WRC polémique du pneu unique : quand le fils Wilson contredit le père

Rappelez vous au dernier Rallye d'Argentine : des trombes d'eau inondent le parcours de l'épreuve rendant la course apocalyptique. Entre la brume, la boue et la pluie, les pilotes se sont escrimés à rester sur la route avant de se battre contre le chronomètre. Leur impuissance était d'autant plus grande qu'ils étaient tous chaussés de pneus pour sols durs et secs !

L'aberration est régulièrement incluse dans les règlements du rallye et ce, depuis de longues années maintenant. La règle du pneu unique à choisir 3 semaines avant le départ d'une épreuve en est une parfaite illustration. Lorsque les conditions climatiques ne correspondent pas aux prévisions comme ce fut le cas en Argentine, les pilotes n'ont pas d'autres choix que de partir mal chaussés. C'est un peu comme si on demandait à des pilotes de F1 de partir en pneus pluie sur le sec. Ou en slicks sur le mouillé.

Pour Sébastien Loeb, c'en était trop et le quadruple champion du monde est sorti de son habituelle réserve pour critiquer vertement une règle qui mettait la vie des pilotes et des spectateurs en danger. Tout juste demandait-il le droit de retailler ses pneus pour essayer de les adapter aux conditions nouvelles.

Mais Malcolm Wilson, le patron des Ford Focus, s'y est opposé. Loeb a alors compris (et déclaré) que les pilotes Ford n'avaient pas droit à la parole.

C'est donc avec plaisir que je découvre l'interview de Matthew Wilson, le fils, qui court dans l'équipe satellite Stobart.

Matthew Wilson, le fils donc, admet que Loeb a raison.

"Les pneus marchaient bien au Mexique et en Suède mais en Argentine nous avons eu un rallye complètement différent de celui que nous attendions. Durant les recos, il faisait chaud et sec. Lorsqu'est venue la course, les températures ont plongé et la pluie est arrivée. Les spéciales étaient très très boueuses et nous roulions en pneus durs !

Cela a rendu la course vraiment très difficile. Si nous devions avoir d'autres rallyes comme ça, cela va être très dur.

Mais cela sera toujours difficile. Il a été décidé avant que la saison commence quels seront les rallyes où nous utiliserions les pneus durs et ceux où nous irions en pneus tendres. Je ne pense pas que les pilotes ont eu leur mot à dire là dedans, c'est dommage.

On a vu qu'il était très compliqué de rouler en pneus typés Grèce sur un rallye boueux dans des conditions telles que celles que nous avons vécu. Dans une spéciale, ce fut dangereux. Bien sûr, si nous avions eu le même temps que pendant les recos, pas de problème. Mais les conditions ont changé très vite, cela a surpris tout le monde."

Pressé par les journalistes pour savoir s'il y avait nécessité à changer le règlement, Matthew se montre réticent à répondre. L'ombre de 'papa' plane.

"Je pense qu'il faudra se battre pour que cela change cette année. Nous devons voir ce que nous pouvons faire pour l'année prochaine. Mais sincèrement, l'idée du pneu unique était de réduire les coûts. Je pense qu'il sera difficile de faire quelque chose.

Mais il serait quand même bien que lorsque nous rencontrerons des conditions aussi spéciales qu'en Argentine, on nous donne la possibilité de rendre la course un peu moins dangereuse..."

Et voilà, malgré la coupe paternelle qui arrive à fermer le clapet des pilotes finlandais de l'équipe titre, c'est le fils qui se permet de briser le silence au sein de la famille Wilson. Si ça n'est pas un appel à la raison...

Le rallye d'Argentine fut par moment extrêmement dangereux à cause d'une règle inadaptée et inefficace. L'opposition de Malcolm Wilson était essentiellement fondée par le désir de gêner Loeb durant la course et l'échec de sa stratégie du refus (ses 2 pilotes sont partis à la faute) devrait lui faire prendre conscience que lorsqu'il y aura un accident aux conséquences dramatiques, une partie de la responsabilité lui sera directement imputable. Pirelli doit également prendre conscience l'intérêt qu'ils ont à suivre Sébastien Loeb dans sa démarche sécuritaire. Un accident dû à des pneus inadaptés pourrait faire tâche sur un joli plan média.

Le fils n'a pas parlé au nom du père mais il serait bon que ses paroles ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd.