Un suisse a avoué hier avoir extorqué 7 millions d’euros à Susanne Klatten, l’héritière de la fortune BMW, dans une tentative de vengeance étrange contre l’implication de la famille de celle-ci dans le régime nazi.
Mettons temporairement de côté les histoires de crise automobile et de sinistrose ambiante pour cette affaire pleine de rebondissements et qui ferait un excellent scénario pour la prochaine superproduction hollywoodienne.
Helg Sgarbi, âgé de 43 ans, a confessé avoir séduit Susanne Klatten, 46 ans et mère de famille avec 3 enfants, dans un spa autrichien durant l’été 2007. Ce mois d’août, ils ont eu des relations sexuelles dans une chambre d’hôtel de Munich pendant qu’un complice caché dans un placard les filmait. Il a dans un premier temps persuadé Klatten, qui détient 12,5% de BMW et une fortune estimée à 10 milliards d’euros la couronnant femme la plus riche d’Allemagne, de lui donner 7 millions d’euros pour une sombre histoire de mafia le poursuivant après qu’il ait renversé la fille d’un parrain.
En janvier 2008, Klatten met fin à leur histoire. C’est là que Sgarbi lui révèle l’existence de l’enregistrement de leurs ébats et la menace de le publier si elle ne lui donne pas 47 millions d’euros. Manque de chance pour lui, Klatten n’est visiblement pas du genre à se laisser marcher sur les escarpins et va directement à la police. Sgarbi est arrêté peu de temps après en Autriche. Son procès a commencé hier et devait durer 5 jours, mais il a tourné court avec une confession complète de la part de Sgarbi, ce qui lui a probablement permis d’abaisser sa peine de prison qui s’élève finalement à 6 ans au lieu des 9 requis par le procureur.
La confession de Sgarbi est une fin bien calme à ce qui promettait d’être un spectaculaire procès. Avant même qu’il ne commence, de nombreux détails avaient été largement dévoilés dans la presse allemande qui en faisait ses gros titres, mais Sgarbi s’est alors fait un rôle de composition, celui du gentleman discret, en faisant même la leçon. « Je garde le silence par respect pour la femme concernée, on ne peut pas en dire autant de ceux qui ont donné des informations ». Il a ensuite engagé Egon Geiss comme avocat, connu pour avoir été le défenseur d’anciens Nazis. Sa technique favorite : utiliser une loi allemande forçant les témoins à se présenter, ce qui suggère que sa stratégie serait de faire venir Susanne Klatten à la barre. Personne publique et impliquée dans de nombreuses organisations, elle aurait pu alors refuser, annulant ainsi le procès. Mais Sgarbi lui a coupé l’herbe sous le pied en passant à table.
Quelles sont les motivations de Sgarbi ? Son véritable nom serait Helg Russak, descendant de travailleurs forcés dans les usines BMW durant la seconde guerre mondiale, ce qui au passage rend encore plus étrange d’avoir pris Egon Geiss comme avocat. Le grand-père de Susanne Klatten, Günther Quandt, fut conseiller d’Adolf Hitler et ses usines fabriquaient des batteries pour les sous-marins allemands. Sa première femme, Magda, divorça de lui pour se marier avec Joseph Goebbels, le ministre de la propagande d’Hitler. La famille Quandt, qui avait nié ces implications pendant des décennies, a fini par financer une enquête sur son passé après qu’un documentaire ait révélé sans doute possible la complicité de BMW.
Ce qui ferait de Sgarbi une sorte de Robin des Bois combattant le nazisme plutôt qu’un minable gigolo maître chanteur, n’est-ce pas ? Sauf qu’il a été révélé que le Don Juan suisse avait extorqué de la même façon 2,4 millions d’euros de deux autres très riches femmes allemandes dont la fortune n’a, elle, aucun lien avec le régime nazi. Mais tout n’est pas perdu pour Sgarbi, puisqu’à sa sortie l’attendront les 9,4 millions d’euros… et la cassette vidéo, qui n’ont pas été retrouvés par la justice allemande.
Source : Gawker
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