En Belgique, Pierre Ozer est chercheur au département des sciences et gestion de l'environnement à l'université de Liège : il s'est aperçu que la directive européenne obligeant les publicités pour voitures par voie d'affiches ou de presse à informer les consommateurs sur la consommation de carburant et les émissions de CO2 n'était pas respectée.
Les États membres doivent vérifier deux critères : les informations doivent être "facilement lisibles et au moins aussi visibles que la partie principale des informations figurant dans la documentation promotionnelle". Toute publicité papier (sur des affiches ou dans les journaux) doit mentionner combien la voiture rejette de grammes de CO2 au kilomètre et combien elle consomme de carburant aux 100 km de façon aussi visible que le slogan principal. Mais l'organisation écolo Greenpeace explique que chacun peut en faire l'expérience en regardant les affiches publicitaires dans la rue ou ne feuilletant un magazine, ces informations sont la plupart du temps écrites en tout petit, dans un coin de la publicité, au point qu'il faille une loupe ou une échelle pour les déchiffrer ! D'après elle, 99 % des publicités automobiles ne seraient ainsi pas conformes en France et en Europe.
Greenpeace estime ainsi que la quasi totalité des publicités automobiles diffusées en France notamment affichent en trop petits caractères la consommation de carburant et les émissions de CO2 : c'est pourquoi plusieurs ONG (Action Conso, Agir pour l'environnement, Amis de la terre, Fnaut, Greenpeace, RAP, Réseau Action Climat France, WWF) ont décidé de lancer une campagne européenne baptisée "Affichez le CO2 !", l'objectif étant de mobiliser les citoyens et de leur proposer, par le biais du site www.affichezleco2.fr, d'envoyer au Bureau de vérification de la publicité (le BVP) et à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), les publicités qu'ils jugent illégales.
Olivier Louchard, coordinateur du Réseau Action Climat, souligne : "Cette double obligation inscrite dans la loi française n'est absolument pas respectée par les constructeurs automobiles et les pouvoirs publics qui sont censés agir n'interviennent pas. Or cette double exigence est indispensable, car si une émission de 156 g de CO2/km ne parle pas au consommateur, la consommation de 10 litres/100 km, elle, parle directement au porte-monnaie."
Greenpeace souligne que cette révélation sur les obligations juridiques des constructeurs automobiles en matière d'affichage publicitaire tombe à point nommé puisqu'une rude bataille se joue actuellement à Bruxelles sur un projet de réglementation européenne visant à limiter le niveau d'émission moyen de CO2 des véhicules particuliers neufs.
Anne Valette, chargée de la campagne Climat de Greenpeace France, ajoute : "Aujourd'hui, les constructeurs automobiles cachent l'impact carburant et CO2 de la plupart de leurs véhicules et mettent en avant quelques modèles prétendument "verts", pour nous faire croire qu'ils font le maximum pour réduire l'impact des voitures sur le climat. En réalité, l'industrie automobile sabote le projet de réglementation européenne pour le vider de toute contrainte. Techniquement faisable, la réduction des émissions de CO2 semble avoir été confiée aux seuls départements publicité des groupes automobiles ! Ce n'est malheureusement pas la pub qui sauvera le climat et nous préservera de ses conséquences catastrophiques".
(Source et Photo : Greenpeace)
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