Ça y est les radars dits mobiles-mobiles sont homologués ! En clair, leur déploiement va pouvoir débuter et surtout ils vont pouvoir commencer à être utilisés pour verbaliser les excès de vitesse dans le flot de la circulation. Très certainement toutefois après une phase de test d'au moins un mois. Contrairement aux radars automatisés à poste fixe, comme les traditionnelles cabines, les petits dépassements ne devraient pas être beaucoup visés par ces nouveaux instruments. Selon le certificat d'examen type (CET) publié cette semaine par le LNE* en effet, « il est nécessaire que la différence de vitesse entre les véhicules cible et porteur soit supérieure à 20 km/h ». Et ce sans compter les marges d'erreurs de 10 km/h quand la vitesse est inférieure à 100 km/h et de 10 % au-dessus ! Exit de fait le contrôle des petits excès de vitesse... A moins bien entendu d'imaginer que le véhicule porteur ne roule à 20 km/h en-dessous de la vitesse autorisée, ce qui ne devrait quand même pas être si courant !
Pour prendre un exemple concret, sur une route limitée à 110 km/h, seuls les dépassements au-dessus de 130 km/h devraient être ainsi repérés. Et les erreurs maximales tolérées (EMT) devront encore être retranchées : pour une vitesse enregistrée de 131 km/h, la vitesse retenue sera ainsi arrondie à 118 km/h. Et au lieu d'encourir une amende forfaitaire de 135 € et un retrait de deux points, les contrevenants ainsi épinglés "ne risqueront qu"'une amende de 68 € (45 € au taux minoré, réglable dans les quinze jours) et un retrait d'un seul point sur leur permis !
Une marge de tolérance accentuée
Comme Caradisiac avait déjà pu l'évoquer, ces radars mobiles nouvelle génération pourront certes flasher (de manière invisible, car à infrarouge) en mouvement, mais aussi en mode stationnaire. Dans le premier cas de figure, c'est bien confirmé par le CET, ils ne pourront pas contrôler les véhicules tous azimuts : à droite, à gauche, derrière, devant, comme on a pu l'entendre dire à tort. Ainsi, « le véhicule porteur ne doit contrôler que des véhicules circulant sur une voie de la même chaussée », et uniquement en éloignement, précise également le CET. Les photos seront donc prises par l'arrière.
En revanche, à l'arrêt, ils devraient bien pouvoir être capables de relever les dépassements aussi bien en éloignement qu'en rapprochement, soit dans les deux sens de circulation simultanément... Un vrai radarator ! Les conditions devront malgré tout s'y prêter : pas de terre-plein central, pas de glissière, des voies rectilignes sur au moins 50 mètres de part et d'autre du véhicule porteur... Et quand bien même les 20 km/h d'écart entre le porteur et la cible ne seront pas nécessaires dans ce contexte, les erreurs maximales tolérées (EMT) resteront bien aussi en mode stationnaire de l'ordre de 10 km/h et 10 %, selon la vitesse enregistrée ! Des EMT autrement dit doublées par rapport à celles applicables pour les radars utilisés uniquement à poste fixe (alors de 5 km/h et 5 %)... Pas sûr que la configuration soit si fréquente dans ces conditions.
Sinon, les véhicules porteurs - une vingtaine de Renault Mégane 1.5 dCi dans un premier temps – seront certainement difficilement repérables dans le flot de la circulation. Maintenant, si l'on en croit certaines photos publiées dans le CET du LNE, des éléments visibles, comme l'antenne radar placée devant la plaque d'immatriculation et la caméra sur le tableau de bord, pourraient les rendre plus reparables que prévu.
Rappelons pour finir que ces mobiles-mobiles restent des radars automatisés. Les contrevenants ne seront donc pas interpellés et les vrais responsables des infractions, sauf exception, resteront donc non identifiés. Il demeurera donc assez simple de nier les faits pour les propriétaires des véhicules flashés, destinataires des avis de contravention correspondants. Certes, s'ils ne sont pas en mesure de prouver leur innocence, ils resteront redevables d'une amende, mais sans toutefois subir un retrait de point(s). De ce point de vue, rien ne va changer.
* Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE), l'organisme en charge de l'homologation des appareils de mesure.
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