Ceci dit, à la différence des dinosaures d’antan, les espèces dans le collimateur sont prévenues. Ils ont même une échéance. Les analystes et autres experts leur donnent le créneau 2035-2040 pour se donner les moyens de faire face à une conjoncture qui sera radicalement différente de celle connue encore aujourd’hui. Car la voiture autonome va bel et bien transformer le paysage assurantiel automobile dans la décennie à venir.
Pourquoi ? Parce que, et c’est une bonne nouvelle pour la sécurité routière, la fréquence des accidents chutera de 80 % d’ici 2040. La tendance est en marche : déjà, les voitures équipées de systèmes de prévention des collisions frontales enregistrent une baisse de 15 % de leur fréquence de sinistralité en termes de responsabilité de dommages par rapport à un véhicule standard. Certes, mais la cotisation d’assurance reste la même. Mais celle-ci devra finir par évoluer et se résoudre à une perte des capacités de souscriptions, puisque l’on nous assure que 20 à 30 % des voitures produites dans le monde seront automatisées à différents stades en 2035.
Mais ce n’est pas tout. L’automobiliste lui-même sera d’un nouveau genre. Avec les nouvelles offres de mobilité, la conduite autonome va permettre de rendre mobiles de nouvelles catégories de personnes. Avec de nouveaux modèles logistiques, la voiture sans chauffeur augmentera le taux d’utilisation des véhicules en auto-partage. De fait, la responsabilité d’assurer un véhicule n’incombera vraisemblablement plus à l’acheteur, mais de plus en plus à l'utilisateur.
Il va donc falloir se pencher sur une question qui voudra impérativement sa réponse dès que l’automatisation de la mobilité aura trouvé sa solution sur la responsabilité en cas d’accident. Qui de l’homme ou de la voiture ? Une interrogation qui va loin, arpentant même le domaine de l’éthique : ainsi un véhicule autonome qui fait face à un obstacle en situation d’urgence devra-t-il choisir entre causer des dommages à ses occupants ou à une ou des tierces personnes ? Les législateurs de tous les pays sont actuellement penchés sur la question.
Une agitation qui, paradoxalement, ne semble pas encore toucher les principaux concernés. Seulement 29 % des dirigeants de compagnies d’assurance maîtriseraient le sujet du véhicule autonome. Résultat, 74 % d’entre eux ne sont pas préparés à ce changement et 39 % craignent l’entrée sur le marché de nouveaux fournisseurs. Du genre Google, Apple, Uber ou encore Tesla qui ont déjà démontré toutes leur faculté à remodeler un secteur d’activité.
L’automatisation progressive des véhicules promet donc de chambouler le marché de l'assurance auto individuelle. Ce dernier pourrait représenter moins de 40 % de sa taille actuelle sur le marché en 2040. Nouveaux entrants, nouvelles modalités commerciales, baisse de la sinistralité et donc de la taille du marché, tout est en mouvement. Un enjeu économique colossal qui est estimé à 200 milliards de dollars.
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