Kurt Schwitters, le grand Kurt, vous connaissez ? Si tel n’est pas le cas je ne vois que trois explications possibles : fidèle des MC, votre mémoire défaille ; fidèle des MC vous oubliez tout ce que vous en lisez ; vous n’avez jamais lu le MC du date du 21 septembre 2010 où il était explicitement fait référence – merci encore Audi – à l’Ur sonate de Kurt Schwitters, ce morceau d’anthologie de la poésie sonore et de la musique concrète entremêlées du siècle passé. Les présentations étant ce qu’elles sont et surtout étant faites, maintenant nous pouvons l’affirmer : Kurt Schwitters nous connaissons.
Il se trouve que l’[l’adjectif qualificatif prévu ici a été retiré à la demande explicite et expresse de notre secrétaire de rédaction bien aimée]… la maison d’édition Allia a publié récemment Auguste Bolte (dans une traduction de Catherine Wermester), du prodigieux Schwitters. Il est logique que je vous en propose, ici, un extrait d’anthologie :
« Considérant à présent cette nouvelle intuition, Mlle Dr Professeur Auguste tira un trait sur sa vie passée et prit la résolution de ne plus consacrer sa recherche qu’à l’homme qui avait jailli pour entrer dans la maison. C’est ici que tout devrait se décider. Elle regrettait seulement de ne pas pouvoir entrer dans la maison en voiture (…) Cet homme la regardait comme il fallait la regarder eu égard à son importance spirituelle, comme une personne qui inspirait le respect. C’est pourquoi il avait jailli pour entrer dans cette maison. Auguste Bolte savait à présent ce qu’elle voulait. Elle bondit hors de l’auto, claqua la portière et courut dans – ou plutôt voulu courir.
« Stop ! » cria la chauffeur, « On paie d’abord ! » (…) Le chauffeur exigea de nouveau et avec beaucoup d’insistance son argent, tout en agitant sa main à la manière d’un chêne en pleine tempête. Elle ne parlait que d’idéalisme. C’est à ce moment que le chauffeur la crut folle et eut peur pour elle. »
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