Prise en mains – Audi RS e-tron GT : la première RS électrique est l'Audi la plus puissante de son histoire
Ce nouveau modèle a une charge bien lourde à porter : c'est en effet non seulement la première RS de série à ne pas avoir du sans-plomb comme régime alimentaire strict, mais c'est aussi la plus puissante voiture produite pour la route par Audi de toute son histoire. Nous en avons pris le volant pour la première fois dans la région de Reims pour découvrir si la RS e-tron GT est à la hauteur des attentes.
En bref
La première RS électrique
La plus puissante Audi de l'histoire
A partir de 140 700 €
Ce n'est pas la première fois que nous avons l'occasion de prendre le volant d'une sportive aux anneaux survoltée. Mais il faut remonter à longtemps. C'était en 2010 et cela n'avait pas été extrêmement concluant, comme le laisse entendre de façon peu subtile le titre de notre compte rendu de l'époque : « le moteur à explosion a encore de beaux jours devant lui ». Il faut dire que l'Audi R8 e-tron, à l'époque un concept dont la commercialisation était promise deux ans plus tard, présentait certaines caractéristiques dignes d'une citadine électrique d'aujourd'hui, et pas la meilleure. À commencer par la capacité de ses 550 kg de batterie lithium-ion avouant 53 kWh dont seulement 43 utiles rechargeables en six à huit heures, ce qui donnait une hypothétique autonomie de 250 km selon le cycle NEDC dont on serait content d'atteindre seulement la moitié en ne prélevant qu'une infime partie des 313 ch et 600 Nm produits conjointement par les quatre moteurs, un par roue. Les performances n'avaient non plus rien d'ébouriffantes, avec 4,8 s nécessaires pour emmener les 1 600 kg de l'ensemble de 0 à 100 km/h et 200 km/h en pointe.
Difficile de ne pas tomber sous le charme de la ligne de l'Audi RS etron GT.
De 0 à 80 % de charge
en 22 minutes
Et prendre le volant en 2021 de sa descendante sous forme de berline, la RS e-tron GT, permet de constater les progrès absolument colossaux réalisés dans le domaine de l'électrique en 11 ans. Le pack de batterie lithium-ion 800 V pèse 630 kg, soit 80 kg de plus, mais sa capacité est de 93,4 kWh, dont 83,7 utiles. Quasiment le double, tout comme l'autonomie annoncée de 472 km selon le bien plus sévère cycle WLTP ! Question recharge, c'est tout simplement ce qu'on fait de mieux sur le marché actuellement : il peut en effet encaisser jusqu'à 22 kW en courant alternatif et 270 kW en courant continu, ce qui donne un temps minimum pour passer de 0 à 80 % de 22 minutes. Le nombre de moteurs a été divisé par deux, un par train de roues, mais leurs efforts combinés produisent 598 ch et même 650 ch avec le boost, ainsi que 830 Nm de couple instantané, transmis jusqu'au sol via une boîte de vitesses à deux rapports afin de préserver l'autonomie sur autoroute. Les 2 342 kg de l'ensemble sont vigoureusement déplacés de l'arrêt à une vitesse à trois chiffres en 3,3 s avec une vitesse maxi limitée à 250 km/h.
Oui, l'Audi RS etron GT fait bien partie de cette fameuse catégorie des "berlines/coupés" appelée aussi "coupé quatre portes".
Mais la plus grosse différence entre la R8 e-tron et la RS e-tron GT est que la seconde est véritablement commercialisée contre 140 700 €, avec des commandes déjà ouvertes et les premières livraisons prévues en avril, une version plus accessible e-tron GT de 476 ch et à la batterie identique s'affichant à partir de 101 500 €. D'autres modèles propulsions moins chers encore verront le jour plus tard.
En matière de recharge, l'Audi RS etron GT fait partie de ce qu'on fait de mieux aujourd'hui, que ce soit en courant alternatif ou en courant continu.
On aurait vite tendance à résumer les raisons de l'existence de cette Audi e-tron GT en la neccesité de proposer une version plus accessible de la Porsche Taycan, affichée à partir de 156 334 € pour le modèle le plus proche. Et mécaniquement, c'est effectivement difficile à contredire, les deux étant basées sur la même plateforme J1 et piochant dans les mêmes stocks de moteurs et de batteries.
Juste une Porsche Taycan
recarrossée ?
Esthétiquement par contre, impossible de soupçonner le lien de parenté. La ligne de la citoyenne de Stuttgart semble faire l'unanimité, une véritable sculpture sur roues qui a su parfaitement adapter les codes stylistiques de la marque sur une berline. Mais sa sœur d'Ingolstadt n'a pas à rougir de la comparaison. En la découvrant ce jour-là pour la première fois sous les projecteurs du Centre des Congrès de Reims, difficile de ne pas prendre quelques secondes pour admirer l'engin avant de monter à bord. Comme pour la Porsche, on retrouve les traditionnels codes d'Audi dans une version modernisée : la calandre Singleframe est inversée, reprenant la couleur de la carrosserie, et les passages de roues façon Quattro se distinguent au premier coup d'œil mais tiennent plus du relief d'un muscle que d'une extension d'aile intégrée, contrastant avec les flancs creusés. Les projecteurs avant reprennent le regard classique des véhicules aux quatre anneaux avec toutefois une signature LED en X et la barre de feu arrière s'étend sur toute la poupe. Une vraie réussite qui a été dictée, on nous le promet, avant tout par la soufflerie, la forme servant la fonction, avec un cx final de 0,24.
