Chasser le Pokémon en voiture burkini

La voiture burkini existe. Elle est noire (la couleur de Daech…) avec des vitres noires qui masquent à la concupiscence des voisin(e)s d'embouteillage le regard de braise de son (sa) propriétaire et lui permet d'évoluer incognito dans le très laïc trafic… de notre belle république… aux vieilles racines catholiques (notez la richesse des rimes).

Avec, si ça lui chante, une kalachnikov sur le siège passager et une machette entre les dents. Voilà qui contrevient fortement aux règles du Vivre Ensemble et déplaît aux forces de l'ordre qui depuis longtemps réclament son interdiction. Comme à la sécurité routière car ces voitures présentent un réel danger : leurs conducteurs peuvent en toute impunité téléphoner avec leurs mains et, de nuit, ne voient quasiment rien à bâbord et à tribord.

Que fait le gouvernement ? Il a promis pour janvier 2017 l'interdiction des vitrages avant teintés (pas des carrosseries noires…) le décret est paru, mais depuis, on n'en parle plus.

Cet interdit va-t-il finir en eau de boudin (noir, cela va sans dire), comme le bannissement de tout écran (smartphone, lecteur DVD, tablette, ordinateur, TV 150 cm...) "dans le champ visuel du conducteur". J'en vois toujours qui textotent et youtubent au volant et la menace de sanction n'a pas l'air de faire frémir les smartphonisés. Ce qui m'amène au second sujet.

Pokémonisés !

Les occasions de plonger la lampe dans les insondables abîmes de la stupidité humaine deviennent rares depuis que les gens sont informés par BMF TV. L'addiction suscitée par le nouveau jeu de Nintendo est de celles-là. Pour ne pas louper une de ces créatures virtuelles et superflues (ça ne se mange pas, ça ne se caresse pas, ça ne mord pas le facteur, ça ne tire pas la charrette et ça ne produit pas de lait) certains pénètrent dans des commissariats ou des bases militaires, tombent du haut d'une falaise, abandonnent leur famille ou leur boulot. Jusque-là, ça me va ; j'adore même : plus les gens sont bêtes, plus je me sens intelligent.

Là où on ne rigole plus, c'est quand le pokémonophile prend le volant. Comme ce conducteur d'une Twingo qui fin août manqua de peu m'emboutir, tout absorbé qu'il était par le mobile tenu au sommet de son volant. Mais peut-être était-il occupé à filmer son prochain accident pour faire rigoler les copains sur Youtube. Ce qui m'amène au troisième sujet.

 Une boîte noire dans la nouvelle Citroën C3

C'est une petite caméra implantée dans le rétroviseur intérieur et qui filme la route en permanence. Connectée à un disque dur, la connected cam permet d'envoyer facilement sur les réseaux sociaux - ou asociaux - des photos ou des vidéos des routes que l'on prend. Comme une GoPro en fait, mais en plus pratique et discret. On peut espérer que les conducteurs de C3 seront moins tentés que les motards de Youtube de démontrer ainsi la virtuosité de leur pilotage. D'autant qu'en cas de loupé, les 30 dernières secondes sont automatiquement sauvegardées… Citroën affirme que cela peut être utile en cas de litige suite à un accident. Mettre une boîte noire dans nos voitures, la Ligue contre la violence routière en rêve depuis longtemps, Citroën l'a fait. Ce qui m'amène au quatrième sujet.

Le film qui tue

Celui-là, il ne tournait pas un film, il le regardait dans sa Tesla model S, en mode Autopilot. C'est que la belle américaine électrique est quasiment devenue une voiture autonome : à coups de mise à jour par internet, son constructeur en a fait un engin que l'on peut conduire "sans les mains" sur des routes à double sens de circulation, capable de prendre un embranchement autoroutier pour suivre un itinéraire programmé sur le GPS, ce que ne font pas encore ses thermiques rivales allemandes.

Ce que la Model S ne sait pas encore faire, c'est éviter un semi remorque qui se rabat soudain sur elle pour prendre une bretelle à droite. Le système de vision n'aurait pas distingué le flanc blanc de la remorque du ciel blanc très lumineux ce jour-là en Floride… Si son conducteur avait été aux commandes, aurait-il pu freiner ou se jeter sur la bande d'arrêt d'urgence, il ne le saura jamais, il est mort.

Dix jours après que l'accident ait été révélé, on apprenait que Chris Urmson un des pères de la Google car donnait sa démission. Fervent partisan de la voiture sans volant ni pédales, il a été remplacé par John Krafcik, ancien de Ford et Hyundaï, plutôt adepte, lui, de la conduite semi-autonome.