Dans les sentiers battus
Certes, les stages GT qui vous promettent Ferrari, Lamborghini, Porsche, Aston Martin, Audi …etc font envie et loin de moi l’idée de vous dire de ne pas céder à la tentation. Lorsqu’on a l’occasion de conduire une fois dans sa vie ce genre d’auto, il ne faut pas la laisser passer. Par contre, niveau sensation et/ou apprentissage du pilotage, vous allez très certainement être déçus. Ces quelques tours à allure réduite (pour ce genre de voiture) n’apprennent pas grand-chose sinon que votre citadine quotidienne n’a pas les mêmes accélérations (ni la même consommation d’ailleurs) et généralement, c’est au moment ou vous commencez à vous sentir à l’aise qu’il est temps de rentrer au stand. Ceux qui appellent ça stage de pilotage exagèrent toujours un peu.
L’idée de Set-Up pilotage est justement d’introduire à nouveau la pédagogie et l’apprentissage dans les stages de pilotage et pour cela, ils ont choisi d’éviter les grosses autos de prestige et la surface qui va avec pour organiser des sessions de découverte du pilotage sur terre. Le concept est simple : à des vitesses nettement plus réduites, les sensations au volant seront mille fois plus impressionnantes, d'où l'intérêt pédagogique de l'événement. Car, il faut bien le dire, ce n’est pas en voyant les autos utilisées que vous craquerez pour ce type de stages. Non, les Peugeot 106 Rallye utilisées ne font vraiment pas envie et, contrairement à vos 3 tours en Ferrari à allure de sénateur avec un moniteur à vos côtés, vous n’en parlerez certainement pas (ne vous en vanterez pas ?) lors des repas avec vos amis. D’ailleurs, toutes les personnes présentes le jour de notre venue avaient déjà effectué des stages GT auparavant et étaient là pour connaître quelques émotions. Pour faire ce type de stage, il faut être un dédramatisé de la Supercar/GT et être convaincu que la monture importe moins que l’expérience à vivre.
Pour rendre intéressant ces stages sans autos aguicheuses, les moniteurs de Set-Up disposent d’une belle dose de pédagogie et d'un gros degré de … second degré. C’est le credo de la maison, les gars savent aussi bien que vous et moi qu’on n’attire pas les candidats avec des 106 et par conséquent, si l’accent est mis sur l’apprentissage, tout se passe dans une ambiance plus que souriante (j’oserais dire déconnante) et ce d’autant plus que l’autre problème majeur pour les organisateurs, c’est que vous ne trouverez pas de loges climatisées à proximité du circuit et que vous allez manger de la poussière comme vous n’en avez jamais probablement mangé auparavant ! Mieux vaut être prévenu. On ne peut pas leur reprocher le manque de cohérence, en 106, on ne roule pas en costard, alors venez en tee-shirt, jeans et baskets et prévoyez peut-être un change ! Pour les boissons, elles sont fournies.
Pour aller vite, d'abord freiner
Les premiers enseignements concernent le freinage. La dégressivité qu’il est relativement facile d’appliquer sur le goudron demande ici un peu d'entraînement. En fait, le blocage de roues étant toujours très proche, il faut apprendre à freiner beaucoup moins fort que sur tarmac. La sensibilité doit être nettement plus développée ici, sous peine de planter régulièrement ses roues dans la gravette et donc de ne jamais tourner. Les arbres étant tout de même assez proches, ce sont des approximations que l’on va éviter d’avoir. L’acquisition de cette sensibilité au freinage permet ensuite d’introduire le coup de volant qui va permettre de déstabiliser l’auto afin de la faire pivoter. Le second exercice revient en gros à effectuer un tête à queue … volontaire, chose bien plus difficile à réaliser qu’il n’y parait. Soit on met trop de freins, soit pas assez de vitesse, soit trop de volant mais à chaque fois, ça ne pivote pas. La vitesse d’arrivée sur l’exercice étant assez faible, tout doit s’enchaîner rapidement et il n’est pas évident de sentir l’auto partir en glisse d’un côté pour braquer instantanément dans l’autre sens afin de la faire pivoter sur elle-même. L’appel contre appel à 180 km/h, c’est probablement facile (et pas forcément volontaire), à 70 km/h, ça devient très pointu. Bref, y arriver procure un grand moment de joie salué comme il se doit par les autres participants hilares.
La base acquise, on passe à la suite. Toujours seuls dans l’auto (contrairement à moi dans le reportage), les stagiaires partent pour une série de tours libres où subitement, on oublie tout ce qui a précédé ! Tout le monde rate ses appels-contre appels mais on se régale quand même à rattraper la voiture dans les légères courbes puis à jouer des transferts de masse dont l’effet est amplifié par la surface glissante. On s’énerve dans les épingles lorsque ça ne veut pas tourner puis on tente un petit coup de frein à main qui se termine par un quasi tête à queue. Bref, on se prend au jeu et on commence alors à essayer de maîtriser la glisse afin de perdre le moins de temps possible. Avec un peu de concentration, même les coups de frein à main deviennent subtils.
Envie de plus
Au bout d’un moment, on en vient quand même à la conclusion qu’il est extrêmement compliqué et frustrant de mener une traction sur la terre et on en vient à regretter de ne pas avoir en main une propulsion ou une auto plus puissante. C’est là qu’on vous explique que le stage de perfectionnement suivant baptisé « Evolution Rallye » se déroule à bord d’une BMW 318is (à autobloquant donc) ce qui a le don de vous allécher instantanément. Quant à la Subaru Impreza présente, elle n’est malheureusement là que pour les baptêmes qui vous permettent de prendre douloureusement conscience de la lenteur avec laquelle vous vous déplaciez durant toute la journée. C’est mal.
Au final, on en conclut que la présence d'arbres à proximité de la piste rend finalement les participants très sages (ils sont toutefois derrière de larges buttes de terre qui stopperont en premier les excès d'optimisme mais c'est peut-être une idée à creuser pour le Paul Ricard) puis on regrettera quand même ces 106 Rallye trop peu démonstratives et également le manque d’une aire large et dégagée qui permettrait d’appréhender plus facilement la mise en glisse. Malgré cela, l’avantage du stage sur terre est évident : au volant, on ressent beaucoup mieux les réactions de l’auto accentuées par la surface glissante, ce qui en fait une excellente école pour la compréhension de la dynamique d’une voiture en mouvement puis des gestes à réaliser et surtout ceux à éviter. Plus salissant, moins prestigieux, moins glamour mais tellement plus enrichissant, voilà l’intérêt d’une journée où vous allez souvent mordre la poussière avant d’arriver à vous en extraire avec efficacité. À essayer.
Un grand merci à Eric et Thierry de Set-Up Pilotage pour leur patience et leur bonne humeur (et le repas de midi fort agréable), c'est quand ils veulent pour le stage Evolution en BMW !!
Et sinon, pour ceux qui ne vont pas manquer de nous le faire savoir : oui, nous savons, nous avons connu quelques soucis de son.
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