Produire une Apple Car. Steve Jobs, fondateur du géant californien disparu en 2011, rêvait de révolutionner la mobilité et de se frotter aux Big three de Detroit. On ne saura jamais ce qu’il avait précisément en tête, mais il est désormais acquis que les mastodontes de la high-tech, tel Google qui teste des voitures autonomes, s’intéressent de près à l’automobile. La porte d’entrée ? Les systèmes multimédias des constructeurs, sur lesquels ils vont de plus en plus peser. Les constructeurs américains (Ford/GM) furent parmi les premiers à soulever l’idée d’une convergence constructeur/smartphone. Récemment, Opel s’est démarqué avec une intégration poussée de l’iPhone et des Smarphone Androïd avec l’IntelliLinK de l’Adam. Renault, de même, s’est rapproché de Google avec sa tablette R-Link, qui tourne de manière autonome sous Androïd.

Apple, Google dans toutes les voitures : bientôt seuls maîtres à bord ?

Le système R-Link Renault, qui tourne sous Androïd, le système d'exploitation de Google. Interface familière et applications connectées sont ses points forts.


Dès l’année prochaine, 12 constructeurs intégreront une interface Apple dans leurs systèmes multimédias : Honda, Mercedes, Nissan, Ferrari, Chevrolet, Infiniti, Kia, Hyundai, Volvo, Acura (la marque « premium » de Honda sur le marché US), Opel et Jaguar. Le simple affichage des fichiers musicaux et des jaquettes d’albums ne suffira bientôt plus. Désormais, le conducteur interagira avec un environnement 100 % Apple, obligatoirement tactile, qui pourra commander à la fois la musique, le téléphone, les SMS, mais aussi, c’est nouveau, utiliser la navigation de l’iPhone à travers l’application Maps. Il sera possible de dicter ses consignes avec l’interface vocale Siri, amusante mais pas toujours coopérative, comme c'est déjà possible chez quelques constructeurs (Mercedes, BMW, Opel avec l’Adam…).
Apple, Google dans toutes les voitures : bientôt seuls maîtres à bord ?

Il est probable, selon les marques et les modèles, que cette interface Apple prenne la forme d’une simple application ouverte, « tolérée » au milieu de l’interface constructeur. Pour eux, l’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit de continuer à vendre des systèmes complets, encore générateurs de marges, malgré la baisse des prix. Le nerf de la guerre : faire croire au client que l’investissement est mérité. Surtout lorsqu’un simple Smartphone rend les mêmes services avec une technologie souvent plus avancée (écran multitouch, processeurs plus rapides, nombreuses applications)… et réactive : les constructeurs ont du mal à suivre le rythme effréné de l’industrie de la high-tech. Autre obstacle : les interfaces mobiles à icônes des géants de l’informatique ont pris une telle ampleur dans nos vies qu’il pourrait devenir difficile pour beaucoup de consommateurs d’appréhender d’autres systèmes, telle l’interface kafkaïenne de la Peugeot 208, aussi lente qu’incompréhensible.

Apple, Google dans toutes les voitures : bientôt seuls maîtres à bord ?

Sur l'Adam, Opel propose l' IntelliLink, qui utilise le smartphone, Apple ou sous Androïd, comme « hardware », notamment avec le GPS ou la Webradio.

Les systèmes des constructeurs vont-ils ainsi devenir les relais serviles, comme de simples écrans-miroirs, des géants de l’informatique ? La probabilité est forte, mais la transition ne s’effectuera pas en six mois. Olivier Frigara, rédacteur en chef adjoint du magazine iCreate et animateur de la webTV Onrefaitlemac, explique « Pour les constructeurs, toute la question est de garder leur indépendance vis-à-vis des géants de l’informatique, afin de garder la main sur les informations liées à leurs clients. Tout cela dépend des accords passés avec Google ou Apple, qui scannent les trajets, les habitudes, et récupèrent des quantités de données sur les usagers à travers les applications sans nécessairement les partager… » Qui nous fichera, Google ou Renault ? Pas sûr que nous ayons le choix.