Renault Grand Kangoo : fils spirituel de l'Espace (le vrai) - Prise en main vidéo
Près de 3 ans après la présentation de la "courte", Renault présente la version longue de son ludospace, baptisée "Grand Kangoo". Piqué aux stéroïdes, il grandit de 43 cm, et propose du coup un volume record, tandis que sa modularité poussée fait de lui un digne héritier du (vrai) Espace, ce qui n'est pas le cas de l'Espace actuel lui-même... Voici pour vous une prise en main de la version 1.3 TCe dotée de la boîte EDC.
Il aura fallu attendre 14 ans avant que la seconde génération de Kangoo, plus que vieillissante, soit remplacée par une troisième génération qui a comblé de belle manière son retard face aux derniers Peugeot Rifter ou Citroën Berlingo, ses principaux rivaux.
Presque trois ans de patience ont été nécessaires encore, avant que Renault présente aujourd'hui la version rallongée, baptisée toujours "Grand Kangoo". Et le terme rallongée n'est ici pas galvaudé. En effet, le Grand Kangoo mesure 4,91 m de long, ce qui en fait un bon gros bébé. C'est 43 cm de plus que la version courte ! Et même 23 cm de plus que le précédent grand Kangoo (4,68 m), ou 19 cm de plus que l'actuel Espace. Énorme ! Mais nous verrons que si cela grève la maniabilité et la facilité de parking, cela permet une habitabilité et un volume de coffre record.
Etiré, mais équilibré
Esthétiquement, toute la partie avant est identique au Kangoo court, pas de surprise. Elle présente un design bien plus moderne que la précédente génération. Grande calandre avec logo enchâssé dedans (c'est encore l'ancien sur notre version d'essai, mais le nouveau sera présent à la commercialisation officielle), signature lumineuse des feux de jour en forme de C, à l'avant comme à l'arrière, capot nervuré, il n'a pas à rougir de la comparaison avec les rivaux chez Peugeot ou Citroën, ou même Volkswagen (le Caddy).
Mais il est bien sûr très allongé visuellement. Par chance, Renault a eu la bonne idée de ne pas rallonger seulement le porte-à-faux arrière, ce qui mène souvent à un style déséquilibré et un effet "sac à dos" marqué. Au contraire, l'empattement a été très largement majoré, de 38 cm exactement, ce qui est là encore énorme.
Du coup, les roues sont toujours reléguées aux quatre coins, ce qui équilibre le profil. Le Grand Kangoo n'a donc pas (trop) l'air d'une bétaillère rallongée à la va-vite. Les deux portes coulissantes ont elles aussi été étirées, de 18 cm, pour offrir une ouverture de 83 cm de large désormais. Les concurrents, eux, gardent la même taille de porte coulissante pour leur version courte ou longue, ce qui n'améliore pas l'accessibilité.
Justement, les concurrents, le Citroën Berlingo XL, ou le Peugeot Rifter Long (et le cousin Toyota Proace City Verso), sont plus courts (4,75 m) et ont été moins rallongés que lui (+ 35 cm) et leur empattement n'a pas autant grandi (+ 19 cm). Le Volkswagen Caddy Maxi fait 4,85 m. C'est donc le Renault le plus "gros porteur" sur le marché.
Des volumes de chargement records
Et les volumes de chargement sont logiquement à l'avenant. En configuration 7 places, il propose déjà 500 litres, ce qui est mieux que toutes les berlines compactes, voire que certaines familiales. Et mieux que les 320 litres des rivaux franco-japonais, ou 456 litres du VW. En ôtant les sièges de 3e rangée, en configuration 5 places donc, il dispose de 1 340 litres, contre 1 050 pour ses rivaux tricolores et 1 720 pour le Caddy (mais c'est jusqu'au pavillon, et non sous tablette).
Enfin, tous sièges retirés, le Kangoo long offre 3 750 litres en tout, contre 3 105 pour le Caddy Maxi, et 4 000 litres pour les Berlingo, Rifter ou Proace, mais ces derniers comptent un volume au-dessus du siège passager repliable. En réalité, le Kangoo est donc le plus volumineux. Il propose aussi la plus grande longueur de chargement. En prenant l'option siège passager rabattable en tablette (100 € sur le modèle court), on peut disposer de 3,11 m de long. Oui, la planche de surf passe sans problème.
