Alors que l'émission vient de remporter un Emmy Award, nous voici déjà arrivé au troisième épisode de la septième saison de Top Gear qui, je vous le rappelle même si je comprends bien que c'est douloureux, n'en comprendra que six. Ce soir, c'est un Jeremy Clarkson enjoué qui prendra le volant de la Ford Focus ST, c'est en toute simplicité ensuite que les trois compères prendront le volant de supercars pour aller faire un tour en France et l'invité de l'émission n'est autre que le ministre des transports britannique.
Parfois le but de certains reportages de Top Gear ne sont que des prétextes pour en mettre plein les yeux et les oreilles aux spectateurs. Celui-ci en fait partie. Pour prouver que l'on peut toujours rouler en supercars aujourd'hui, Jeremy dans sa propre Ford GT (sa deuxième en fait, la première étant repartie à l'usine après de très nombreuses pannes), Richard Hammond dans une Pagani Zonda C12S très orange et James May dans une Ferrari F430 Spider prendront la route en direction du viaduc de Millau, en faisant un arrêt à Paris.
Quelle magnifique vision que de voir ces trois voitures d'exception se suivrent en file indienne sur les somptueuses routes françaises (surtout en comparaison du médiocre réseau autoroutier outre-manche). Jeremy ne tarit bien sûr pas d'éloge sur SA voiture, s'étonnant à chaque accélération de la férocité de son V8 5.4l à compresseur, dont la courroie d'entraînement peut se voir dans le rétroviseur. Avec 550ch par contre, mieux vaut regarder devant. Avec 555ch et surtout 300kg de moins sur la balance, Richard le toise pourtant avec dédain au volant de sa somptueuse Pagani équipée d'un V12 7.3l d'origine Mercedes. Son bruit absolument incroyable ferait dresser le poil sur l'échine du moins passionné des amateurs d'automobile, faisant passer, selon une métaphore de Richard, la Ford pour un mauvais café américain limite tiède alors que la C12S est un double expresso bien tassé. Evidemment, Jeremy n'est absolument pas d'accord, argumentant que l'italienne est aussi aérodynamique qu'Elton John avec ses lunettes de soleil, ce qui lui donne une vitesse maximum de seulement 338km/h alors que la GT atteint 341km/h. La F430 Spider paraît presque ridicule à côté avec ses 315km/h mais le son particulièrement métallique et tirant vers l'aigu de son V8 de 4.3l et 490ch n'a rien envier au son lourd et rauque du V12 de la Pagani. Curieusement, le bruit de la Ford GT n'a rien de particulier ni dans sa note, ni dans son intensité. Un peu décevant, mais plus agréable sur les longues distances selon Jeremy.
Afin d'attendre James que l'on ne surnomme pas Captain Slow (Capitaine Lent dans la langue de Molière) pour rien, même au volant d'une Ferrari, Richard et Jeremy s'arrête dans un typique petit troquet français et l'attendent en faisant une partie de baby-foot, l'âpre discussion ne cessant pas pour autant. A cours d'arguments, Jeremy finit par se moquer des dents de Richard qu'il a fait selon lui blanchir, ce dont le petit journaliste se défend. Une fois James enfin arrivé, le convoi d'une valeur de 900 000€ reprend la route. Alors que le soleil commence à se coucher, Paris est de plus en plus proche, la progression des trois anglais n'étant que très régulièrement perturbée par des arrêts sur les aires d'autoroutes pour remplir le réservoir de la Ford GT à l'appétit absolument féroce.
