surcoût sera largement compensé par la moindre consommation. A l’en croire, sa 505 permettrait d’économiser 70 $ par semaine. Intéressant, mais à condition de rouler 160 000 km/an.
Les 1 200 voitures vendues valent à Peugeot de belles retombées médiatiques, qui favoriseront la vente des 505 au grand public américain. Celui-ci en achètera près de 15 000 en 1982. A New York, le succès semble se confirmer, les commandes atteignant le chiffre de 850. La seconde crise pétrolière qui sévit alors favorise la sochalienne !
Seulement, ça ne va pas durer. A New York, la vie des 505 jaunes n’est pas rose, et les taxis qui espéraient de substantielles économies vont vite déchanter. Déjà, la clientèle ne l’apprécie pas, la considérant trop petite. De sorte qu’en la voyant arriver, certains refusent d’y prendre place ! Effectivement, la 505 ne peut accueillir que deux passagers arrière, alors qu’on peut s’entasser à trois ou quatre dans une Chevrolet Caprice ou une Ford LTD. Une perte conséquente pour les opérateurs de la Peugeot !
Ensuite, les pompes de gasoil ne sont pas si nombreuses dans la Big Apple. Conséquence, les 505 s’entassent dans les stations, et font perdre du temps, donc de l’argent, aux chauffeurs. Enfin, et surtout, contrairement à ses rivales, la 505 ne résiste pas au piètre état des rues ni à la violence de la circulation, sans compter l’énorme amplitude thermique qui sévit dans la mégalopole. La Peugeot n’a simplement pas été conçue pour ça !
Si on ajoute que les pièces détachées sont chères et pas toujours disponibles, on comprend que les chauffeurs se débarrassent prématurément de leur 505 et reviennent aux bonnes grosses américaines à moteur V8. Ainsi que le montrera plus tard Crocodile Dundee, on peut être à l'aise dans la brousse et totalement à la rue dans la jungle de New York...
En 1983, le durcissement des lois antipollution scelle le sort de la française à moteur diesel aux USA, et Peugeot a beau proposer un moteur essence aux taxis, rien n’y fera. Le constructeur aurait peut-être dû limiter son offre à la 505 familiale, forte de 7 places et d’un essieu arrière rigide, bien plus solide que le train indépendant de la berline.
Le succès de la Toyota Prius, 20 ans plus tard, auprès de taxis de New York, montre qu’une voiture économique y a sa place. Encore faut-il qu’elle soit adaptée, fiable et dotée d’un bon suivi en après-vente…
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