Chine : de l'ambition électrique à la bulle financière
Premier marché automobile du monde et aussi par le fait en première ligne en matière d’émissions polluantes sur les routes, la Chine fait le pari logique de la voiture électrique pour ne pas étouffer sous la prolifération mécanique. Un secteur qu’il faut encourager et le gouvernement chinois a investi des milliards de dollars dans le développement des engins à batteries. Résultat ? La formation d’une inquiétante bulle financière.
Si la voiture peut vicier l’air respirable, l’argent, lui, n’a pas d’odeur. Les autorités chinoises ont eu le nez creux pour flairer le danger financier qui s’élevait derrière les milliards de dollars investis dans l’industrie automobile pour préparer l’arrivée des voitures électriques. Une déviance caractérisée par l’apparition d’une multitude de startups plus ou moins fantômes.
Parti sur ses bases, l’objectif de vendre 5 millions de voitures électriques en 2020 est encore loin. Pour l’instant, on recense peu de productions de qualité et beaucoup d’acteurs faibles Il y aurait plus de vingt entreprises sur la voiture électrique. La plupart sortiront un modèle, peut-être même aucun et disparaîtront.
Pour stopper la folie, la Chine a décidé de réguler ce nouveau secteur. Le plus grand marché automobile du monde imposera ainsi des licences aux constructeurs pour tenter de limiter l’éparpillement des investissements. Cette licence demandera aux sociétés de détenir des droits de propriété intellectuelle, d’investir dans la R&D, d’avoir des plans de commercialisation et de services après-vente et enfin, de produire au moins quinze voitures. Ce qui est loin d’être acquis pour de nombreuses startups fantômes qui occupent le terrain sans pour autant être en mesure de commercialiser un jour une voiture. En plus d’une licence, le gouvernement chinois a introduit des tests de sécurité, notamment concernant les batteries, qui disqualifient également de nombreuses firmes.
Pour les experts de Bloomberg, 95 % des entreprises seront disqualifiées par le marché et les réglementations à l’aune de cette licence. Et pour cause : une licence coûterait a minima 438 millions de dollars en investissement pour remplir les exigences du gouvernement. Le gouvernement explique d’ailleurs que seul un quart des demandeurs ont reçu l’approbation des autorités. Parmi eux des noms reconnus comme BAIC Motor ou Chery qui produisent déjà des voitures thermiques.
Et les autres ? Ils annoncent préférer développer des technologies qu’ils pourront ensuite ajouter à leur bilan pour se vendre à de plus gros acteurs. D’autres assurent qu’ils achèteront un constructeur de voiture thermique en difficulté afin d’avoir une usine et une licence pour quelques millions de dollars.
Du vent ? Pas forcément. NextEV, qui a récemment affolé les chronos sur le Nürburgring avec une voiture bien réelle explique par la voix de Jack Cheng à la tête de la manufacturation : « nous ne souhaitons pas dépenser trop d’argent sur l’industrialisation honnêtement et les règles gouvernementales peuvent encore changer. » NextEV défend son modèle en ajoutant que sa première voiture sortira des usines de JAC, un constructeur automobile avec qui l’entreprise est désormais partenaire. La question des licences se posera alors, si cela arrive un jour. Un jour où la bulle financière, bien réelle, éclatera.
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