Le pronostic vital concernant Heuliez est toujours engagé et les promesses du repreneur BKC n'ont toujours pas été suivies de faits concrets. En bref, chez Heuliez, on attend toujours l'argent promis pour reprendre l'entreprise. Mais ce n'est pas cela qui provoque l'indignation la plus grande : voir les politiques s'écharper pour s'attribuer les mérites d'un sauvetage pas encore acquis est d'un mauvais goût sinistre.
Heuliez est basé en Poitou Charentes, région détenue par Ségolène Royal qui comme chacun sait n'est pas dans la majorité. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) mis en place par le gouvernement a la charge de soutenir les équipementiers et la filière automobile en cette période de crise. Dans l'optique de sauver la firme, BKC doit amener 16 millions d'euros, la région Poitou Charentes 5 millions et le FSI 10 millions.
Mais à l'approche des élections régionales, l'affaire prend une toute autre dimension. Ainsi, Ségolène Royal s'est saisie du dossier après que le FSI a mis en doute la capacité de BKC de s'acquitter des 16 millions d'euros promis au mois d'août. L'adversaire de Nicolas Sarkozy aux Présidentielles a donc bruyamment et publiquement lancé un ultimatum à Bernard Krief Consulting. Le président de BKC a alors accepté par écrit de verser l'argent avant le 17 décembre, ce dont Ségolène Royal s'est félicité tout aussi bruyamment.
Elle en a profité pour envoyer une saillie envers le FSI toujours sceptique qu'elle exhorte à tenir ses engagements, l'accusant à demi-mots de ne pas vraiment soutenir Heuliez. Mieux, elle accuse le pouvoir en place de freiner volontairement ce processus de reprise afin de favoriser "les amis" (entendez 'du gouvernement') Renault et Bolloré, eux aussi impliqués dans les voitures électriques. Pour Ségolène Royal, cette inertie gouvernementale tient au fait que Heuliez est prêt à commercialiser ses autos électriques dès aujourd'hui. Et l'Etat qui a promis 5000 euros de prime à l'achat des 50.000 premiers véhicules électriques préfèrerait, selon elle, que cet argent bénéficie aux autos électriques de "ses amis" plutôt qu'à celles d'Heuliez ...
Bien évidemment, après une telle accusation, le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau est venu répliquer à la télévision en affirmant que "Ségolène Royal, une fois de plus, ment effrontément" et en réaffirmant son scepticisme concernant BKC : "Je suis assez inquiet parce que le repreneur, M. Petiet, pour l'instant, n'a pas mis le moindre fifrelin"
Qui a tort, qui a raison ? Nous le saurons de toute façon très bientôt. Mais cette chamaillerie sur fond d'élections régionales semble mettre de côté un fait autrement plus important que quelques sièges au Conseil Régional : le sort de 1000 employés se joue actuellement à l'approche des fêtes de fin d'année.
Il y a parfois (souvent ?) des moments ou l'opposition politique permanente devrait céder la place à une intelligente union des forces, certainement plus efficace que les vaines et fatigantes querelles de partis.
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