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Paris fermé aux vieilles voitures : une mesure très gauche

Cette interdiction de circuler à Paris pour les vieilles voitures et vieilles motos, plus j'y pense, plus ça me choque. Et plus je creuse le sujet, plus ça m'apparaît comme une authentique fumisterie.

Paris fermé aux vieilles voitures : une mesure très gauche

Le 1er juillet, quand l'interdiction est entrée en vigueur à Paris, je me promenais entre Limousin et Sud-Ouest, entre famille et amis. Tous m'en ont parlé, Tous sont choqués, interloqués. Paris, ils n'y vont pas tous les mois, et souvent même pas toutes les années. Mais ils y vont, ou plutôt ils y allaient, avec leur voiture souvent plus toute jeune : emménager-déménager une chambre d'étudiant, aller au spectacle, à une fête de famille ou tout simplement et visiter la capitale de leur pays, la montrer à leurs gamins.

Ils pourront y aller en train ? Et pourquoi pas en avion ? Vous savez ce que ça coûte un aller-retour à cinq depuis Toulouse ou Bayonne ?

Car si la mesure n'affecte que très peu de Parisiens (moins de 5 % des voitures parisiennes sont concernées) et même de Franciliens, passées les bornes de l'Ile de France, des voitures de 20 ans et plus on en voit, et pas qu'un peu. Dans toutes les campagnes et bourgades pas trop prospères ou un Smic fait figure de salaire correct, elles sont même majoritaires. J'ai du mal à réaliser que tous ces gens ne sont plus autorisés à fréquenter les mêmes boulevards et avenues que moi. Et eux aussi peinent à y croire : c'est une municipalité socialiste qui leur ferme ses portes à eux et à leurs autos de smicard.

 

Une toute petite exception pour les gens de goût

Paris fermé aux vieilles voitures : une mesure très gauche

Le comble de l'écœurement m'a saisi au retour en apprenant que les voitures dites "de collection" ont été in extremis exemptées de vignette et donc pourront circuler. Non pas qu'elles polluent moins - au contraire, bien plus -, c'est juste qu'elles ne sentent pas la bouse et les fins de mois difficiles. On aurait voulu faire comprendre au petit peuple que ce ne sont pas les nuisances aériennes de leurs vieilleries que l'on chasse de la ville lumière, mais la pollution visuelle qu'elles constituent, on ne s'y serait pas pris autrement. C'est tellement chic une "vraie" Mini, une Lancia Fulvia, un coupé BMW 3.0 CSL, une DS, une 504, une 4L, une 2CV et même une R5… Le parigot n'aime pas les autos, sauf celles qui lui rappellent le bon temps, quand c'était mieux avant.

Moralité, si votre ZX dûment catalysée de 95 est prohibée, trouvez une GS qui carbure ses 12 litres aux cent. Côté moto, si votre increvable BMW R 1100 n'est plus autorisée - ce qui est ballot car la plupart ont un catalyseur -  vous pourrez la remplacer par une fumante Yamaha 350 RD qui sent bon l'huile 2T. C'est crétin ? Non c'est politique et cela ressort de la même logique qui veut qu'au titre de la conservation du patrimoine, les véhicules de collection n'entrent pas en compte dans le calcul de l'impôt sur la fortune.

On n'allait quand même pas mettre dans le même sac le plouc nordiste et l'esthète germanopratin qui conserve du patrimoine.

Paris fermé aux vieilles voitures : une mesure très gauche
Paris fermé aux vieilles voitures : une mesure très gauche

 

Un mensonge scientifique pour une monstruosité politique

Cette monstruosité sociale et politique n'aura hélas aucun impact sur le fond de l'air citadin car l'axiome répété partout "80 % de la pollution est émis par les 20 % de véhicules les plus anciens" est au mieux une bourde scientifique, au pire un mensonge éhonté. Voici pourquoi :

- Les diesels d'avant 1997 sont quasi exclusivement tous de technologie basse pression d'injection, antérieurs au common rail et à l'injecteur pompe. Ils recrachent par conséquent "naturellement" peu de Nox et leurs particules bien plus grosses (au-delà de PM 10) que celles des diesels ultérieurs (PM 2,5) sont plus facilement arrêtées par les défenses naturelles de l'organisme. D'autant que ces vieux diesels ne sont quasiment jamais équipés du pot d'oxydation rendu obligatoire en 1997, une aberration technique qui réduit la taille des particules, ce qui les rend plus dangereuses, et qui en élevant la température d'échappement augmente considérablement la production d'oxydes d'azote. Au point que la mairie de Londres a fait retirer tous ceux qui équipaient ses autobus.

- Les moteurs essence d'avant 1997 sont majoritairement équipés d'un pot catalytique, obligatoire sur les moteurs de plus de 2 l depuis 1989 et sur tous les autres depuis 1993. Quand bien même ils ne le seraient pas, les polluants qu'ils émettraient sont principalement du monoxyde de carbone (CO) et des hydrocarbures imbrûlés (HC). Ces deux polluants devenus marginaux dans les villes occidentales ne posent plus aucun problème sanitaire depuis des lustres. Ce sont les NOx et les particules ultra-fines émis par les diesels modernes qui menacent notre santé, provoquent crises d'asthme, difficultés respiratoires et accidents vasculaires.

- Même commentaire pour les motos d'avant juin 1999, certes très rarement catalysées mais jamais…. diésélisées. Rappelons aussi que le moteur 4 temps d'une Honda 750 de 1998 pollue moins que les monocylindre 2 temps des scooters bas de gamme dont vient de s'équiper la préfecture de police de Paris.

 

On ne peut rien faire ? Faisons un coup politique !

La triste vérité, c'est que du point de vue automobile, il n'y a rien à faire pour dépolluer l'Ile de France et les métropoles françaises d'ici dix ans au moins. Le gros de la pollution aux oxydes d'azote et aux particules fines et ultrafines des moteurs est le fait des diesels "modernes" d'après 1997, et notamment de ces centaines de milliers qui ont été vendus à coups de bonus environnemental de 2008 à 2014. Des voitures qui n'ont pas fini d'encombrer les centres-villes et qu'aucun politicien n'osera interdire avant longtemps.

Toute la presse automobile l'a répété en vain : promouvoir ces petits diesels dépourvus de système de dépollution était un crime contre la santé des citadins. Un crime qui a par ailleurs coûté un milliard et demi d'euros aux finances de l'Etat. Si la part de marché du diesel a augmenté de 15 points en France durant ces années de bonus-malus, elle a augmenté de 30 points dans les grandes villes où le diesel était auparavant minoritaire. On sait en outre depuis le scandale Volkswagen et ses ricochets chez Renault et Opel qu'une bonne part des diesels récents, censés être correctement dépollués, le sont en fait très mal et cela depuis des années.

La Mairie de Paris et celles des grandes villes françaises savent qu'il n'y a rien à espérer, qu'il faut patienter, attendre le renouvellement du parc. Mais cette position est intenable face aux associations, aux électeurs, à l'Europe même qui menace la France de sanctions. Bref, il fallait faire quelque chose et de préférence qui fasse du bruit. Une mesure choquante et inique par exemple… 

 

 

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