Après le Covid, l’économie ou l’écologie d’abord ?
Faut-il faire relancer l’automobile plein gaz ou rouler plus sobre, plus modeste et user nos voitures ? On peut bien se poser la question, ce sont nos modes de vie qui arbitreront. Deux hypothèses pour l’après Covid.
La France est coupée en deux. Il y a ceux qui affirment qu’après la pandémie, plus rien ne pourra être comme avant, ni l’économie, ni la mondialisation, ni la finance ; qu’il faudra remettre l’humain au centre de la société, réduire les inégalités, repenser notre alimentation et bien au delà de la cuisson du pangolin.
Et les autres qui, moins bruyamment, prient pour que tout redevienne comme avant le 15 mars, avec même en prime un bon petit rebond consumériste et de l’essence qui reste pas trop chère pour partir avec sa nouvelle voiture s’entasser sur les plages en maillot de bain chinois.
En ce qui concerne l’automobile, je ne sais plus quoi penser. Le métier de journaliste automobile consistant à prédire ce qui n’adviendra pas et à commenter ce que l’on avait pas prévu, je vais essayer de me couvrir : plan A, plan B…
A/ D’un côté, je perçois l’envie d’un retour à plus de raison et de sobriété, de voitures plus modestes, mieux adaptées à nos besoins. J’en entends qui parlent de moins souvent en changer, de les faire durer, de ne plus s’en servir en ville pour tous ces déplacements qui peuvent se faire à pieds ou à vélo.
B/ De l’autre, comment ne pas prier pour la prospérité de notre industrie et de nos commerces automobiles, leur souhaiter de vendre plein de SUV à grosses marges, comment ne pas espérer que les chaines retournent à plein régime et que le plein emploi revienne ?
Un moment historique pour l’automobile.
Quoiqu’il advienne, il est clair que l’auto vient de connaître un moment historique, et que le vide des routes et des rues ne se remplira plus tout à fait comme avant.
A/ Avec l’acquis du télétravail, bien parti pour concerner 30 à 50 % des employés du tertiaire pour 20 à 40 % de leur agenda, c’en est peut-être fini du trafic que nous connaissions. Une réduction de 10 % de la circulation, c’est 30 % de bouchons en moins. Avec 25 à 30 % de trafic en moins il n’y a plus de bouchons. Bref, les trois ou quatre cent kilomètres d’embouteillages chaque matin en Ile de France appartiennent peut-être à l’histoire. Idem à Marseille, Lille, Nantes, Grenoble… Autant de pollution en moins, autant de voitures en moins. A fabriquer et à vendre aussi.
B/ Mais une autre conséquence du télétravail semble se dessiner, du moins dans les discours, et que certains qualifient déjà d’exode urbain. Puisqu’on n’ira plus au turbin tous les jours et peut-être même plus guère souvent, pourquoi ne pas s’en éloigner ? Il y a ceux si bien confinés dans leur résidence secondaire qu’ils veulent en faire leur résidence principale, ceux si mal confinés dans leur appartement qu’ils veulent le fuir pour une maison avec jardin.
S’agit-il de repeupler les déserts ruraux des Ardennes à l’Ardèche, de faire revivre des villages mourants, d’y rouvrir des écoles et des commerces ? A mon avis, plus surement d’étendre encore le cancer des zones pavillonnaires autour des grandes villes. Mais village ou lotissement, cambrousse ou campagne, on s’apercevra que la voiture est indispensable, et souvent qu’il en faut deux et que même sans trajet boulot-dodo, ça en fait des kilomètres les courses, le médecin, les loisirs, emmener les enfants à l’école.Si le mouvement se confirme, ce sera moins de transports en commun mais plus de voitures.
Oui, mais quelles voitures ?
La voiture de l’après Covid ?
A/ Pour l’écologie, adieu au SUV et retour à des voitures plus basses, plus légères, moins richement motorisées et donc plus sobres et moins polluantes, tant à la fabrication qu’à l’utilisation. Même tendance pour l’électrique : avec les progrès des batteries, pourquoi ne trouve t’on pas de petits modèles raisonnablement tarifés, avec une autonomie réelle de 180 ou 200 km, largement suffisante pour les trajets quotidiens de beaucoup de ruraux et périurbains ? Peur que ça se vende trop bien ?
Et surtout, il faut que nous fassions durer nos voitures, au moins jusqu’aux 300 000 km qu’elles sont censées endurer. La pollution ? S’il n’y a plus de bouchons, elle n’est pas une contrainte. Pas de prime à la casse donc qui consiste à démolir des voitures encore capables de doubler leur kilométrage. A la place, une prime à la réparation qui consisterait à subventionner la remise en état, l’entretien préventif voire la restauration. A la clef, beaucoup d’emplois dans les ateliers mais du chômage dans les usines et des constructeurs sinon en faillite, du moins rapetissés.
B/ Pour l’économie, il faudrait que ça reparte comme en 40, ou plutôt comme en 50. Solution qui a fait ses preuves, une prime à la casse pour nettoyer le parc des vieilleries des années 2000 et « pousser de la tôle » chez les concessionnaires. Mais bien sûr aussi, histoire de ne pas injurier la planète et - soyons filous – de donner un discret coup de pouce à Renault et PSA, un bon petit malus sur le surpoids (des allemandes) et un gros coup de pouce sur l’hybride rechargeable (des nouvelles françaises), qui ne sert à rien mais éloigne la menace des amendes européennes.
Voilà, il me semble que je n’ai rien oublié. Pourtant, un je ne sais quoi me dit que j’ai oublié une hypothèse, qu’un petit truc ou un gros machin va coincer, qu’il y aura peut-être un plan C…
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