Autoroutes françaises : jamais renationalisées ?
Le ministre de l'Économie a déclaré qu'il ne croit "pas à l'opportunité d'une renationalisation" des autoroutes", leur gestion coûterait trop cher à l'État.
En début d'année, des autoroutes espagnoles sont redevenues gratuites. Le premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, s’était engagé à ne pas renouveler les concessions qui prendront fin durant sa législature. Beaucoup rêvent d'une situation similaire en France.
La question d'une renationalisation ne va toutefois pas pouvoir se poser avant un bon moment. Les actuels contrats avec les principales sociétés concessionnaires sont valables jusqu'à la décennie 2030. Mais Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a déjà son idée sur le sujet.
Devant la commission d'enquête du Sénat sur les concessions autoroutières, Bruno Le Maire a dit : "Je ne crois absolument pas à l'opportunité d'une renationalisation de ces autoroutes". Pour lui, une telle mesure entraînerait trop de dépenses pour l'État, qui aurait de nouveau à gérer les axes rapides. Cela aurait un coût "considérable pour les finances publiques, compris entre 45 et 50 milliards d'euros" et ce "serait un très mauvais investissement".
L'homme est concerné par le sujet. Il était le directeur de cabinet du premier ministre Dominique de Villepin au moment de la privatisation des sociétés d'autoroutes, en 2006. Et pour lui, l'opération est "réussie", expliquant que "l'État n'a pas vocation à gérer les autoroutes" et que cela est bien fait par les sociétés privées. Il est vrai que la France est reconnue pour la qualité de son réseau autoroutier. Bruno Le Maire a rappelé que l'État restait propriétaire des infrastructures, il n'a fait que céder ses parts dans les sociétés gestionnaires. Et le ministre de juger que le prix à l'époque était le bon.
Bruno Le Maire plaide toutefois pour une meilleure régulation des concessions. Il a ainsi proposé l'idée de contrat de concession plus court, sur 15 ans seulement pour les tronçons qui ne demanderont pas d'investissements importants sur la période, et "une clause de rendez-vous tous les cinq ans qui permet de réévaluer les taux de retour sur investissements cibles".
Le ministre veut ainsi éviter que les concessionnaires profitent d'une sur-rentabilité. S'il est conscient que les prix sont chers pour de nombreux Français, il a indiqué que l'évolution des tarifs aux péages avait suivi les conditions fixées par les contrats. Mais les concessionnaires ont profité d'un autre aspect, expliqué par Bruno Le Maire : "les hypothèses sous-jacentes aux contrats ne prévoyaient pas la baisse très forte des taux d'intérêt qui a permis aux sociétés concessionnaires de réduire leurs frais financiers, en refinançant leurs dettes à des conditions plus favorables." Un point qu'il espère mieux prendre en compte dans les prochains contrats, s'il y en a. Car d'ici là, d'autres gouvernements auront peut-être des visions différentes. Avec AFP.
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