La gouvernance, à notre époque, semble être une vertu qui a échappé au plus grand nombre de nos élites. Ce que traverse actuellement Renault semble en apporter une nouvelle preuve. D’abord le fait : des perquisitions ont eu lieu par les services de l'État dans des secteurs liés à l’homologation et à la mise au point des contrôles moteur du constructeur. Les ordinateurs portables de plusieurs directeurs et hiérarchiques de ce service ont été saisis. Des éléments révélés par la CGT dans son tract intitulé « Plan d’urgence de 50 millions d’euros pour les NOx : mais où sont les embauches supplémentaires ? ». Et on notera que les perquisitions n’étaient pas en cours au moment de la parution de ce tract. Elles ont eu lieu la semaine dernière, apparemment dans le plus grand secret. Une distance temporelle qui jette le trouble et qui a joué le rôle d’accélérant à l’incendie que ce document a propagé.
Une fois mis sur la place publique, ces éléments ont agité les places boursières. L’action du losange a chuté de 20% avant de se redresser un peu et terminer la dure journée avec un repli de 10%. Le lendemain, l’action perdait encore dans les 2%. Pendant ce temps, Ségolène Royal qui avait envoyé ses enquêteurs chez Renault défendait son perquisitionné avec une sémantique acrobatique : oui il y a un dépassement de normes pour le CO2 et les oxydes d'azote chez Renault et "plusieurs" marques étrangères mais non, il n’y a pas de logiciel de fraude. L’objectif est ici de dissocier absolument le constructeur français de Volkswagen.
Maintenant, que dire de la CGT ? A-t-elle levé le voile sur un secret et joué la transparence. Ou nuit-elle gravement à la santé de Renault ? Une autre syndicaliste, Jean-Claude Mailly, secrétaire général FO, a son opinion : "je trouve prématurée l’action de la CGT. Il y a eu des perquisitions par les services de l'État, la DGCCRF, on n'a pas les résultats, et de balancer, comme ça, ex abrupto, eh bien, on en voit les conséquences tout de suite : une fragilisation, même si ce n'est que l'action, mais quelles en seront les conséquences sur l'entreprise en tant que telle ? On ne doit pas lancer comme ça en pâture des éléments qui ne sont pas encore complètement fondés". Côté direction, on suit la même tendance : « la CGT ne se rend pas compte que, comme pour Goodyear, elle scie la branche sur laquelle elle est assise ».
Volkswagen pour les faits, Goodyear pour la démarche, il est des parallèles qui font froid dans le dos. Devant tant d’adversité, la CGT se place en victime. Le pompier incendiaire - statut partagé par de nombreux autres acteurs dans cette affaire – regrette l’emballement médiatique à la recherche du scoop et jure n’avoir voulu que parler des conditions sociales des salariés et de rien d'autre. On notera tout de même que cette conjoncture arrive à un mois de la publication des résultats financiers de Renault par le patron Carlos Ghosn.
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