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Voitures chinoises : pendant que les États-Unis serrent les poings, l’Europe serre des mains

Joe Biden devrait annoncer une taxe de 100 % sur les voitures chinoises importées aux États-Unis. En Europe, on envisage une augmentation des mêmes taxes à hauteur de 20 ou 30 % seulement. Pourquoi cette différence de traitement de l'offensive asiatique entre le nouveau et l'ancien continent ?

Voitures chinoises : pendant que les États-Unis serrent les poings, l’Europe serre des mains

La sentence devrait être officialisée ce mardi. Joe Biden, dans une étonnante communion avec son concurrent à la présidentielle Donald Trump, devrait annoncer une taxe de 100% sur l’importation des voitures chinoises aux États-Unis, comme le signale Manuel Cailliot.

Cette décision ultra-protectionniste survient une semaine seulement après la visite du président chinois Xi Jinping à Paris. Une visite à laquelle Ursula Van der Leyen était elle-même conviée. La présidente de la Commission européenne et Emmanuel Macron ont-ils tapé du poing sur la table à l’américaine ? Pas vraiment.

Une taxe européenne 4 fois moins forte que l'Américaine

Ils se sont contentés de rappeler à l'homme fort de Pékin que l’enquête en cours sur les subventions qu'il octroierait aux constructeurs locaux devrait déboucher sur une hausse des taxes qui, de 10 %, pourraient passer à 20 ou 30 % dès cet été, avec une poire vraisemblablement coupée en deux à 25 %. On est très très loin de la sanction américaines et du coup, Xi est reparti le cœur léger en laissant même entendre que les taxes qu'il applique sur les alcools français pourraient être levées. C’est dire la brutalité extrême de la gifle que l’Europe a assenée à l’industrie auto chinoise.

C’est que, comparée aux US, les autorités européennes sont d’une bienveillance qui frise la flagornerie. Bruxelles serait donc en plein syndrome de Stockholm et accepterait sans ciller le débarquement de l’empire du milieu sur nos routes ? En fait, les dirigeants de l’Union avalent des couleuvres et font ce qu’elles peuvent avec leurs pauvres moyens. Car si la Commission souhaitait appliquer des taxes à l’américaine elle ne le pourrait tout simplement pas, à cause de la réticence allemande qui refuse d’entrer dans une guerre commerciale avec Pékin.

Il y a tout juste un mois, Olaf Sholz était à Pékin avec les patrons de Mercedes, BMW et Volkswagen. Le chancelier n’a eu de cesse durant tout son voyage de calmer le jeu, et d’exhorter l’UE à ne pas entrer dans une spirale protectionniste. Pas question de fâcher la Chine, tout simplement parce que les marques allemandes y disposent toujours de plus de 14 % de parts de marché.

la version chinoise de la Volkswagen ID7. Pas question pour les constructeurs allemands de perdre leurs parts de marché là-bas.
la version chinoise de la Volkswagen ID7. Pas question pour les constructeurs allemands de perdre leurs parts de marché là-bas.

Certes, ce taux est en baisse puisqu’il était de 17% seulement il y a deux ans, mais tout de même, les constructeurs n’ont pas envie de s’asseoir sur 1,3 million de voitures vendues chaque année là-bas. Et pour eux, s’attaquer aux autorités chinoises c’est s’exposer à des représailles et voir les taxes se dresser devant eux.

L’on comprend donc mieux la gentillesse allemande envers les autorités de Pékin, mais aussi l’offensive de la France avec son bonus qui disqualifie les autos chinoises. Le risque de représailles est minime pour les constructeurs de l’hexagone, puisque leur présence là-bas est totalement confidentielle. Une éviction du bonus qui semble d’ailleurs faire sourire Byd, MG et consorts puisqu’ils s’apprêtent à fabriquer leurs autos en Europe pour certains et à offrir le bonus à leurs clients pour d’autres.

L'Europe entre laisser-faire et coopération

Alors Bruxelles ronge son frein et en fait peu en raison de la sacro-sainte majorité qualifiée nécessaire à la mise en place d'une taxe. Une majorité loin d'être atteinte, surtout grâce aux pays de l'est qui s'allignent sur Berlin, puisqu'ils accueillent nombre d'usines automobiles allemandes et attendent les chinoises.

Du coup, l"union se voit reprocher son inaction à l’approche des élections. Il est d’ailleurs assez cocasse de voir les partis populistes hurler contre Bruxelles, et ses règles, alors que les mêmes s’opposaient au référendum en 2005 qui, justement, prévoyait de passer à un système plus centralisé.

L’Europe n’ayant donc pas de règles fédérales (un mot diabolique selon les mêmes partis) elle ne peut légiférer comme les Américains le font. Un manque de pouvoir qui fait la joie de Xi, et des marques chinoises qui n’en demandaient pas tant, et qui s’installent tranquillement, comme Byd en Hongrie, et peut-être bientôt en Italie. Ou comme Leapmotor qui va finaliser dès mardi de cette semaine son accord avec Stellantis

En Allemagne on fait semblant de croire que l’industrie chinoise est un concurrent comme un autre, alors qu’en France et dans d’autres pays d’Europe, on préfère coopérer car on sait que l’on est assiégé. Des attitudes différentes, entre peste et choléra. Deux attitudes qui toutes risquent d’avoir la même conséquence : une domination chinoise sur l’industrie automobile européenne.

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