Car depuis, entre concurrence, concentration, réduction des coûts et l'Europe, le métier a perdu de son côté romantique. Sans compter qu'à présent, on peut acheter sa voiture, simple objet de consommation expurgée de sa passion d'antan, d'un coup de clic sur la toile. Alors, dans ce nouveau monde, que doit être une concession ? Une entreprise familiale défendant l'honneur d'un blason, ou un mal nécessaire symbole d'une proximité aux airs de variable d'ajustement ? C'est tout le débat relationnel qui oppose actuellement deux parties qui devraient être condamnées à s'entendre. Mais qui se comprennent pourtant de moins en moins. Car les intérêts de chacun commencent à diverger.


La sonnette d'alarme a été tirée par Olivier Lamirault, vice-président du Conseil national des professions de l'automobile. Maniant le verbe avec autant de dextérité que le volant du temps des rallyes avec son Alpine, l'homme qui a tronqué la combinaison pour le costume cravate explique : « Les contrats négociés actuellement à l'aune d'un nouveau cadre juridique rognent considérablement nos droits. Nous ne sommes plus libres de céder nos affaires à qui l'on souhaite. Dans les faits, c'est le constructeur qui choisira, c'est intolérable. Nous sommes déjà dans un métier où l'on est très dépendant des constructeurs : les primes que ceux-ci nous reversent en fonction des objectifs de ventes ou de qualité sont supérieures à nos bénéfices »


La bataille juridique s'annonce rude. Et les hostilités vont commencer dès la fin de ce mois. En cause, l'extinction, à cette échéance, du « règlement européen d'exemption automobile », mis en place en 2002 et prolongé en 2010 pour une période de trois ans, et qui garantissait un certain nombre de droits aux concessionnaires. Dixit Les Echos, avec la fin de ce texte, ceux-ci rejoignent le régime commun de la distribution et perdront ainsi différentes garanties.


Du coup, c'est un statut du distributeur automobile que veulent les concessionnaires. Une proposition de loi, présentée par le député UMP Thierry Lazaro, a été déposée le 14 mai à l'Assemblée nationale, et un amendement défendu par le CNPA devrait être déposé dans le cadre du projet de loi consommation qui sera débattu fin juin à l'Assemblée. Si la démarche ne devait pas aboutir, les constructeurs ne seront plus tenus de motiver la résiliation d'un contrat avec leurs réseaux. Aucun délai minimal de préavis ne sera plus exigé pour rompre un contrat et les constructeurs pourront s'opposer au projet de cession du distributeur. A chaque marque de négocier avec son réseau les conditions exactes des contrats. En résumé, le concessionnaire ne serait plus maître chez lui ni totalement de son destin.


Côté constructeurs, on précise que le système actuel a favorisé la mise en place de véritable baronnies locales qui ont réduit les marges de manœuvre et le pouvoir de contrôle. Pour autant le groupement rappelle la force de son réseau : 7.000 points de vente dans l'Hexagone regroupant 152.000 emplois. Manière de dire que les pouvoirs publics ne pourront pas se désintéresser de ce dossier aux airs de bombe à retardement. Un de plus.