La TVR Speed 12 est le concentré ultime du savoir faire de l’artisan de Blackpool. Toute TVR se devait d’être bestiale et sans concession, des voitures véritablement méchantes, au rapports poids/puissance surréaliste et aux performances ahurissantes mais dans un même temps dépourvues de la moindre assistance à la conduite, au mépris de toutes les circulaires européennes en matière de sécurité.
La Speed 12 reprenait la même recette. En doublant littéralement les doses. Il y a d’abord le moteur maison, une véritable cathédrale mécanique : deux 6 en ligne assemblés forment un V12 atmosphérique de 7,7l aux culasses développées par Dallara et à la puissance maximum à jamais inconnue. On dit même qu’un banc de puissance de chez TVR, limité à 1000ch, a été détruit en tentant de la déterminer précisément. Il sera ensuite légèrement dégonflé par soucis de fiabilité, établissant la puissance entre 820 et 880ch, pour un couple pharaonique de 881Nm. Pour transmettre cette colère au tarmac par les seules roues arrière, la lourde tâche revient à une boîte séquentielle Hollinger dernier modèle permettant des passages de vitesse à la volée, ainsi qu’à un train arrière aux pièces entièrement constituées de titane.
Pour accueillir un bijou pareil, la caisse se devait d’être à la hauteur. En partant d’une Cerbera, la carrosserie est maintenant entièrement constituée de carbone, un choix qui permet à la Speed 12 de n’avouer qu’un poids de 950kg.
Reprenons. 950kg et 880ch : le rapport poids/puissance est presque deux fois moindre que celui d’une Bugatti Veyron. Sans transmission intégrale, sans antipatinage, sans même un ABS.
En tout et pour tout, cinq TVR Speed 12 ont été assemblées : trois de course, une quatrième sans moteur et envoyée directement au Japon et une seule voiture de route, celle-ci. Pourquoi une seule ? A la base, il devait y en avoir une petite série commercialisée afin d’homologuer les voitures de course mais la Speed 12 est une légende parsemée de nombreuses histoires.
La plus marquante est sans doute celle qui la lie à Peter Wheeler, regretté patron historique de la marque. Celui-ci avait pour habitude de rentrer le soir chez lui au volant de voiture de développement pour en apprécier les qualités, mais aussi les défauts, dans le monde réel. Un soir pluvieux d’automne, c’est ainsi qu’il prend le volant d’une Speed 12 avant de s’engager sur la nationale en direction de sa maison. Le lendemain, c’est un Peter Wheeler trempé de sueur qui fait son apparition à l’usine. Absolument horrifié par la bestialité de sa création, il refusera finalement de la commercialiser, et même de vendre cet exemplaire unique au public.
Elle sera ensuite utilisée par les relations publiques de la marque, comme par exemple au festival de Goodwood, avant d’être vendue à une connaissance de Wheeler en 2003 qui passera les trois années suivantes à la développer en collaboration étroite avec TVR. Durant cette période, elle a été utilisée environ 5 fois, à Goodwood encore, lors d’essais par des magazines, dont Evo, et pour le lancement du jeu vidéo Gran Turismo 4. Entre temps, les trois Speed 12 de course ont été détruites, elle est donc la seule et unique TVR Speed 12 au monde en ordre de marche.
Et elle est à vendre aujourd’hui pour un prix inconnu. Mais si vous avez les poches suffisamment profondes, n’hésitez pas à vous renseigner ici : http://www.legendsracing.co.uk/CarDetails.asp?Type=Road&ID=159
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