Contrairement à ce que les pouvoirs publics laissent croire, voire assènent (cf. ci-dessous), et contrairement à ce l’on entend habituellement, il est en fait tout à fait possible de se faire prendre pour un seul kilomètre/heure de trop ! Ce n’est certes pas systématique, mais cela reste bien possible !
Un mensonge véhiculé par la Sécurité routière elle-même
Il faut savoir en effet que, chaque année lors de leur vérification, les radars sont considérés comme aptes à être utilisés à partir du moment où ils ne dépassent pas les erreurs tolérées par la réglementation (article 6 de l'arrêté du 4 juin 2009) De quoi s’agit-il ? Pour la plupart des radars, ces erreurs tolérées correspondent à plus ou moins 5 km/h par rapport à la vitesse réelle, en dessous de 100 km/h, et à plus ou moins 5 % au-delà.
Mieux vaut être prévenu !
Prenons un exemple concret : je roule à 51 km/h, au lieu de 50. Un radar, correctement installé et vérifié, a le droit de me voir jusqu’à 5 km/h de moins, soit jusqu’à 46 km/h, mais aussi, jusqu’à 5 km/h de plus, soit 56 km/h. Or, attention, s’il a le malheur de mesurer 56 (au lieu de 51, rappelons-le), il est bel et bien paramétré pour me flasher (comme indiqué dans le croquis ci-dessous) !
Sur l’avis de contravention, il y aura alors d’indiqué 56 km/h en vitesse enregistrée, puis 51 km/h en vitesse retenue, au lieu de 50 (puisque les autorités retranchent systématiquement ce qui correspond à ces erreurs tolérées, soit 5 km/h jusqu'à 100 km/h et 5 % au-delà). Mais dans notre exemple, il n’en demeure pas moins que la vitesse réelle pouvait bien être d'un seul kilomètre/heure de trop, et non point carrément de six !
Il pourra toujours être rétorqué que 51, cela reste 1 km/h au-dessus de la vitesse limite autorisée, ce qui est interdit. Soit. Mais il n’en demeure pas moins que c'est un pur mensonge d’asséner que les voitures flashées étaient, au minimum, à au moins 5 km/h au-dessus de la vitesse autorisée.
Les mesures des radars sont toujours plus ou moins erronées !
Exclusif : voici le rapport d'une vérification dite périodique (annuelle) d'un radar automatique, daté du 30 juin 2010 (précisons que les vérifications réglementaires s'accompagnent toujours aujourd'hui de l'édition d'un tel rapport). C'est un document qui est conservé dans le carnet métrologique, sorte de carnet de santé, des instruments de mesure que sont les cinémomètres de contrôle routier. C'est ce carnet métrologique qui permet de s'assurer du bon entretien des radars. En théorie, il s'agit d'un document « communicable à toute personne qui en fait la demande »* (par forcément verbalisée), sauf qu'en pratique, l'administration rechigne bien (trop) souvent à le transmettre, et quand elle s'y résout, elle n'en fournit généralement qu'une copie partielle. Dans tous les cas, elle se garde bien de transférer les rapports des dernières vérifications, comme celui tombé entre nos mains (visible ci-dessous) !
Ledit document récapitule ainsi l'ensemble des mesures prises par le vérificateur lors de ce contrôle, afin de vérifier que l'instrument – en l'occurrence un Mesta 210 de Morpho - respecte les erreurs tolérées par la réglementation. Y sont alors enregistrées les différentes mesures « lues » par rapport aux vitesses « vraies », l'écart entre les deux ne devant donc pas dépasser les plus ou moins 5 km/h jusqu'à 100 km/h et les plus ou moins 5 % au-dessus de 100 km/h. Il s'agit là de la marge d'erreur la plus courante.
Toutefois pour d'autres types d'appareils homologués, comme les radars « mobiles mobiles », ceux embarqués dans des véhicules et qui peuvent être utilisés dans le flot de la circulation, c'est-à-dire en mouvement, la marge d'erreur n'est pas celle-ci (selon toujours l'article 6 de l'arrêté du 4 juin 2009). Elle passe carrément à plus ou moins 10 km/h et 10 % selon que la vitesse est de plus ou moins 100 km/h. Il est à préciser que même à l'arrêt sur le bord des routes, c'est cette marge d'erreur plus importante qui est à respecter avec ces automates de dernière génération.
Que nous apprend également le rapport ci-dessous de la vérification périodique du radar automatique, que nous publions ici en exclusivité ? De fait, on peut facilement se rendre compte que les mesures des radars sont toujours plus ou moins erronées par rapport aux vitesses réelles des véhicules circulant devant. Des erreurs loin d'être toutes marginales ! Le cinémomètre vérifié a tout de même affiché des erreurs allant de - 2,6 km/h à + 3,2 km/h par rapport à la vitesse « vraie » ! On imagine ainsi plus facilement que les erreurs puissent avoisiner les plus ou moins 5 km/h... Et donc qu'un véhicule circulant à 51 km/h puisse en fait être vu à... 56 km/h !
Publication exclusive : rapport de vérification périodique d'un radar automatique
* De nombreux avis de la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) ont été rendus en ce sens à Maître Caroline Tichit.
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