Mais ce n'est pas tout. Car la modularité est aussi exceptionnelle. Le seul bémol est qu'il faudra avoir un endroit pour stocker les sièges si jamais on les enlève. Et ils pèsent leur poids, avec 24 kg pièce. Ça fera un peu de muscu gratuite. Mais ils sont tous les cinq : indépendants, coulissants, repliables en tablette, repliable en portefeuille, et amovibles. On peut de plus régler le dossier sur 2 inclinaisons. La 3e rangée peut même servir pour plus qu'un dépannage. On y est bien installé, avec de la place aux genoux, en largeur, des accoudoirs, des porte-gobelets et même une prise allume-cigare. En prime, l'accès est facilité par la large porte coulissante et la bonne hauteur sous pavillon. Pas si courant, surtout pas dans le nouvel Espace, où il faut se contorsionner pour accéder à un troisième rang très étriqué... Ici, c'est grand luxe, comparativement.
On peut aussi aménager l'habitacle en configuration 2-3-2 pour avoir 7 places, ou 2-2-2 pour ne garder que 6 places et beaucoup d'aisance aux coudes pour les passagers de 2e rangée.
Tout cela fait furieusement penser à ce qu'il était possible de faire avec l'Espace. Pas l'actuel, qui n'est qu'un SUV compact rallongé. Pas même le précédent qui avait déjà mué en crossover. Non, nous parlons bien des "vrais" Espace, ceux de la première à la quatrième génération. Il manque juste au grand Kangoo des rails pour positionner les sièges à n'importe quel endroit, ou des fauteuils avant pivotants... Mais pour nous, ce Grand Kangoo est bien leur digne fils spirituel.
Une troisième génération de Kangoo à la page
Après avoir passé du temps sur cet aspect modularité, revenons au Kangoo en lui-même, rappelons-le présenté en 2021 en version courte. Largement amélioré par rapport au deuxième opus, qui en avait bien besoin après une si longue carrière, il présente aujourd'hui plutôt bien pour un modèle basique et dérivé d'utilitaire.
Le dessin de la planche de bord est bien plus moderne, et si la qualité des matériaux est quelconque, avec des plastiques durs absolument partout (les concurrents ne font pas mieux), c'est visuellement très correct et l'ergonomie ne souffre aucun reproche. Les commandes de climatisation sont séparées de la tablette, ce qui est une bonne chose. Et cette dernière est idéalement placée en haut de la planche de bord. Elle n'intègre pas le dernier système d'exploitation de Renault mais le précédent Easylink. Il est assez vieillot visuellement, mais reste suffisamment fluide pour une utilisation quotidienne. Bon plan pour la présence d'Android Auto et Apple Carplay. C'est assez austère malgré le bandeau en plaqué bois, mais sérieusement fabriqué.
Véritable veste de pêcheur à la mouche, le Kangoo propose aussi de nombreux rangements. Le volume total des espaces (bacs de portière, haut de planche de bord, capucine au niveau du pavillon, boîte à gant tiroir, coffres au pied des passagers de deuxième rangée, etc.) est de 58 litres. Mention moyen pour le support de smartphone intégré à gauche de l'instrumentation, car il est en option à 100 €, c'est un peu mesquin.
L'équipement, s'il n'a rien de révolutionnaire, est également à la page. On ne connaît pas encore la structure de gamme de ce Grand Kangoo, mais il y a fort à parier qu'elle se rapprochera de celle de la version courte, avec pour seule spécificité les sièges indépendants. On disposera donc en haut de gamme de l'accès et démarrage mains-libres, des feux à LED, de la climatisation bi-zone, du freinage d'urgence automatique avec détection piéton, des vitres électriques arrière, de la caméra de recul, de l'écran multimédia 8 pouces tactile, du cluster numérique 4,2 pouces au milieu de l'instrumentation, du régulateur/limiteur de vitesse, etc. Une dotation conforme à ce qui se pratique dans la catégorie. On pourra même en option s'équiper de la conduite autonome de niveau 2, du chargeur à induction, ou de la navigation.
Confortable et bien insonorisé, mais gourmand et peu agile
Venons-en (enfin !) aux aspects techniques et à la conduite. Le Grand Kangoo ne sera pas proposé avec le petit moteur essence 1.3 TCe 100 ch, ni avec le plus puissant diesel 1.5 dCi 115 ch. Il reprend par contre le 1.5 dCi 95 ch, et le moteur électrique de la version e-Tech. Ce dernier offre 122 ch, une batterie de 45 kWh de capacité et une autonomie en parcours mixte WLTP de 245 km, soit 20 km de moins que la version courte.
Mais notre modèle d'essai est doté du plus puissant des blocs essence, le 1.3 TCe 130 ch, marié à la boîte manuelle pilotée à double embrayage EDC 7 rapports. Une alternative moins chère à boîte mécanique 6 rapports existe.