L'intérieur est plus classique. Deux adultes peuvent prendre place à l'arrière, avec de la place aux genoux, un peu moins à la tête.
L'intérieur est plus classique. Commençons par les places arrière, cette RS e-tron GT se réclamant de la catégorie oxymorique des coupés quatre portes. Avec une telle chute de toit, la place est évidemment comptée au niveau de la tête mais pas autant que l'on pourrait le craindre : on est loin de la punition, même pour un adulte. Constat similaire pour les genoux grâce à l'implantation en T de la batterie qui permet un plancher plus bas qu'à l'avant. Et c'est maintenant là, aux commandes, qu'il faut se rendre. Sur notre modèle d'essai, la planche de bord semble se partager entre écrans, fibre de carbone, alcantara et cuir, formant un cocktail équilibré entre sportivité et luxe à la finition irréprochable. Et une sellerie entièrement vegan réalisée en matériaux 100 % recyclés est aussi disponible pour les clients les plus sensibles à l'environnement.
Couple instantané, centre de gravité très bas et roues arrière directrices font totalement oublier la taille et la masse conséquentes de l'Audi.
Que donne non seulement la première RS électrique mais aussi l'Audi la plus puissante de l'histoire de la marque ? Les premières secondes sont loin d'être spectaculaires, puisque cela commence par des manœuvres pour sortir des lieux, ce qui met les nerfs à rude épreuve quand on est au volant d'une berline tutoyant les cinq mètres de long et les deux mètres de large et aux surfaces vitrées pour le moins réduites. Mais le stress s'évacue dès la première avenue empruntée. En mode Eco pour commencer, la RS e-tron GT se montre d'un très grand confort, les suspensions pneumatiques se chargeant de stopper avec talent les imperfections de la route que les magnifiques mais colossales jantes de 20 pouces souhaiteraient faire remonter jusque de l'habitacle et l'insonorisation n'ayant qu'à se focaliser sur les bruits d'air et de roulement.
Des accélérations moins intenses
mais qui s'essoufflent moins vite
que dans une Tesla
Nous sortons alors de Reims et il est alors temps d'emprunter les petites routes serpentant entre les vignes, où le mode Sport est alors de rigueur. Petit test d'accélération en ligne droite : les 650 chevaux sont là, et bien là, mais se montrent polis et disciplinés. On n'a pas l'impression d'être aux commandes d'un X Wing passant en hyperespace, avec la vision qui se brouille, comme savent si bien le faire les Tesla Model S les plus puissantes, mais si la poussée se montre moins intense, elle semble aussi s'essouffler moins vite. Au premier virage cependant, l'Audi électrique fait honneur à ses ancêtres à cinq cylindres en se montrant plus dynamique que l'américaine. Le couple instantané, le centre de gravité proche de celui d'une R8 et les roues arrière directrices jusqu'à 2,8 degrés font très vite oublier non seulement les dimensions mais aussi la masse de l'ensemble et le RS e-tron GT se révèle être un outil particulièrement efficace pour se téléporter d'un point A à un point B, avec un degré de confort supérieur à celui de la Taycan qui garde cependant un petit avantage en matière de dynamisme, grâce à une direction se montrant plus informative. Un défaut tempère cependant les excès d'enthousiasme : selon le mode choisi, la hauteur de caisse peut varier de 42 mm et, quand elle est à son plus bas, la lame avant frotte douloureusement même sur la plus anecdotique des bosses.
La RS e-tron GT est plus typée confort que la Porsche Taycan mais se montre tout de même diaboliquement efficace.
Et l'autonomie ?
Cette RS mérite donc son blason mais, étant un véhicule électrique, doit aussi faire ses preuves en matière d'efficience. Pour prolonger l'autonomie, elle dispose de ce que l'on fait de mieux dans le domaine : une excellente roue libre avant tout, car avant de vouloir récupérer de l'énergie, il faut en dépenser le moins possible, et des palettes au volant pour régler la régénération. Malheureusement, si les bases sont là, les niveaux de cette dernière se limitent à seulement deux, se révèlant beaucoup trop proches en intensité pour être véritablement utiles, et le plus élevé est très loin d'être assez puissant pour être véritablement efficace. Combien de kilomètre peut-on espérer faire en une charge en tempérant son enthousiasme sur un parcours mixte ? Environ 350 km semblent être une bonne estimation après avoir réalisé une centaine de kilomètres à son volant, ce qui n'est pas vraiment transcendant. Une petite phase d'écoconduite poussée (dans une RS, quelle ignominie !) laisse penser qu'il est peut-être possible d'atteindre le chiffre de la norme WLTP pour les plus motivés mais qu'il sera probablement compliqué de le dépasser.
Au moment de rendre les clés après un temps trop court, il paraît évident qu'Audi a su insuffler une véritable personnalité dans cette RS e-tron GT, parvenant à réaliser une recette différente avec les mêmes ingrédients que la Taycan. Force est aussi de constater que le plaisir automobile n'est pas mort : il évolue.
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