Et c'est à l'heure de pointe que nos trois anglais se retrouvent dans les embouteillages du périphérique. Ironique de voir que des voitures capables de dépasser allégrement les 300km/h trouvent en fait leurs limites au ralenti dans des embouteillages. Souffrant d'une médiocre visibilité latérale, Jeremy avoue avoir l'impression de conduire une boîte aux lettres en regardant par la fente de celle-ci., tandis qu'un Richard affolé supplie les motards qui le frôlent de ne pas rayer sa précieuse Pagani. Décidés à boire le calice jusqu'à la lie, ils se dirigent vers l'Arc de Triomphe pour faire un tour de la place de l'Etoile. Après quelques jurons et beaucoup de coups de klaxons, les voilà sur les Champs-Élysées, descendant la fameuse avenue à trois de front. Se garant un peu plus loin, ils créent un tel attroupement que la police arrive, pour vérifier que personne ne mette le feu, selon le cynique Jeremy. Fidèles à leurs habitudes, c'est autour d'une table d'un restaurant que les trois journalistes se rassemblent pour déterminer quelle voiture est la plus belle. Après une longue discussion où personne n'est d'accord avec son voisin, la soirée se termine invariablement par une nouvelle remarque sur les dents de Richard, puis tout le monde va se coucher.
Le lendemain matin, il est temps de charger les bagages dans le parking souterrain de l'hôtel avant de reprendre la route. La Pagani ne dispose que de deux compartiments de part et d'autre de l'énorme moteur. Richard ne parvenant pas à y faire rentrer sa valise, il finira par la vider dans ces petits coffres. Jeremy ouvre le capot avant pour y découvrir un coffre relativement grand. Seulement la prise d'air dans ce capot descend profondément dans la cavité, le rendant tout à fait inutile. James sera donc chargé d'emmener les affaires de son collègue dans la Ferrari. Mais les difficultés ne font que commencer. Le parking dispose d'une entrée et d'une sortie indépendantes. Descendre la veille n'avait causé aucun problème mais remonter à l'air libre s'avérait compliqué, la rampe étant à la fois étroite et pentue. Frôlant à la fois les murs et le sol, Richard menant le groupe finit par se heurter à la porte du parking fermée, son embrayage laissant échappé des volutes de fumée alors son frein à main refuse de fonctionner. Mais le pire est à venir. Une fois la porte ouverte, la Pagani est tout simplement trop basse pour descendre le pourtant très court pan incliné qui donne sur la rue, la lame en carbone frottant sur le pavé parisien. Pour rajouter l'injure à l'insulte, Richard est aussi bloqué dans la voiture, la proximité des murs ne lui permettant pas d'ouvrir les portes. Coincé derrière la Zonda, Jeremy parvient de son côté à sortir de la GT à quatre pattes afin de venir en aide à son compère. Brisant une palette en bois sur un plot, il en pose les morceaux le long du trottoir afin d'adoucir la pente. Une large foule contemple la scène alors que d'autres voitures sont aussi bloquées dans la rampe de parking. Descendant centimètre par centimètre, les planches craquant sous son passage, Richard finit finalement par s'extraire sans dommage, sauf pour sa fierté. Suivant ses traces, Jeremy et James parviennent aussi à sortir.
Fuyant le bouchon qu'ils ont crée, ils reprennent leur route vers le Sud de la France. A 200km de l'arrivée après que James ait pris la pluie au volant de sa Ferrari décapotée, ils décident d'en terminer provisoirement avec l'autoroute en faveur des nationales. Juste après que Jeremy ait à nouveau fait le plein de son insatiable GT, bien sûr. Et c'est sur ces petites routes que la Ferrari se révèle. James à son volant dit que la F430 semble avoir de fines ballerines, alors que les deux autres paraissent chaussées de lourds souliers renforcés d'ouvrier. Et ne l'appelez plus Captain Slow, il prend un plaisir manifeste à monter et à descendre les rapports, enchaînant les virages en laissant échapper un large sourire alors que le son du V8 se répercute sur les murets bordant la maigre route. Trop maigre pour Richard, qui fait de larges travers au volant de la Pagani malgré l'antipatinage enclenché. Plus loin, les trois bolides garés sous les arbres, Jeremy avoue à James que c'est bien la première fois qu'il le voit conduire vite, ce à quoi James répond qu'il le fait de façon occasionnel mais pas tout le temps, car c'est un gentleman. Richard quant à lui compare la conduite de la Zonda à un entraînement de boxe contre un champion. Facile quand le rythme est lent, elle a de très grandes chances de vous mettre au tapis dés que vous prenez confiance et accélérer sans réfléchir. Pour la première fois et c'est à noter, Jeremy confie que sa GT est probablement la voiture présente qui a la moins bonne tenue de route. Selon lui aucun ingénieur américain n'est même au courant qu'une route comme celle qu'ils viennent d'emprunter existe.