Les caractéristiques techniques ne sont pas officielles, mais ne devraient pas s'éloigner de celles de la version courte, même si les performances devraient régresser, en même temps que le poids augmente. 43 cm de plus, ça doit peser...
En tout état de cause, le Grand Kangoo coche pas mal de qualités, au premier rang desquelles un réel confort de suspension, et une bonne insonorisation du compartiment moteur. Seuls quelques bruits d'airs apparaissent, à partir de 120/125 km/h, sans que cela soit vraiment gênant.
La direction est suffisamment consistante, elle opère sur un train avant assez précis, mais qui remonte peu d'informations. Quand le rythme s'accélère, ce qui n'a pas pu être beaucoup le cas vu les conditions climatiques de notre essai, froides et neigeuses, on note que la caisse prend du roulis, mais pas exagérément. Disons que ça aurait pu être pire, vu la hauteur de l'engin et la souplesse des suspensions.
Le freinage est sans reproche de son côté, tandis que l'agrément de conduite général est mis en valeur par la boîte EDC7, qui est très douce dans son fonctionnement, et qui ne présente aucun à-coup en conduite routière et autoroutière. C'est moins le cas en ville dans les embouteillages, où elle est moins à l'aise et où apparaissent quelques bruits et petits heurts de la transmission. Le stop and start est discret et ne donne pas envie de le désactiver, ce qui n'est pas si courant.
Les performances, elles, n'apparaissent pas comme particulièrement brillantes. Sans chiffres pour objectiver cela, on peut seulement dire que les 130 ch et 240 Nm de couple sont assez placides. On est plus côté Percheron que pur-sang arabe, mais c'est suffisant au quotidien. Le mode de conduit Sport donne un peu de dynamisme en conservant un rapport supérieur en tout temps. Il est clair qu'avec 7 personnes à bord, plus des bagages, on aura le sentiment qu'il ne fallait pas moins.
Cela s'accompagne de deux réels points faibles. Premièrement une maniabilité dégradée. Logique vu l'accroissement de l'empattement. Le diamètre de braquage (non communiqué à date) semble avoir largement augmenté, et rend les manœuvres plus compliquées. Et il faut veiller aux bordures de trottoirs sur les virages serrés à droite. Deuxièmement, la consommation nous est apparue bien élevée.
Alors certes, le véhicule était quasi neuf (1 300 km) et donc encore en rodage, mais le chiffre de 10 litres/100 km en moyenne calculée (9,6 litres à l'ODB) nous a défavorablement impressionnés. Dans les meilleures conditions, sur routes départementales, on peut descendre à 7,5 litres mais guère moins. En ville, la consommation s'envole à plus de 12 litres. Des chiffres qui diminueront probablement dans le temps, c'est à espérer, car rappelons que le 1.5 dCi 95 ch nous avait gratifié d'à peine plus de 6 litres sur la version courte, ce qui donne un coût d'utilisation bien plus faible.
Des prix a priori contenus
Enfin terminons avec les prix, ou plutôt leur estimation, sachant qu'ils ne seront communiqués par Renault que fin mars/début avril au plus tôt. Sachant que la version courte démarre à 27 600 € en 1.5 dCi 95 en finition équilibre, 27 400 € pour le 1.3 TCe 130 BVM6 et que sur l'ancien Kangoo, l'écart de prix entre le court et le long était de 1 700 € en moyenne (ce sera certainement un peu plus aujourd'hui), on peut tabler sur un premier prix inférieur à 30 000 €. Un peu plus pour la version 1.3 TCe 130 EDC7, qui impose la finition Techno (du moins sur le court), qui devrait dépasser les 33 000 €. Nous en saurons plus bientôt. Attention toutefois aux malus, car par exemple, la version courte en 1.3 TCe 130 EDC est déjà à 154 g/km de CO2, ce qui fait 2 918 € à ajouter au tarif avec le malus. Le Grand devrait rejeter un peu plus de CO2 encore...
La concurrence est elle-même en train de se renouveler, et de revenir en version thermique pour ce qui est des Berlingo et Rifter. Difficile de comparer donc, mais sur la base des tarifs "d'avant", le Grand Kangoo se positionne dans les mêmes zones de prix.
Ce qui est certain, c'est qu'avec des tarifs à ce niveau, le Grand Kangoo sera le grand ami de ceux qui ont besoin de 7 places et d'un grand coffre, et de la modularité apportée par les sièges indépendants. Ceux déçus de l'Espace actuel pourront aussi y trouver intérêt, tout en économisant alors plus de 10 000 €, malus pris en compte. Certes les prestations dynamiques et la finition sont d'un tout autre niveau, mais... ça fait réfléchir.
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