C’est un plan ambitieux que le ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo a annoncé hier. Entouré de ceux qui constituent selon lui « la nouvelle équipe de France de la voiture écologique », à savoir Christian Estrosi, ministre des transports représentant pour l’occasion les constructeurs et Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie et ancienne de l’ADEME, il a en effet tablé sur la mise en circulation de 2 millions de véhicules sur le réseau français à l’issue de l’année 2020. Et pour y parvenir, les moyens sont conséquents : 4 milliards d’euros seront ainsi dispatchés entre constructeurs, points de recharge et équipement des administrations en véhicules électriques.
Renault, PSA et Smart tout d’abord devraient recevoir une enveloppe contenant la coquette somme de 225 millions d’euros, de quoi financer l’ouverture d’une usine de batteries et le développement de la production de véhicules électriques. Vient ensuite la construction de 4 millions de points de rechargements, équipant prioritairement les entreprises et le domicile des possesseurs de véhicules électriques puisque c’est là que devraient se faire 90% des recharges. À noter également l’obligation pour tout nouveau bâtiment disposant d’un parking d’inclure un point de recharge dans ses travaux de construction. Et puisqu’il faut montrer le bon exemple, l’Etat s’est engagé à acheter pour 125 millions d’euros de voitures électriques, suivi par EDF, GDF ou encore Veolia qui devraient remplacer une partie de leur parc automobile à hauteur de 30 000 véhicules.
La voiture française de demain sera donc électrique ou ne sera pas, une décision qui semble désormais sans appel et qui pourtant ne satisfait pas les écologistes. La voiture électrique est-elle propre ? Non, répond l’association France Nature Environnement. Sans tomber dans la critique anti-nucléaire, qui possède pourtant de nombreux arguments plus que recevables, il convient cependant de se poser les bonnes questions concernant l’origine de notre électricité. En hiver, lorsque les températures tombent leur minimum et que la production électrique française atteint le maximum de ses capacités, que se passera-t-il au moment de recharger votre batterie ? Deux solutions : soit l’électricité est importée, soit les centrales thermiques prennent le relais. De quoi alourdir sérieusement le bilan carbone de la voiture électrique aujourd’hui portée aux nues. Face à la critique, Chantal Jouanno ne se laisse comme à son habitude pas démonter : « Notre souhait est que l'électricité nécessaire soit à 80% produite sans émissions de CO2, avec un mix entre énergies renouvelables et nucléaire ». Autant dire « nucléaire » tout court. Et lorsque des réserves quant à la capacité du réseau à supporter de nombreuses charges simultanées sont émises, la réponse est là aussi toute trouvée avec « un système de dialogue intelligent [destiné à] moduler les recharges pendant les pics de consommation ». « Ne pas confondre vitesse et précipitation », c’est que préconise sur ce sujet France Nature Environnement. Politiques et écologistes parviendront-ils un jour à s’entendre sur le sujet des transports ? L’avenir nous le dira.
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