En l'espace de dix ans, l'industrie automobile allemande a multiplié par deux son chiffre d'affaires et elle a augmenté sa part dans le chiffre d'affaires global de l'industrie du pays, contrairement à d'autres pays européens. Ces derniers mois, la situation est insolite : les ventes de véhicules allemands à l'étranger se portent bien mais elles chutent en Allemagne ! BMW, Mercedes, Volkswagen, Daimler, Audi, Porsche et Opel doivent en perdre leur latin !
D'après le VDA (la Fédération des constructeurs allemands), les constructeurs allemands ont exporté 3,61 millions de véhicules de janvier à octobre 2007, ce qui représente une hausse de 11% sur un an. Le VDA souligne que 2007 devrait être la 5e année record d'affilée à l'exportation. Par contre, les nouvelles immatriculations en Allemagne ont baissé de 8% de janvier à octobre 2007, à 2,62 millions d'unités (les commandes : -7%). Willi Diez, directeur de l'Institut pour l'automobile (IFA) de Geisligen (sud-ouest de l'Allemagne), affirme ainsi que 2007 devrait être la pire année pour le marché automobile en Allemagne depuis la Réunification, avec seulement 3,1 millions de nouvelles immatriculations.
Pourquoi les voitures allemandes ont plus de succès à l'étranger qu'en Allemagne ? La première raison est économique : début 2007, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est passée de 16 à 19%, du coup, d'après le directeur de l'IFA, ce sont 100 000 voitures qui ont été achetées en avance en 2006 et qui manquent cette année. Le porte-parole du VDA indique une deuxième explication : "Le consommateur allemand est dans l'incertitude. Les gens attendent pour changer de voiture alors que l'âge des véhicules n'a jamais été aussi élevé en Allemagne avec une moyenne de 8,1 ans." Il évoque également les taxes trop élevées, les assurances qui augmentent, le pétrole cher, la montée des prix de l'essence à la pompe, le débat sur l'écologie et la crainte de l'apparition d'une nouvelle taxe écologique pour les propriétaires de voitures.
Willi Diez met en avant que ce phénomène environnemental touche avant tout les constructeurs généralistes comme Volkswagen, Opel ou Ford : sur le haut-de-gamme, les clients ont plus de moyens financiers. La Commission européenne envisage de diminuer les émissions de CO2 des voitures neuves à 120 grammes par kilomètre à partir de 2012 mais l'Allemagne prône un système différencié selon les catégories de véhicules (voir article).
Le directeur de l'IFA conclut : "Les experts n'attendent pas de vrai retournement de la tendance en 2008. Le marché devrait se remettre légèrement l'année prochaine grâce à la baisse du chômage qui devrait se poursuivre et aux salaires qui devraient augmenter un peu plus que les années précédentes. Mais il restera à un niveau bas, avec 3,28 millions de véhicules livrés : les records des années précédentes étaient compris entre 3,5 et 3,8 millions." A suivre !
(Source : AFP Photo : Deutschland Photothek)
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