D'ici 2030, le secteur des transports devra réduire de 21 % ses émissions de CO2 et par conséquent, sa consommation de pétrole. C'est inscrit dans les tables de la loi votée l'été dernier et ça ne devait pas faire un pli : pensez donc, les consommations de carburant ne cessent de baisser, un SUV Renault Captur dCi ne sirote déjà que 3,7 1/100 km en moyenne…
L'ennui, c'est qu'en septembre, à l'occasion du scandale Volkswagen, le gouvernement a découvert ce que tout le monde savait : contrairement à ce qu'annoncent les fiches techniques des constructeurs, l'appétit de nos voitures ne diminue que très peu. Ce qui a considérablement diminué, c'est la crédibilité des chiffres, avec des écarts moyens entre appétit réel et théorique de nos moteurs passés en quelques années de 10 à plus de 30 %. Pour s'en rendre compte, il suffisait de constater que la consommation de carburant stagne depuis des lustres, tout comme le nombre de voitures en circulation qui a très peu augmenté tandis que le kilométrage moyen par auto baissait à peine. Conclusion, si la voiture à 3,7 l/100 km est une grosse blague, celle à 2 l/100 km est une très lointaine perspective.
Pour le reste, la voiture électrique tutoie les 1 % du marché et les agrocarburants sont accusés d'affamer la planète. Comment tenir les engagements souscrits à la Cop 21 ?
Moins de voitures, mieux remplies
Pour se sortir de l'impasse, le ministère de l'Environnement a deux pistes de travail : "la maîtrise de la demande de mobilité par habitant" - vaste sujet comme aurait dit le général de Gaulle - et plus prometteur, "le taux de chargement des véhicules". Car voyez-vous, pour les déplacements de moins de 20 km, soit plus de 80 % des trajets, une voiture transporte en moyenne 1,22 personne(s), j'hésite à employer le pluriel.
Il faut bien reconnaître qu'il y a quelque chose d'imbécile, voire obscène, à consacrer une tonne et demie d'acier propulsée par 100 kW à transporter, à 15 km/h de moyenne, cent kilos de chair humaine se faire suer au boulot. Avec une telle puissance, on laboure un hectare à l'heure ou on emmène 30 gosses à l'école.
Autre piste de réflexion pour le gouvernement, dans les grandes villes, une voiture ne passe que 5 % de son existence en circulation, les 95 autres pour cent se partageant entre stationnement au domicile (73 %) et hors domicile (22 %). Pire, entre 10 et 20 % du temps de circulation serait consacré à la recherche d'une place pour se garer. Des pourcentages qui émeuvent beaucoup les grands penseurs du transport, mais pas moi. J'ai le même souci avec ma montre que je ne regarde pas assez, mon costume que je devrais porter plus souvent, mon pied à potage qui mouline trop rarement et même mon service à raclette que j'ai perdu de vue depuis un bail. Quant à ma voiture, je ne suis pas sûr qu'elle circule plus de 1 % du temps, mais ça ne m'empêche pas de dormir.
Covoiturage ou auto-partage, il faudra choisir !
Bref, vous l'aurez compris, l'idée est de favoriser le covoiturage et l'auto-partage pour réduire les émissions de CO2. Objectif, un taux d'occupation des véhicules de 1,8 à 2 d'ici 2030. Le principe du covoiturage a tout pour plaire : des voitures plus remplies, donc moins de voitures en circulation et moins de bouchons. Celui de l'auto-partage est tout aussi sympathique avec des véhicules plus souvent utilisés par davantage de personnes, donc moins de voitures bêtement stationnées.
Si je peux lever le doigt, j'aimerais faire remarquer que ces deux mécanismes sont parfaitement contradictoires car le second consiste à davantage faire rouler nos voitures -forcément au détriment d'autres modes de transports plus vertueux- et par conséquent à encombrer davantage la voirie et consommer plus de carburant. En gros, pendant que je me fais transporter au travail par mon voisin, je loue ma voiture à ma voisine qui la trouve plus pratique que le bus pour emmener ses enfants à l'école et faire ses courses.
Ainsi va l'auto : moins il en faut, plus on en veut !
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