Bornes de recharge en flotte : le réseau à la fois encouragé et contraint à se densifier
Rouler en voiture électrique, c’est une chose. Pouvoir alimenter ses batteries à tout moment en est une autre. Un enjeu crucial à l’heure où s’envolent les ventes de véhicules zéro ou à faibles émissions. Dans les années à venir, les entreprises seront amenées à équiper plus systématiquement leurs parkings de bornes de recharge. Regard sur les raisons d’investir, sur l’offre fournisseur et sur la législation.
Ces derniers mois en France, les ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont bondi de façon exponentielle. À tel point que le manque de bornes de recharge implantées sur l’espace public ou dans les parcs d’entreprises pourrait vite apparaître encore plus flagrant qu’auparavant.
Début juillet, l’Avere, Association nationale pour le développement de la mobilité électrique, recensait quelque 30 000 bornes publiques sur l’ensemble de l’Hexagone, dont 20 % sur des sites appartenant à des entreprises et commerces. Cela représente 1 point de recharge pour 10,8 véhicules si l’on regroupe les modèles 100 % électriques et hybrides rechargeables. C’est 13 % de mieux sur un an, mais c’est encore trop peu. La récente annonce du gouvernement fixant pour objectif ambitieux le cap des 100 000 bornes accessibles à tous d’ici la fin 2021 démontre bien le manque d’infrastructures à ce jour. Un retard que les flottes connaissent déjà ou risquent de connaître elles aussi.
Combler les besoins pour cultiver une image « verte » auprès des salariés et des clients
Face à l’engouement grandissant pour les véhicules 100 % électriques et à faibles émissions dans les flottes, adhésion en partie contrainte par la norme WLTP* et la loi LOM (lire encadré), motivée par ailleurs par les bonus à l’achat, les entreprises savent qu’elles vont devoir accroître leurs efforts dans les mois et les années qui viennent sur la question de la recharge. La plupart sont d’ailleurs volontaires et désireuses de calquer le développement de leurs installations sur le rythme croissant de leur parc auto électrique. Une façon pour ces PME et grands comptes de répondre en partie aux besoins de leurs salariés en matière de mobilité durable.
« Aujourd’hui, 40 % des utilisateurs rechargent leurs véhicules électriques sur le lieu de travail », révèle WAAT, une jeune pousse spécialisée dans l'équipement et la gestion énergétique d'infrastructures de recharge pour véhicules électriques. « Les bornes valorisent l’attractivité de l’entreprise aux yeux de ses salariés et démontrent sa volonté de s’inscrire au cœur de la transition énergétique de manière durable et raisonnée », argumente la start-up parisienne.
En ce qui concerne les magasins, les hôtels et les restaurants, « installer des bornes permet d’attirer de nouveaux clients et de les fidéliser à l’usage de la voiture électrique », souligne de son côté Beev, autre start-up française qui propose depuis le mois de juin un simulateur en ligne d’aide à l’achat d’un véhicule électrique.
Au-delà du simple accès à la prise, installer en nombre suffisant des points de recharge sur les sites professionnels, tertiaires ou industriels pourrait ainsi permettre aux entreprises de cultiver leur bonne conscience environnementale, en interne comme en externe.
Fournisseurs spécialisés et constructeurs automobiles occupent le terrain
De leurs côtés, les fournisseurs et exploitants de bornes sont de plus en plus enclins et nombreux à répondre aux demandes. Il s’agit par exemple de WAAT (comme évoqué précédemment), de Park’Plug, de Zeplug, de Chargeguru, de Mobilygreen, ou encore de grands comptes comme Enedis, Proxiserve, ou Total. Le groupe pétrolier, par l’intermédiaire de sa filiale G2 Mobility, équipe notamment des établissements Accor et La Poste en bornes rapides.
Conscients qu’il faut adapter le maillage des points de recharge à l’évolution de leurs ventes, certains constructeurs automobiles, à l’instar de Tesla, s’engagent eux aussi dans le déploiement de bornes de recharge à destination de la cible professionnelle. Outre sa présence sur les axes routiers d’envergure, la firme américaine compte en effet accélérer dès cette année l’installation de ses « superchargeurs » sur les parkings d’hôtels et dans certains centres commerciaux français.
Citons également le cas de Renault, leader européen du véhicule électrique qui, en partenariat avec Solstyce, expert en énergies renouvelables, a donné naissance cet été à Elexent, une filiale destinée à guider les entreprises et les collectivités locales dans leur quête de solutions de recharge. Cette nouvelle succursale badgée du losange revendique un accompagnement sur mesure, quels que soient, annonce-t-elle, « les marques et le nombre de véhicules à recharger, qu’il s’agisse de flottes réduites et implantées sur un site isolé, de programmes multisites et/ou de flottes de grande taille. »
Étant donné la quantité de voitures et d’utilitaires électriques ou hybrides PHEV apparus depuis un an sur le marché tricolore, on peut imaginer que d’autres leaders automobiles, PSA, Ford, BMW ou Hyundai-Kia pour ne citer qu’eux, ou bien Volkswagen, qui vient de créer un système de forfaits pour favoriser l’accès au réseau européen des bornes publiques, investissent à leur tour la filière des points de recharge en entreprises dans un proche avenir.
Les flottes peuvent solliciter des primes via le programme Advenir
Pour sa part, le gouvernement mise beaucoup sur le programme Advenir pour densifier le réseau des points de charge dans les entreprises. Ce programme, coordonné par l’Avere et la société ECO CO2 depuis 2016, vient d’être reconduit par le Ministère de la Transition Écologique pour la quatrième fois.
Son but est de contribuer financièrement au déploiement des infrastructures de recharge, en particulier sur les parkings des flottes d’entreprises, par le biais de primes plafonnées entre 1 000 et 1 360 euros par point de charge réservé aux salariés, et entre 1 500 et 1 860 euros par borne accessible aux clients ou visiteurs. Cette subvention, selon l’Avere, couvrirait les coûts de fournitures et d’installation à hauteur d’environ 40 %.
Pour faire face aux futures commandes de bornes dues à l’essor du véhicule électrique en France, une enveloppe de 100 millions d’euros vient d’être budgétée pour la période 2020-2023.
*WLTP : Worldwide harmonized light vehicles test procedures, nouveau cycle d’homologation des véhicules neufs à l’échelle européenne, plus drastique que l’ancien cycle NEDC en matière de limitation des émissions de CO2.
La loi LOM prévoit une obligation minimale d’équipement en 2025
En matière d’installation de bornes de recharges, l’article 64 de la loi d’Orientation des Mobilités (LOM) impose aux entreprises diverses obligations à compter du 1er janvier 2025. En particulier le pré-équipement de 20 % des places (conduits pour le passage des câbles électriques, dispositifs d'alimentation et de sécurité nécessaires) dans les parkings non résidentiels neufs ou rénovés comptant au moins 10 emplacements.
La loi imposera parallèlement, et entre autres, aux flottes disposant d’une zone de stationnement supérieure à 20 places, de posséder au minimum un point de charge pour 20 emplacements.
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