A Desvres, une petite fille de 8 ans est décédée lundi, fauchée par un conducteur de 83 ans. Faut-il mettre en place un examen médical obligatoire à partir d'un certain âge ? Une nouvelle fois, le débat est lancé.
Cette semaine, deux petites filles et leur assistante maternelle ont été fauchées dans le centre-ville de Desvres (62) par une voiture, montée subitement sur le trottoir où elles marchaient. Grièvement blessée, la nourrice s'est retrouvée coincée entre le véhicule et le mur d'une maison. La fillette de 6 ans a été plus légèrement blessée, mais Maéva, 8 ans, ne s'en est pas sortie malgré les efforts du SMUR. La Peugeot 206, conduite par un homme de 83 ans accompagné de son épouse, a fini sa course contre un poteau électrique.
A la différence des jeunes conducteurs, les conducteurs seniors circulent sans réglementation particulière en France, alors que la dégradation de leurs capacités physiques, auditives et cognitives est bien réelle. Les réflexes sont moindres, et l'appréciation de l'environnement de moins en moins fiable, comme la vitesse ou les distances de sécurité à adopter. De plus, le Code de la route n'est pas (ou plus) toujours clair pour les personnes ayant passé leur permis de conduire depuis plusieurs dizaines d'années : pour exemples, les autoroutes et les ronds-points ont fait leur apparition bien après l'obtention du papier rose de certains.
Etre autonome : la nécessité de conduire
Beaucoup d'entre eux sont pourtant conscients d'être vulnérables et peu amènes à réagir rapidement, d'où leur vitesse souvent très réduite, qui perturbe le trafic et génère agacement pour les autres usagers. Mais cela ne les empêche pas de continuer à rouler, à la fois par fierté et surtout par nécessité.
L'autonomie des séniors est un sujet complexe : il met en exergue un problème de fond dans notre société, surtout dans les campagnes où certains villages et hameaux, touchés par l'exode rural des plus jeunes, ne sont pas ou peu desservis par les transports en commun et les taxis. Supprimer le droit de conduire de ces personnes serait synonyme d'isolement forcé, et d'un terrain psychologique propice à la dépression. En bref, une grave atteinte à leur besoin fondamental d'indépendance pour continuer à vivre normalement.
Les personnes âgées sont-elles forcément un danger ?
Face à leur vulnérabilité sur la route, un sondage Ifop commandé pour les assurances MMA révélait que 77% des Français interrogés estiment la nécessité d'une visite médicale pour les conducteurs âgés de plus de 65 ans.
Rappelez-vous, l'idée était sortie des tiroirs une nouvelle fois en juin 2013, mais le feu de protestations avait été vite éteint : jugée « discriminatoire » par certains, la mesure potentielle fut abandonnée pour se concentrer sur les jeunes de 18-25 ans, plus nombreux à se tuer sur la route que leurs ainés.
Comparés aux jeunes, les conducteurs seniors ne représentent qu’une faible part des automobilistes tués. L'explication viendrait de leur conscience des risques à conduire par temps de pluie ou de nuit, surtout lorsqu'on a une dextérité réduite.
Par contre, l'Observatoire national interministériel de la Sécurité routière indique que la part de responsabilité dans les accidents avec atteinte corporelle augmente avec l'âge : 40,86% de 25 à 64 ans, 48,92% de 65 à 74 ans, 60,6% au-delà de 75 ans.
De plus, avec le vieillissement de la population, le nombre des seniors sur les routes est en constante augmentation.
Séniors : la réglementation en Europe n'est pas la même pour tout le monde
En Europe, seuls six pays permettent la validité permanente du permis de conduire : la France bien sûr, mais aussi la Belgique, l'Allemagne, l'Autriche, la Pologne et la Bulgarie.
Si jamais l'obligation d'un examen médical pour les séniors (et/ou une remise à niveau à la fois théorique et pratique) était adoptée dans l'hexagone, la France serait en conformité avec beaucoup de pays européens, pratiquant l'examen médical soit à partir d'un certain âge, soit toutes les X années, voire aussi pour certains dès l'obtention d'un nouveau permis.
Certains parlent de discrimination, et le sujet reste sensible dans notre pays. Cela dit, aux vues de la volonté de notre gouvernement de faire baisser encore la mortalité sur nos routes, peut-être serait-il bon que le débat refasse surface ?
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