100 ans à deux pour venir à bout du prochain Dakar et le rêve d'une vie
Voilà une histoire que je trouve plutôt belle, il y en a des quantités sur ce rallye.
Alain Delaunay ( 45 ans ) et Denis Peyrard ( 55 ans ) ne feront pas la une avec une victoire d'étape devant Coma ou Despres sur le Dakar 2010 qui approche de jour en jour, ils ne partent pas pour cela.
Alain, de la région de Tours, a une bonne vingtaine d'années de moto dans les jambes.
Beaucoup d'enduro, grand amateur de la Grappe de Cyrano, une bonne dizaine de participations, il apprécie aussi les raids en Afrique.
Il s'achète fin 2004, un 400 XR neuf en vue du Dakar 2006, mais se le fait voler un mois plus tard pendant le rodage. La moto idéale pour le poireau, maintenance dérisoire, moteur béton et appétit de moineau.
Deux mois plus tard, en janvier 2005, avec deux copains, il décide de suivre le Dakar « en touriste », il embarque des motos dans un fourgon, va au sud de l'Espagne et se retrouve à Gibraltar, comme la caravane du rallye.
Les installations sur les motos sont sommaires et folkloriques. Pas de road-book bien sur, pas de GPS, un bidon d'essence attaché devant le phare et un autre à l'arrière de la selle.
Pendant quatre jours au Maroc, nos trois compères vont suivre à la trace le parcours des coureurs.
Alain garde le souvenir d'avoir discuté avec Fabrizio Méoni, quelques jours avant le drame, un souvenir forcement émouvant. Il voit aussi Cyril Despres, Frétigné, eux mêmes étonnés de voir ces trois motards sortir d'on ne sait où. Mais pour Alain, le virus est attrapé.
Par manque d'expérience, mais surtout je crois, aveuglé par l'envie, il achète une moto pour l'édition 2007, une catastrophe.
Cette moto a trois Dakar dans les "pattes", mais pas reconditionnée, elle est équipée d'un énorme réservoir avant très mal fait, beaucoup trop gros, la moto est inconduisible, « une épave », le faisceau électrique est délabré.
Dès les premiers kilomètres de piste, l'enduriste ne se reconnaît pas au guidon de sa moto, c'est un véritable camion.
Le soir de la 5ème étape, Alain est dernier, cela ne serait pas grave s'il ne dépensait pas autant d'énergie à relever la moto jusqu'à plus de 100 fois par jour. Il est à bout de force.
La 8ème étape lui est fatale, cela fait une semaine que la moto est en panne en permanence, des problèmes électriques sans arrêt et des chutes trop nombreuses viennent à bout du pilote, ensablé au km 25, c'est l'abandon.
En 2008, lors d'un raid en Afrique avec Sud Expé, il fait la connaissance de Denis Peyrard.
Les deux garçons s'entendent à merveille. Denis, lui, fait de la moto depuis très longtemps, mais pas en course, c'est un amateur de trial, de randonnée dans les chemins avec les copains et il aime aussi les raids organisés en Afrique.
Pour ce Dakar 2010, ils décident tous les deux de s'allier pour aller au bout. Mais la sélection des candidatures se fait sur dossier. Denis a un dossier plutôt léger. Mais les deux garçons ont décidé de rouler ensemble sans se quitter pour s'entraider, avec la même moto.
Fin juillet, ASO leurs accorde le sésame pour la Dakar 2010.
Les deux Honda 450 CRF-X neuves sont préparées en Italie chez Boeno Moto.
Un carter d'embrayage Hinson permet d'augmenter la contenance d'huile dans la boite et un radiateur d'huile augmente un peu lui aussi la capacité d'huile moteur. Un ventilateur est ajouté et les soupapes titane changées pour des aciers.
Nous nous sommes rencontrés sur le port du Havre à l'embarquement fin novembre, la moto de Denis avait déjà un problème, la pompe à essence, neuve, ne fonctionne pas. Donc, un peu de mécanique en arrivant à Buenos Aires sera indispensable.
Pour Denis, c'est un rêve vieux de 30 ans qui se réalise, à 55 ans et en forme, c'est maintenant ou jamais.
Nos deux jeunes hommes s'entraînent physiquement pour le rallye, natation, musculation, footing, moto et sauna.
Voilà deux garçons de la catégorie " poireaux ", ceux qui écrivent la légende du Dakar depuis 30 ans.
Je vais essayer de suivre les aventures d'Alain et Denis en janvier.
Maintenant, il faut aller au bout et on leurs souhaite de tout cœur.
Courage les gars, l'arrivée à Buenos Aires n'est plus bien loin !
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération