Le thème des biocarburants, cher à l'Union Européenne qui souhaite que 10% du carburant utilisé dans les transports en soit issu d'ici à 2020, est loin de faire l'unanimité auprès des associations écologistes. Début septembre, l'association les Amis de la Terre dénonçait déjà une politique d'accaparement des terres néfaste pour les populations du Sud. Aujourd'hui, un rapport accablant émis par l’Institute for European Environmental Policy met en lumière l'impact dramatique que de telles mesures pour l'environnement.
Intégrer 10% de biocarburants dans le secteur des transports apparaît, de prime abord, comme une intention louable. Pourtant, à y regarder d'un peu plus près et contrairement à ce que déclarait au mois de juin Günther Oettinger, commissaire européen à l'énergie, l'entreprise n'a rien de bénéfique, que ce soit pour les populations (voir à ce sujet le rapport des Amis de la Terre) ou pour l'environnement. En effet, atteindre un tel pourcentage nécessite un changement d'affectation des sols qui pourrait aller jusqu'à annuler les économies d'émissions censées être induites par les biocarburants. Les terres, autrefois agricoles, sont alors reconverties (le rapport donne le chiffre de 69 000 km2, soit l'équivalent de deux fois la superficie de la Belgique), contraignant les producteurs agricoles à rechercher d'autres surfaces cultivables. Face à la demande croissante de matières premières destinées à l'alimentation, qu'elle soit humaine ou animale, ce sont les écosystèmes fragiles et riches en carbone (tourbières, prairies, forêts, zones humides) qui se retrouvent directement en danger. D'après les résultats dont fait état le rapport, ce sont ainsi 27 à 56 millions de tonnes équivalent CO2 supplémentaires qui pourront alors être émises chaque année, soit l'équivalent de la mise en circulation de 12 à 26 millions de voitures en Europe. Et alors que l'objectif visait à réduire de 35 à 50% les émissions de gaz à effet de serre européennes, il faudra au contraire faire face à une augmentation pouvant atteindre 167%.
Au vu de tels résultats, les ONG demandent à l'Union Européenne de ne pas apporter son soutien à cette politique et réclament que soit pris en compte le problème des émissions résultant du changement d'affection des sols indirect. Pour ne pas peser inutilement sur la sécurité alimentaire des pays du Sud et sur l'environnement, la gestion des biocarburants doit être revue et intégrer le facteur durabilité.
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