Huit jours en Caterham R300 Superlight, c'est le rêve de beaucoup. Mais peut-on utiliser cette baignoire à réaction comme véhicule quotidien, en ville, sur routes et autoroutes et par tous les temps ? C'est la question ô combien capitale à laquelle nous avons tenté de répondre.
Épisodes précédents :
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 1, la découverte
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 2, Paris s'éveille
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 3, la campagne, ça vous gagne
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 4, direction le Nürburgring
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 5, soufflons un peu
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 6, au cœur de l'Enfer Vert
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 7, direction Folembray
Jour 8
Il fallait bien que ça arrive un jour, et je savais déjà, à la seconde même où j'ai appuyé sur ce bouton Start pour la première fois, que ce moment serait douloureux. Après près de 2 100 km à son volant, l'heure est maintenant venue de rendre la Caterham R300 Superlight. Un vrai crève-cœur tant c'est une voiture attachante dont les petits défauts ne parviennent pas à ne serait-ce qu'estomper les immenses qualités et finissent même par devenir des éléments de son charme.
Travaillons méthodiquement et revenons sur le postulat de départ : peut-on utiliser une Caterham R300 Superlight en véhicule quotidien ? La question ne se pose plus dans ces termes, en fait. Elle est devenue : en êtes-vous capable ? Parce que la Britannique, elle, est parfaitement à même d'encaisser. On est tout à fait en droit de questionner la fiabilité d'une réalisation aussi artisanale, faite dans une grange au fin fond du Surrey, mais force est de constater qu'une R300 Superlight peut supporter les pires punitions, et même en redemander. L'exemplaire que j'ai eu entre les mains, immatriculé GNI2 DYO, en est le plus bel exemple : cette Cat a déjà été essayée tour à tour par nos confrères Motorsport, Turbo et Direct Auto parmi lesquels se trouvent quelques méchants bûcherons (non, je ne citerai pas de nom), elle affichait 13 900 km au compteur quand j'en ai pris les clés et maintenant un peu plus de 16 000, un kilométrage qu'on peut qualifier d'important pour ce genre de véhicule. Pourtant, elle n'a jamais montré le moindre signe de faiblesse, démarrant au quart de tour à chaud comme à froid, maîtrisant parfaitement sa température moteur même dans les pires bouchons sous le cagnard, enchaînant des centaines de kilomètres d'autoroute après du circuit, accélérant, tournant et freinant comme au premier jour. Fiable donc. Étonnamment étanche et confortable sur les longues distances aussi.
Alors oui, on étouffe dans les bouchons en ville, elle fait du bruit et on a chaud avec la capote. Mais vous voulez un scoop ? Si vous habitez une grande ville, payez-vous un 125 cm3 chinois à 1 500 € ou même mieux, un abonnement aux transports en commun : Caterham ou pas on ne fait pas plus efficace pour se déplacer en milieu urbain. Une fois sorti des agglomérations, elle s'est révélée être un agréable compagnon de voyage, sur route, autoroute et bien entendu sur circuit, en préférant sa meilleure configuration : sans toit et avec portes. Et si il commence à pleuvoir, mettez un K-Way, quelques gouttes n'ont jamais tué personne.
Gardons aussi en tête que notre R300 est très particulière, avec quelques options, certaines uniques, qui ne sont pas là pour améliorer le confort, bien au contraire, comme les baquets en kevlar, le harnais 4 points course ou l'échappement latéral. En mettant 2 300 € supplémentaires sur la table, l'option SV vous offre quelques précieux centimètres supplémentaires à l'intérieur et un volume de coffre plus appréciable, indispensables pour partir à deux.
Je vous ai dit qu'elle était économique aussi ? Ses freins comme ses pneus se rient du poids de l'ensemble, tout comme la consommation : restez à des régimes civils et vous serez facilement récompensés par des moyennes largement inférieures à huit litres. Économique aussi, parce qu'une Caterham distille du plaisir de conduite dès ses premiers tours de roues et non dans la zone des grands excès de vitesse. Peut-on faire plus dans l'air du temps qu'une R300 Superlight, en fait ?
C'est vrai aussi qu'elle fait tourner les têtes. Ce n'est pas de la convoitise, puisqu'elle bénéficie du respect par son apparence d'ancienne, et ce n'est pas non plus une voiture statutaire, elle attire plutôt l'attention de l'amateur, du vrai, qui prend plus souvent la forme du rondouillard jovial que de la blonde à forte poitrine, parce que c'est une voiture de connaisseur, pas de poseur. Celui qui ne verra pas comme un inconvénient les quelques minutes nécessaires pour s'installer à son bord, mais plutôt comme un rituel, un cérémonial à réaliser religieusement, l'antichambre du paradis. Se glisser au fond du baquet en faisant attention à ne pas s'asseoir sur les boucles du harnais, brancher le coupe-circuit, appuyer une première fois sur le bouton Start, voir le tableau de bord clignoter, vérifier qu'on est au point mort, enfoncer l'embrayage, poser l'anti-démarreur dans son logement, appuyer une seconde fois sur le bouton Start, entendre le démarreur tourner une seconde avant que la mécanique s'ébroue, relâcher l'embrayage, fermer la partie basse du harnais puis la partie haute, serrer chacun des pans, sentir les trois pédales situées loin devant, enclencher la première puis reposer ses deux mains sur le petit volant. En souriant. À chaque fois. Tous ces petits gestes font partie du plaisir, présent avant même de sortir du garage.
À 44 000 €, on peut aussi se payer une Chevrolet Camaro, une Audi S3 ou une BMW 135i. Mais aussi séduisantes que ces propositions puissent paraître (enfin, plus ou moins), elles n'ont pas le dixième du charme de la Caterham, de son exclusivité, de ses performances ou de la pureté de ses sensations. Rangeons l'objectivité u placard : je préfère celle qui est vivante, celle qui vous offre tout sans concession, celle à qui on donne un surnom et qui devient votre meilleur pote, avec une sorte de complicité qu'on ne retrouve que chez les jeunes tireurs de sonnette. Ce qui fait qu'aujourd'hui, après avoir rendu les clés et comme jamais avant au moment de rapporter une voiture de prêt, j'ai tapoté affectueusement l'arceau de la R300 avant de partir sans me retourner. Un peu ému.
Alors, c'est quoi la suite ? Radical SR3 SL, KTM X-Bow ou Ariel Atom 300 ? Direction Spa-Francorchamps, Alès ou l'Ile de Man ? Quoique, je serais quand même curieux de me faire malmener par une R500 Superlight, le menu Best of + avec 10 kg de moins et 78 ch de plus. M. Caterham, je peux, s'il vous plaît ?
Bonus : Vidéo - Caterham R300 Superlight au quotidien : à l'assaut du Nürburgring
Twitter : @PierreDdeG
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération