Ciao Marcello
Plus qu'un designer, Marcello Gandini, décédé cette semaine, était un grand styliste.
Sur notre route de nuit, le vendredi soir, ce sont surtout des artistes que nous apercevons dans le faisceau de nos phares, dans la lumière de nos enthousiasmes.
Aujourd’hui, c’est à une sorte d’artiste bien particulier que nous rendons hommage. Un artiste qui ne se revendiquait pas comme tel. Ce soir la route est triste. Marcello Gandini nous a quittés ce mercredi 13 mars 2024, à l’âge de 86 ans.
Il était designer, ou plutôt « styliste » comme on disait quand il a débuté. Il était beaucoup plus que cela. Il faisait partie de ces très rares créateurs d’automobiles qui avaient élevé le dessin des carrosseries, très haut dans la hiérarchie des arts appliqués, aux confins des arts majeurs.
Quand on regarde la Marzal, la Stratos Zero ou la Carabo, ce ne sont pas des automobiles que l’on admire, mais des sculptures, des formes, des intentions, des envolées, les gestes d’un artiste, ses mystères, ses convictions.
Ce sont de véritables œuvres d’art car elles ne sont polluées par aucune nécessité industrielle, aucune exigence financière, elles ne sont entravées par aucun cahier des charges et surtout pas émasculées par un marketeur zélé.
En cela, ces fulgurances sont proches de l’œuvre d’art.
Fils d’un chef d’orchestre et compositeur, Marcello Gandini était un autodidacte, un marginal, un solitaire, un introverti. Il n’avait pas suivi une filière artistique pour devenir styliste. Cette vocation était un moyen d’expression pour un homme secret fuyant le monde, les honneurs et les apparences.
Responsable du design chez Nuccio Bertone entre 1966 et 1979, il contribua à façonner l’image de marque de ce carrossier, à lui insuffler son caractère futuriste et iconoclaste. Ingénieur autant qu’artiste, et vice versa, comme un Léonard de Vinci des temps modernes, il savait aussi être rationnel. Capable d’imaginer la Countach, il était aussi capable de répondre aux attentes d’un industriel demandant les produits aussi ordinaires, comme la Renault Super 5 ou de la Citroën BX. Curieux de tout, il avait des idées singulières sur la technologie ou la production.
En 1979, il était devenu indépendant et s’était retiré dans sa bastide du XVIIe siècle, dans le Piémont. Loin du tumulte, loin de la vie ordinaire. Il vivait comme un aristocrate ténébreux.
L’automobile perd aujourd’hui l’une des personnalités rares qui ont donné de la noblesse à l’industrie.
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