Suzuki et son système 4x4 : une techno indispensable en montagne ?
Spécialiste des petites voitures 4x4, Suzuki a toujours été une star des montagnes. Car la Swift comme l'Ignis ont un gros avantage : leur poids léger. Mais une petite auto pas trop lourde a-t-elle réellement besoin de quatre roues motrices pour évoluer dans la neige ? Réponses en Savoie.
Les chasse-neige ont décliné l’invitation. Entre le col de Jambaz et celui du grand Taillet, le ruban est intégralement blanc, recouvert d’une neige damée comme une piste noire. Évidemment, la Haute Savoie n’est pas le plat pays, alors on appréhende forcément les grosses montées et les vertigineuses descentes de la D26 enneigée qui nous y mène. D’autant plus que l'on n’est pas à bord d’un bon gros Land Rover Defender rassurant qui grimpe aux murs, ni même d’un Suzuki A- Cross, jumeau du Toyota Rav4, qui jauge 1 940 kg, mais d'un Suzuki Ignis. Et bien nous en a pris.
Car l’Ignis étant petit (3,70 m), il est également léger. Avec ses 910 kg tout mouillé, il ne fait (heureusement) pas le poids contre les 2,3 tonnes du "Def". Ses pneus ? Des 14 pouces, larges de 165 mm. Des roues de vélo comparé aux 235 mm de large du 4X4 anglais ou du A-Cross, qui se transforment tous deux en snowboard dans n’importe quelle descente. Une auto légère, avec une emprunte au sol minimaliste : rien de tel pour affronter la neige.
Le secret de l'Allgrip
Alors on attaque en toute confiance. Et ça passe. Dans les descentes comme dans les montées, le plus petit SUV du marché garde sa trajectoire. À condition de conserver le pied léger sur l’accélérateur comme sur le frein, l’Ignis gravit le col de Jambaz et ses 1 028 m enneigés avant de le redescendre comme un grand. Évidemment, il a un secret : le système Allgrip.
Dans le coin, où Suzuki fait un carton, cette techno équipe 30% des modèles vendus. Et pour cause : elle transforme l’auto en 4x4 grâce à un embrayage hydraulique multidisques à huile de silicone qui remplace un différentiel central. Un visco-coupleur qui, lorsque les roues avant et arrière tournent à des vitesses différentes, ce lubrifiant chauffe, se dilate et hop, le couple est transmis sur les deux essieux.
Un système totalement invisible pour le conducteur, qui ne s’aperçoit même pas de la manœuvre. Évidemment, les pneus sont aussi primordiaux que le système Allgrip. En l’occurrence, ceux qui équipent l’Ignis sont des Yokohama Bluearth hiver. Un type de pneu obligatoire en Haute Savoie depuis l’instauration de la loi montagne et évidemment ultra-recommandé lorsqu’il fait froid et que le sol est glissant.
Ce système Allgrip automatique on le retrouve également sur la citadine Swift, dont le poids est comparable et le moteur (essence mild hybrid de 89 ch) identique. Sur la neige, ces autos mécaniquement semblables se comportent d’une manière semblable aussi. Et ce n’est pas la différence de garde au sol, en faveur de l’Ignis, qui va changer la donne, surtout sur des routes ou la neige est tassée.
Mais l’Ignis et la Swift n’ont pas l’apanage de l’Allgrip. Le Vitara, comme le S-Cross en disposent aussi, d’une manière un poil plus sophistiqué. Car il influe, non seulement sur les essieux, mais aussi sur la réponse de l’accélérateur. Ainsi, un sélecteur central permet de sélectionner son mode de conduite pour se prendre pour un pro du Dakar. Les moins aguerris en passeront par la touche « auto » quand les autres opteront, dans la montée du Jambaz, pour la touche « snow » qui répartit la puissance aux quatre roues selon les besoins, et un mode «lock» qui verrouille le tout en 4 roues motrices permanentes.
Mais on l’a dit, les ventes de ce système ne concernent que 30 % des Suzuki immatriculées dans la région. Ce qui signifierait que 70% d’entre elles ne foulent jamais la neige de leurs pneus ? Pas du tout. Cet homme croisé au détour de la D26 immaculée, conduit une Swift 3 de 2016, qui n’a jamais vu la couleur de l’Allgrip. Ce qui ne l’empêche pas de prendre cette route chaque jour. Les quatre roues motrices lui manquent-elles ? Sauf lorsqu’il doit affronter une pente vraiment raide, dans un chemin du coin, jamais. Toutes les routes goudronnées, enneigées ou pas, sont praticables pour lui. « Les autres, on les évite en hiver, c’est tout ». Pour lui, la Swift est l’équivalent du Citroën C15 de son vieux voisin : un engin léger, passe-partout et suffisant.
Mais peut-être a-t-il fait un choix par économie, puisque le système Allgrip exige un supplément de 1 500 euros ? Il réfute, comme il réfute l’envie de disposer d’un Jimny, le « vrai » 4x4 Suzuki, qui « consomme beaucoup et se traîne ». Il n’a pas plus envie d’un gros tout-terrain, ou d’un SUV à quatre roues motrices. « Un truc de parisien ». Ici, comme dans toutes les Alpes, le poids est l’ennemi du bien. Et même si les 83 ch de la Swift et de l’Ignis, très légèrement boostés par la petite hybridation, ne sont pas les plus aptes à gravir les montagnes, ils permettent d’atteindre les sommets de tous les cols. En roulant doucement, comme il se doit dans la neige.
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