S'il est un sujet de conversation à la mode, c'est bien celui du bonus / malus écologique. Il faut dire qu'il va quelque peu bouleverser les habitudes d'achat sur le marché du neuf. Mais qu'en sera-t-il ensuite, lorsque ces voitures arriveront sur le marché de la seconde main ? Caradisiac vous livre son analyse.

Les conséquences à court terme

Sans tirer de conclusions hâtives, les chiffres de vente en neuf du mois de janvier montrent schématiquement une très nette augmentation des ventes de véhicules bénéficiant d'un bonus, et à contrario une forte, voire très forte baisse des ventes d'autos malussées. Quelles vont être les premières conséquences sur le marché de l'occasion ?

  • Pour les autos de plus d'un an, cela n'aura pas grand impact. Ils ne sont concernés ni par le malus, ni par le bonus en cas d'achat ou de revente, et les décotes sont suffisamment importantes (au minimum 25 %), pour ne pas être en concurrence frontale avec une auto qui bénéficie d'un bonus à l'achat.
  • Ce n'est pas contre pas le cas des occasions récentes, celles qui se revendent entre 15 et 20 % sous le prix du neuf par les concessions ou les collaborateurs. Ces dernières vont se retrouver, d'un coup d'un seul, en concurrence directe avec des automobiles qui ont été soutenues commercialement par le constructeur (remises commerciales), et qui en plus bénéficiaient d'un bonus de 200, 700 ou 1 000 €.


Caradisiac l'a prouvé, cela permet à certains modèles neufs de s'afficher jusqu'à 21 % moins cher que le prix catalogue ! Comment alors vendre une occasion récente à -17 % (décote moyenne à six mois) ? Il est clair que dans ce cas de figure, il va y avoir un report massif vers le neuf plutôt que vers l'occasion récente, ce qui va faire plonger ce marché.

Il faudra alors que les vendeurs de ces véhicules fassent des efforts tarifaires pour pouvoir vendre leur auto. Conséquence : dans quelques mois, le marché de l'occasion récente sera encore plus attractif qu'aujourd'hui.

Pour une auto écopant d'un malus en neuf, l'effet sera contraire. En effet les acheteurs vont certainement se ruer sur le marché de l'occasion pour échapper à la taxe, ce qui va doper les ventes de grosses cylindrées en occasion.

Les conséquences à long terme

Au fil des mois, la situation va progressivement se rééquilibrer. Mais globalement, les effets sur le marché de la seconde main ne pourront être que bénéfiques. En effet :

  • Les voitures qui ont bénéficié d'un bonus s'afficheront à priori moins chère en occasion, car évidemment payées moins chères en neuf. Si d'aventure un vendeur ne répercute pas le bonus dans son tarif, il vous sera en tout cas facile de négocier en avançant cet argument. Vous trouverez d'ailleurs ici la liste de toutes les voitures du marché et le bonus ou le malus qui leur est affecté.
  • En terme de volume, il est certain que dans quelques mois, on trouvera sur le marché de l'occasion de plus en plus de petites voitures, ou plus généralement des autos admissibles au bonus (rejetant moins de 130 g de CO2 par km).
  • De leur côté les véhicules soumis au malus devraient théoriquement s'afficher plus cher en occasion. Mais théoriquement seulement… En effet, sans trop s'avancer, il est probable que les vendeurs n'oseront pas répercuter entièrement le surcoût du malus lors de la revente. D'autant plus que les véhicules taxés, encore plus qu'auparavant, auront une mauvaise image de voiture gourmande et polluante. En conséquence leur attrait diminuera d'autant et il faudra aux vendeurs beaucoup de courage, et de sacrifices financiers, pour les écouler en seconde main. Et ceci d'autant plus qu'il est possible que le gouvernement décide d'annualiser le malus (ne vous affolez pas, ce n'est qu'un projet…).
  • En terme de volume, il est clair que le marché de l'occasion des grandes voitures, et plus généralement de celles qui rejettent plus de 160 g de CO2 par kilomètres va se réduire dans les années à venir.
  • N'oublions pas les voitures qui se situent dans la fourchette neutre de la mesure, entre 131 et 160 g de CO2 par km rejetés. Pour celles-là, il est probable qu'aucune conséquence ne se fera sentir, et que les décotes resteront traditionnelles. Tout simplement.

Le bilan

Les conséquences du bonus / malus écologique seront à priori bénéfiques pour les acheteurs de véhicule d'occasion. Il va y avoir une période un peu difficile pendant les quelques mois à venir, mois pendant lesquels la demande se portera plutôt sur le marché du neuf, ce qui assèchera quelque peu le marché de la seconde main. Mais dans quelques mois tout cela reprendra son rythme de croisière, avec dans tous les cas, des "coups" intéressants à faire sur à la fois les véhicules bénéficiant du meilleur bonus, comme ceux pâtissant du pire malus…