Alors que la Sécurité Sociale a classé 2 des 3 suicides ayant affecté des personnels Renault en accidents du travail, Bernard Ollivier en charge du plan de soutien aux employés des centres d'ingéniérie a montré la première étape d'un programme de développement des relations sociales au sein de l'entreprise: une journée de rugbyman...
La voie choisie par la direction pour tisser du lien social est une thérapie basée sur les jeux de rôles et la mise en situation des personnels afin de les amener à "jouer en équipe". Le premier thème choisi était donc le rugby censé véhiculer des valeurs de cohésion, solidarité et convivialité.
Les 13.000 salariés du Technocentre se sont retrouvés (par groupes, pas tous d'un coup !) durant une matinée à devoir suivre les 1500 chefs d'équipes formés à l'aide d'un DVD explicatif, de photos de match, de fiches de mots-clés et même d'un ballon en carton...
Bernard Ollivier donne l'objectif: "renforcer la qualité de la relation humaine et la solidarité entre ses membres. Améliorer le fonctionnement collectif. Parce qu'on ne se parle que par décret, il était important d'utiliser une métaphore pour sortir du contexte professionnel et instaurer un climat détendu".
L'opération a couté 5 millions d'euros et selon la direction, elle est concluante puisque 90% des 3000 employés questionnés auraient jugé la journée satisfaisante. 75% d'entre eux estiment même avoir atteint l'objectif.
L'AFP qui a également interrogé quelques employés donne un son de cloche légèrement différent (pas forcément majoritaire) puisque les phrases entendues sont:
"chez nous, l'adversaire, c'est pas les autres, sinon on perd le ballon", ou "Ici, quand on se bat pour faire avancer les choses, on en prend plein la gueule" ou encore "on valorise le front mais pas l'arrière, nous, on joue sur plusieurs terrains" ou enfin "faut pas remplacer les poignées d'euros par des poignées de main".
Pour les plus hermétiques à ce genre de pratique, le ton était plus cassant encore:
"ce jeu de rôles était humiliant, stupide et malvenu" ou "Ce n'est pas en nous baladant avec des gadgets qu'il résoudront les difficultés : ils feraient mieux d'embaucher" ou encore "pure perte de temps" voire "Quand on a la tête dans le guidon, on n'a pas le temps de s'occuper des autres".
Un bilan constrasté, ni négatif, ni totalement positif qui a le mérite de faire parler les intéressés, à savoir les employés. Le mot de la fin reviendra quand même à un syndicaliste CGT plutôt content de cette journée mais qui conclut en mettant peut être le doigt sur le problème essentiel. En effet, en regrettant les "maladresses" de la direction qui "traite les relations humaines comme un plan d'objectif de travail", il pose la question :
Social et culture du résultat sont ils vraiment compatibles ?
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