Même si le dénouement du championnat de F1 2007 est enfin (presque) connu, les démontages en règle ne vont pas cesser pour autant de pleuvoir à l’endroit du pilote que l’on exècre, de l’adversaire, du rival désigné. Mais ne nous y trompons pas, les 22 pilotes (ou un peu plus) présents sur la grille F1 2007 sont loin d’être des « branques » et le simple fait de participer à une course de F1 leur fait subir un traitement que peu d’entre nous, lecteurs, serions capables de supporter. Cette illumination m’est apparue lorsque, à l’invitation de Renault, j’ai posé mon tendre fessier au fond d’une F1 (entre autres) et que les Gentils Organisateurs du programme Feel It m’ont dit : vas-y. Comme dans ces cas-là, raconter sa journée n’intéresse personne, il fallait trouver un autre angle. Ce sont donc mes douleurs cumulées aux genoux et au cou qui m’ont soufflé l’idée !
Bref, après cette saison de F1, après tant de ferveur, de passion un peu trop souvent aveugle, voyons les choses de la F1 sous un aspect plus physiologique, un domaine où tous subissent les mêmes contraintes ! De Spyker à Ferrari !
Pour cela, j’ai pris contact avec le physiothérapeute de l’équipe Renault F1, Gabriele Polcari. Interview exclusive pour News Auto Caradisiac.
Le texte en italique qui suit certaines réponses est un complément recueilli auprès du staff de la journée Feel It.
Caradisiac : A partir de combien de G latéraux estime-t-on qu’il y a danger de perte de connaissance ou même simplement de troubles ?
Gabriele Polcari : Ce n’est pas un phénomène que l’on rencontre en F1 car les "G" encaissés en temps normal (pas dans un accident donc) le sont sur un plan horizontal et pas vertical (d’avant en arrière et de gauche à droite). Ces forces ne gênent pas l’irrigation du cerveau et par conséquent cela n’affecte pas les pilotes. Le problème survient, comme c’est le cas en avion, lors d’une période prolongée sous la contrainte de G verticaux. Là, le flux sanguin est contrarié et le cerveau n’est plus irrigué correctement. Le seul problème de ce type s’est produit en CART aux USA en 2001. Les hautes vitesses sur un ovale aux bankings très relevés ont engendré des problèmes physiques pour les pilotes. La course avait d’ailleurs été annulée à cause de malaises à répétition.
Liens à lire sur l'incident (en anglais):[ 1 et 2]
C : Connait-on la valeur en G d’un passage de vibreur un peu violent du type de celui de Magny Cours à l'entrée de ligne droite ?
GP : Sur cette bordure, les voitures et les pilotes subissent plus de 5G durant 0.08 secondes. C’est un pic instantané. Toujours à Magny Cours, les G latéraux maxi subis par les pilotes sont de 4,5 G dans les virages 3, 11 et 12.
Sachant qu’une tête de pilote de F1 casqué fait en moyenne 6 kg, cela veut dire que 3 fois par tour (et donc environ 180 fois durant la course sans parler des virages un peu moins « chargés »), un pilote subit une pression de 27 kg à laquelle son cou doit résister. Vous comprenez dès lors ce physique si particulier du pilote de F1 qui a le cou en prolongement de ses tempes ! Sachez par ailleurs que le système Hans ne leur maintient pas du tout la tête. Ce système a pour but de répartir les effets d’un choc sur les épaules du pilote et pas seulement sur sa nuque. Ryan Briscoe, ancien pilote [Toyota en IRL, eut les 2 clavicules cassées lors d’un très gros crash]
C : La répétition des G subis durant 50 à 70 tours de course (4G sur une courbe de Silverstone par exemple) a-t-elle une conséquence physique sur les pilotes ?
GP : Cela n’a aucune conséquence. Piloter une voiture est en fait la meilleure façon de s’entraîner et de se préparer physiquement à résister à ces contraintes. Piloter fait travailler les muscles adéquats. Nos entraînements tentent d’isoler et de reproduire les contraintes physiques subies (les entraînements portent sur le cou, l’équilibre, les jambes, le temps de réaction…) mais il n’y a vraiment que la pratique qui permette de se préparer efficacement en combinant le travail de tous les muscles.
Dans les autres disciplines sportives, si vous regardez les entraînements, vous constatez qu’en fait, ils pratiquent leur sport in situ. Ils sont sur un stade en foot, ils courent sur piste en athlétisme, ils s’envoient des balles sur un court en tennis, etc. Du coup, pour un pilote, la seule conséquence du pilotage d’une monoplace, c’est qu’il améliore sa condition physique !
A suivre en partie 2.
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