Il en aura vu de toutes les couleurs ce Mondial ! Du vert bien sûr, avec la mise en avant systématique des voitures écolos sur les stands des constructeurs, du "tricolore" ensuite, avec un gros cocorico ! Eh oui, le record du nombre d'entrées a été battu cette année encore... Mais le salon a aussi vu rouge : manifestations en tout genres, des verts, des syndicats ouvriers, de Greenpeace, du WWF. Il n'a pas été épargné.
Il faut dire que la voiture d'hier a quasiment aujourd'hui accédé au statut de suppôt de Satan. Elle est définitivement entrée en disgrâce... Une voiture c'est cher, ça pollue, ça prend de la place, mais aussi : ça tue... Les pouvoirs publics nous le font comprendre à coup de répression, de radars, de bonus/malus écologique, de réduction du nombre de place de parking, etc, etc... Le message est clair, la voiture telle qu'on la connaissait jusqu'à aujourd'hui, on n'en veut plus ! Il est temps de passer à autre chose...
Temps de passer à des véhicules plus respectueux. De la personne, de notre santé, de l'environnement, du code de la route... Temps de passer à des véhicules que l'on partage, qui ne nous appartiennent plus (autolib' est sur les rails...).
Voilà le message que l'on nous assène à coup de masse et de lois... Et il faudra bien qu'il passe ! De toute façon nous en sommes tous conscients. Evoluer vers une autre forme de consommation automobile est une nécessité impérieuse.
Et pourtant...
Pourtant au Mondial de l'automobile, ce n'est pas sur le stand des voiturettes électriques qu'il y avait le plus de monde. Ni sur celui des constructeurs qui proposent des voitures hybrides, fonctionnant à l'hydrogène ou au bioéthanol, non...
Comme à chaque fois les visiteurs s'agglutinaient autour des stands Ferrari, Maserati, Lamborghini, Porsche, Mercedes, Audi et BMW. Un monde à ne plus savoir quoi en faire, une ambiance de métro japonais...
Et pas question de troubler la quiétude des visiteurs pendant leur pélerinage au pays du rêve automobile. Une image d'un reportage de nos confrères de France2 m'a marqué. On y voyait un militant de Greenpeace menoté à une BMW cabriolet, pour protester contre sa production de CO2... Réponse d'une visiteuse en colère : "On s'en fout de vos revendications ! Barrez-vous que je puisse poser mon c... dans une très belle voiture, que je ne pourrais jamais me payer !"
La messe est dite, le paradoxe reste entier. Dans cette ambiance autophobe à outrance, le public vient au salon pour voir et toucher ces autos qui sont désormais proscrites, comparées aux pires des plaies d'Egypte...
Et les Français font le grand écart, avec souplesse... Ils achètent de petites voitures diesel bonussées, rentrant ainsi dans le rang de l'autophobie ambiante, mais viennent aussi s'en mettre plein les mirettes durant "l'autofolie" du Mondial...
Folie, phobie... la France n'en est pas à son premier paradoxe, et certainement pas à son dernier ! C'est ce qui, aussi, fait son charme...