Chronique du déconfiné 6 – L’automobile ? Un jeu d’enfant
Pour cette dernière chronique, le déconfiné bientôt totalement libéré se souvient des yeux des enfants, les siens et ceux des autres, qui découvrent les autos à l’essai. Des yeux remplis d’étoiles, bien sûr, mais aussi pleins de bon sens, et, parfois, un peu trop frimeurs.
Manu l’a dit : c’est obligatoire. Pas la peine de tergiverser, faut y aller. Le président de la République était formel ce dimanche soir : il faut retourner à l’école et au travail. Le 22 juin, c’est terminé. Après trois mois d’un confinement claquemuré et d’un déconfinement entre guillemets, on revient à la vraie vie. Du moins à la vie d’avant, celle dont on se languissait, ou celle que l’on redoutait, selon que l’on soit casanier ou animal social, avide d’un nouveau monde ou ravi de l’ancien.
Toujours est-il que ça y est. Les grands s’arrêtent de télétravailler et les petits retournent à l’école. Tous, sauf les lycéens et certains salariés, ceux dont les employeurs ont compris que le télétravail leur permettait d’économiser des mètres carrés et que tout compte fait, le télétravailleur ne bosse pas moins qu’au bureau, et souvent beaucoup plus.
Chauffeur de taxi : le deuxième boulot des mamans et des papas
Après plus de trois mois de vacances, de cours en visio ou de devoirs sous contrôle parental, selon la patience des uns, l’implication professorale des autres et la capacité d’esquive des rejetons, il va falloir boucler le sac à dos et se mettre en route vers le collège Victor Hugo (à Puiseaux dans le Loiret), ou le cartable pour s’en aller vers l’école des Erables (à Peronnas dans l’Ain). Alors, souvent, les mamans et les papas de France vont retrouver le métier à temps partiel qu’ils exercent depuis que leur progéniture est scolarisée, celui de chauffeur de taxi. Maison, école, tennis, violon, théâtre, maison : la boucle est bouclée et le taximan épuisé.
Un rôle que le déconfiné endosse moins ces temps-ci, mais qu’il finit par regretter. Parce qu’en grandissant, les enfants gagnent en autonomie (même très relative) et que leurs parents mesurent le temps qui file, mais aussi, parce que les garnements sont souvent d’excellents juges en matière d’automobile : ils ne sont pas encore encombrés de clichés comme leurs aînés, pour qui une voiture chère est forcément belle, pour qui, aussi, un SUV est un summum de modernité.
Embarquer ses gamins, et la ribambelle de leurs copains, dans une auto d’essai est l’un des plaisirs du journaliste qui se transforme, non seulement, et instantanément, en star aux yeux des minots, mais change de métier en devenant patron de manège. Un bruit de moteur plus grave ou strident qu’à l’habitude, un compteur, « regarde, il est gradué jusqu’à 240 », et une auto différente de celles qu’ils croisent chaque jour, suffisent à allumer un regard où passe un ange casqué du même vert, jaune et bleu que celui d’Ayrton Senna. Il en faut peu, mais à 8 ans c’est beaucoup.
Lorsque tout ce petit monde est embarqué et harnaché, c’est parti pour un tour du quartier. Les commentaires mécaniques sont alors un rien plus sommaires que ceux des essayeurs de Caradisiac et dépassent rarement les « waouh, ça pousse ». Mais en ce qui concerne l’architecture automobile, les enfants en remontreraient à quelques réputés designers et ergonomes. C’est ainsi que le fils du déconfiné s’est brûlé un doigt à l’aide involontaire d’un allume-cigares trop apparent, ou qu’un copain à lui, jaugeant un petit 1m20, a remarqué que « dans les autos de maintenant, on ne voit plus le paysage ». La faute à la mode des surfaces vitrées si réduites que les fenêtres des voitures ne sont pas plus grandes que des meurtrières de château fort.
En grandissant, la sélection des autos s’opère autrement, en un test ultime : celui de la dépose devant le collège. Lorsque le déconfiné essayait une Nissan GT-R, il devait se rapprocher le plus possible du portail de l’entrée, et sans couper le moteur surtout. En revanche, au volant d’un Dacia Duster, il était prié de se faire discret. Le collégien quant à lui avait soudain retrouvé une forme olympique, et voulait à tout prix effectuer les 500 derniers mètres à pied.
Toutes les bonnes choses ont une fin
Se pavaner dans une auto à 100 000 euros, ou se cacher à bord d’une autre à 15 000 euros, telle est la question. Nait-on frimeur ou est-ce le fruit d’une mauvaise éducation ? C’est en se posant cette autre question, existentielle celle-là, et en culpabilisant sur ce qu’il a raté dans la transmission de quelques préceptes, que le déconfiné va s’en retourner à une activité plus normale. Car cette chronique va s’arrêter ici. Après douze semaines passées à narrer des souvenirs ressurgis durant le confinement, et d’autres réapparus au moment du déconfinement, il est temps de revenir au présent.
Mais que les fans de ces chroniques se rassurent, et que ceux qui redoutaient leur publication chaque jeudi ne crient pas victoire : les uns et les autres retrouveront régulièrement le désormais totalement déconfiné, toujours sur Caradisiac. Avec d’autres histoires moins nostalgiques, mais toujours automobilistiques.
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