Alors qu'ils reprennent l'autoroute, ils n'ont toujours aucune idée de quelle voiture est la meilleure. Ces voitures ne sont pas des objets que l'on achète avec sa tête, mais avec son cœur, parce que vous les aimez. Et comment expliquer alors l'amour ? Peu importe, de toutes façons, ils n'ont pas fait tout ce chemin pour faire une bête comparaison, mais pour voir le viaduc de Millau. Quel spectacle stupéfiant de voir ces trois engins d'exception emprunter ce vertigineux édifice qui est le plus haut pont au monde... De la même façon que ces voitures sont des supercars, c'est un superpont, un exemple parfait de ce que l'être humain fait de mieux, repoussant sans cesse les limites, imaginant des projets impossibles à concevoir, puis les réalisant. Ne pouvant terminer ce reportage sur une note si poétique, Jeremy ne peut s'empêcher de révéler que cette œuvre d'art est l'œuvre d'un architecte britannique. Sacré lui...
Contrastant de façon saisissante avec le reste de la production automobile versant vers l'aluminium brossé, le verre, le cuir noir et les peintures grises, voici la nouvelle Ford Focus ST dans sa livrée orange vif, la voiture parfaite pour un anglais moderne selon Jeremy. Les britanniques ne formant pas une nation d'amateurs de cuisines à plan de travail en zinc, Ford a visé juste en montant un kit carrosserie un peu voyant ou lui attribuant des couleurs vives. La marque au losange avoue elle-même que son intérieur, avec ses manomètres sur le tableau de bord, a été pensé pour ressembler à... une chaussure de sport.
Son 5 cylindres 2.5l turbo d'origine Volvo développe un couple incroyable. Une pression sur la pédale de droite génère une accélération tout à fait satisfaisante quel que soit le rapport engagé ou le nombre de tours par minute. Sa puissance n'est pas ridicule non plus, lui permettant de passer de l'arrêt à 100km /h en 6.5s et de monter jusqu'à 240km/h. D'accord, c'est moins bien qu'un Opel Astra OPC mais cette dernière, tout simplement trop puissante, a des remontées de couple absolument effroyable dans la direction et coûte 1 500€ de plus. La Focus est une meilleure voiture, plus confortable et plus contrôlable quand on veut s'amuser. Malgré la pluie qui détrempe la piste le jour de l'essai, la tenue de route de la Ford est remarquable, Jeremy passant les virages en survirant, la roue arrière antérieure levée.
A l'intérieur, les sièges sont confortables et à la fois maintiennent bien dans les virages les plus serrés. La dureté de sa direction peut être paramétré par le conducteur, ce qui est pour Jeremy à la fois inutile et un élément supplémentaire pouvant potentiellement tomber en panne. Bon marché, sécurisante, confortable, pratique et amusante à conduire, c'est donc une des meilleures de sa catégorie.
Plus tard, dans les mains de The Stig sur le circuit favori de l'émission, la Ford Focus ST réalisera un temps de 1min34s9, ce qui est moins bon que l'Astra OPC et la Golf GTI. Selon Jeremy, si la piste avait été sèche et le brouillard moins dense, elle aurait fait mieux que ces deux concurrentes.
L'invité du jour n'est autre que Steven Ladyman, le ministre britannique des transports. Propriétaire d'une Alfa Romeo 156, il n'a plus que trois points à son permis et fera courageusement face aux attaques ironiques de Jeremy. Sur la piste, il s'avère aussi être un bon pilote (même s'il aura un léger contact avec les pneus bordant la piste lors d'un tour d'essai), se retrouvant dans le premier tiers de la longue liste des invités avec un temps de 1min48s8. Verra-t on ça un jour en France ? Non plus.
Retrouvez l'émission Top Gear le dimanche à 20h00 sur BBC2.
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