Comme le Premier Ministre n'a rien annoncé de véritablement concret (ni date, ni signature avec la FOM), on peut penser que sa venue sur place était là avant tout pour rappeler à tous qu'il était, lui et son parti, à l'origine des travaux qui « pourraient » ramener la F1 en France. Visiblement, François Fillon savait qu'aucune décision définitive ne serait prise avant la tenue des élections, et comme il y a fort à parier qu'il ne sera plus en poste lorsque celle-ci interviendra, on comprend mieux la raison de sa venue. Autant ne pas laisser les lauriers (s'il y en a) à d'autres et rappeler qu'il est à l'origine du projet. Reste qu'il l'a fait de façon très humble et n'avait vraiment pas le ton d'un lieutenant en campagne pour son Président.


Pourquoi un Grand Prix F1 ?


François Fillon au Paul Ricard : "L'Etat ne subventionnera pas le GP de France comme c'était le cas pour Magny-Cours."

François Fillon a insisté sur plusieurs points et rappelé tout le travail effectué jusqu'à aujourd'hui. Premier point d'importance, la F1 est un vecteur important et apporte une visibilité mondiale, sans parler des retombées économiques locales pour le département le plus touristique de France (Var).

« Si tous les pays émergents en veulent un, ce n'est pas pour rien. Ils savent que cela permet de promouvoir son savoir-faire, son industrie, son pays à travers le monde et ils sont prêts à tout pour obtenir un Grand Prix. Mais nous ne devons pas nous laisser impressionner. De plus, la France a inventé la compétition automobile, elle abrite 2 constructeurs et possède une industrie automobile importante, il est naturel que nous ayons un Grand Prix. »


L'État ne déboursera rien


François Fillon a également insisté sur le montage économique et sur la non-intervention de l'État. L'époque de la subvention de la course et du circuit de Magny-Cours est révolue, dit-il.


« Construire un circuit à Paris n'était pas raisonnable au vu de la situation économique actuelle. Les responsables de la F1 ne voulaient plus Magny-Cours, le Paul Ricard ne nécessite pas de gros travaux et peut très bien accueillir la F1. Nous avons opté pour un Grand Prix tous les 2 ans en alternance avec un autre Grand Prix pas encore déterminé. Ce choix a été validé par la FOM et pour nous, peu importe lequel ce sera. En ce qui concerne l'absence de tribunes, comme la course n'aura lieu que tous les 2 ans, les constructions provisoires que l'on voit à Monaco seront parfaitement adaptées ici.

Économiquement, au vu de la conjoncture actuelle, l'État ne pouvait décemment pas injecter d'argent dans un projet comme celui-ci. Il n'est pas acceptable de fonctionner comme l'a fait Magny-Cours durant toute son existence. Le circuit et le Grand Prix étaient subventionnés, ça ne doit plus fonctionner ainsi. Le choix du Paul Ricard se justifie également par le montage économique constitué. L'intégralité du financement provient des collectivités locales et d'investisseurs privés (CCI du Var, Communauté des Communes de la Ste Baume, FFSA, entreprises privées) groupés au sein d'un Groupement d'Intérêt Public (GIP) transparent. (NdlA : Marseille et les Bouches du Rhône ne sont pas dans la boucle). L'État ne déboursera rien et ne fait que se porter caution auprès de la FOM. L'équilibre financier est vertueux. »

François Fillon au Paul Ricard : "L'Etat ne subventionnera pas le GP de France comme c'était le cas pour Magny-Cours."

« Il manque 2 millions d'euros »


En fait, si François Fillon était là, sans avoir d'annonce officielle à faire, c'est vraisemblablement parce que lorsque les discussions toujours en cours avec la FOM seront terminées, les élections auront eu lieu et qu'il voulait souligner fortement qu'il était à l'origine avec son gouvernement de ce montage qui doit permettre le retour de la F1 en France. Pour le moment, le problème est selon Fillon minime et proche d'être résolu. On a tout de même du mal à croire « qu'il ne manque que 2 millions d'euros » pour boucler le financement et que le GIP a demandé à la FOM de faire un effort sur le prix du plateau. Bernie Ecclestone semble donc jouer la montre en ne répondant pas encore à cette demande. Il fait probablement traîner le dossier jusqu'aux élections. Sans signature, pas de date de Grand Prix et donc pas d'utilisation et de communication possible pour François Fillon qui a tout de même précisé que le montage financier tel qu'il a été conçu doit permettre en cas de basculement aux prochaines élections de ne pas être remis en cause puisqu'il ne requiert aucune subvention d'État pour fonctionner.


Voilà, la balle est dans les mains de Bernie et/ou de ceux qui voudront bien rajouter les 2 millions d'euros manquants, François Fillon a expliqué à tous qu'il a fait son possible pour rendre le retour de la F1 en France possible mais qu'il ne pense pas que cela se débloque d'ici 3 semaines. Attendons donc encore un peu, nous avons l'habitude.


Photos : P.Garcia