Rémunération : Carlos Tavares s'explique et ses actionnaires approuvent
Michel Holtz , mis à jour
À quelques heures de l'assemblée générale du groupe qui a approuvé les 36,5 millions d'euros au total que doit percevoir son directeur général, celui-ci s'est exprimé devant quelques médias, dont Caradisiac. L'occasion, également, pour le patron de Stellantis, de revenir sur le changement de nom du SUV Alfa Milano, et de livrer son opinion sur les choix européens.
Mis à jour le 16 avril à 15h30
L'assemblée générale vient de se réunir et de voter, à 70% pour approuver la rémunération de Carlos Tavares, estimée à 36,5 millions pour la seule année 2023. On comprends mieux dès lors, le sourire affiché par le patron de Stellantis en visite hier à l’usine de Tremery près de Metz, qui assemble notamment le moteur de la Citroën e-C3, Carlos Tavares .« On verra le résultat » expliquait t-il devant quelques journalistes. Une sérénité d’autant plus logique que le vote des actionnaires n'est que consultatif puisque le siège du groupe est hollandais et que Stellantis, et son conseil d’administration ne sont pas régis par le droit français.
Il exercerait une "emprise" sur le conseil d'administration
Il n’empêche. L’avis des actionnaires revêt une puissance symbolique (et médiatique) importante. Et cette approbation est donc une victoire personnelle pour le directeur général de la galaxie de 14 marques. Et les trois cabinets de conseils aux investisseurs qui se sont exprimés et ont jugé cette rémunération excessive, n'ont donc pas été entendus. Charles Pinel, directeur de Proxinvest, l’un des trois rebelles, qui estime que Carlos Tavares exerce une « emprise sur le conseil d’administration » n'a donc pas eu gain de cause. Le terme d'emprise fait d'ailleurs sourire le patron du groupe qui ne livre pas ses méthodes supposées de gourou, mais réplique en expliquant que «90% de mon salaire est fait par les résultats de l’entreprise. Cela prouve qu’ils ne sont apparemment pas trop mauvais».
Cette rébellion d’actionnaires s’est pourtant traduite en 2022 par un vote contre la rémunération du directeur général. Et ce dernier en a tenu compte. « Nous avons effectué des corrections». Notamment en augmentant les émoluments des autres cadres dirigeants du groupe. Du coup, l’an passé, son salaire, de 23,5 millions d’euros, a été approuvé par 80% des actionnaires.
Ils ont donc été presque aussi cléments au cours de l’assemblée générale de ce mardi, malgré une hausse de salaire de 56% sur un an. Pour couper court aux critiques, le directeur général se contente pour le moment de répondre que « «s’ils estiment que ce n’est pas acceptable, qu’ils fassent une loi, qu’ils modifient la loi et je la respecterai.» Tout en sachant parfaitement que la loi française ne s’appliquera pas à son propre cas.
Mais c’est également à l’occasion de sa visite à Tremery, que le directeur général de Stellantis a annoncé le changement de nom du SUV Alfa Romeo Milano rebaptisé Junior. « C’est une décision que nous avons pris au cours du week-end, pour apaiser les tensions avec le gouvernement italien ». Un gouvernement qui reproche à Alfa de vouloir utiliser illégalement le nom Milano, parce que le crossover est fabriqué en Pologne.
Mais cet arbre ne cache-t-il pas une forêt de discorde plus profonde ? Interrogé sur les accusations récurrentes du gouvernement Meloni, qui reproche à Stellantis de ne pas investir suffisamment dans la botte, Tavares répond. « Je ne veux pas faire la liste de tous nos investissements en Italie, car on me reprocherait de ne pas en faire assez en France ». Tellement lesdits investissements sont importants de l’autre côté des Alpes ? Toujours est-il qu’à Mirafiori en Italie, comme à Tremery dans l’Est ou à Douvrain dans le Nord de la France, les moyens mis en place pour passer du thermique à l’électrique sont visibles. Jusqu’au basculement total vers les watts ?
Pour le patron du groupe, plusieurs facteurs en décideront, et notamment les élections de juin en Europe, et de novembre aux États-Unis. « Je prendrais ma décision à la fin de l’année. Celle de continuer, de réajuster, ou de corriger la trajectoire jusqu’en 2028. Car je dois me projeter à l’horizon de trois ou quatre ans ». Sauf qu’en 2026, le mandat du patron de Stellantis, aujourd’hui âgé de 66 ans, s’achève. Sera-t-il reconduit ? Le vote de ce mardi par les actionnaires pourrait bien être un premier indice de la confiance qu’ils accordent aujourd'hui, et accorderont demain, à leur directeur général.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération