C’est un coup de poker qu’a tenté Alphan Manas. Alors que tout le monde s’attendait à être ébloui au moment de montrer son jeu, celui-ci n’a montré qu’un brelan : associant son entreprise, Manas Energy Investments, avec Inci Aku et B Plas, deux équipementiers turcs, il a offert de n’acquérir que 15% des parts d’Heuliez. Il a de plus assorti sa proposition de quelques exigences : un siège au conseil d’administration et le dessin des futures voitures électriques d’Heuliez exporté en Turquie. Comme l’a expliqué Alphan Manas à l’AFP : « Nous prenons des risques, mais nous voulons aussi voir des sociétés françaises prendre des risques », justifiant ses conditions par son investissement d’ « un montant à deux chiffres en millions d’euros ».

Mais à sa table, ses compagnons de jeu n’ont pas voulu suivre. Car la proposition du turc ne rend pas l’entreprise viable comme on l’attendait, Heuliez nécessitant 30 millions d’euros pour repartir sur des bases saines et ce n’est pas la participation des salariés, à laquelle il a appelé dans un communiqué, qui permettra d’y parvenir.

La déception est grande et la page Alphan Manas, comme celle de BKC précédemment, semble déjà tournée : Emilio Gallucio, PDG d’Heuliez estime que l’offre « ne garantit pas suffisamment la pérennité de l’entreprise » et affirme déjà avoir d’autres pistes pour lesquelles les « discussions avancent sérieusement ». Les salariés, eux, peinent à cacher leur colère, par la voix de Gilles Bineau, de la CFDT : « Cette proposition est inacceptable. Ces 15% ne veulent rien dire, on ne sait pas ce que cela représente. Ce n’est pas crédible ». Même son de cloche du côté du ministère de l’industrie avec Christian Estrosi : « C’est insuffisant, il faut qu’il y ait un industriel qui aille plus loin que les seuls 15% du capital », ajoutant de plus que « industriels français, américains, allemands ont fait connaître leur intérêt ».

Retour à la case départ donc pour l’équipementier des Deux-Sèvres et ses 600 salariés.