Combien coûte une MotoGP ?
Olivier Cottrel , mis à jour
Laboratoire technologique des constructeurs moto, le MotoGP est suivi par des millions de fans à travers le monde. Une vitrine extraordinaire qui a tout de même un coût conséquent pour les marques qui s’y engagent.
La décision, brutale, de Suzuki, de quitter les paddocks MotoGP a choqué tous ceux qui suivent l’élite du sport moto. De retour au sommet après des années de développement, la marque japonaise a pourtant fait le choix de stopper son engagement dans la catégorie reine. Une décision radicale uniquement financière.
Car si la vitrine est belle pour les marques qui y sont engagées, avec une exposition mondiale et une publicité sans pareille pour vanter le savoir-faire d’un constructeur qui y gagne, le championnat du monde MotoGP est également un engagement financier important. KTM et Aprilia, les deux dernières marques à avoir mis leurs roues en MotoGP peuvent en témoigner, pour gagner il faut y mettre des moyens financiers considérables. Les budgets des équipes sont ainsi estimés entre 15 et 40 millions selon les structures.
Si les chiffres exacts restent confidentiels, on estime, en faisant le détail des éléments, que chaque prototype engagé en MotoGP coûte en moyenne entre deux et trois millions €, selon l’équipe qui le fait rouler, dont au moins 200 000 € pour le seul moteur, qui peut aussi, dans certains cas être loué par une équipe privée à un constructeur.
Et surprise, le moteur n’est pas la pièce la plus onéreuse d’un prototype de MotoGP. L’élément le plus complexe à développer et produire est la boîte de vitesses. Toutes les marques utilisent aujourd’hui en MotoGP une boîte dite « Seamless », qui permet de passer les rapports à la volée sans couper les gaz en engageant deux vitesses à la fois. Une technologie récente qui est estimée à environ 650 000 € par unité.
Si le freinage (environ 70 000 €), et l’électronique de la moto, gérée par un boîtier unique signé Magneti Marelli (environ 100 000 €) sont encadrés réglementairement par la FIM, ce qui permet de limiter les coûts de développement, ce n’est pas le cas des certaines pièces, qui font l’objet de coûts de développement faramineux. Parmi elles, on retrouve le bras oscillant, qui selon les constructeurs varie de 35 000 € sur la Ducati Desmosedici à environ 250 000 € sur la Honda Repsol, tandis que la jante coûte pour sa part 4 000 € pièce. Fournis directement par Michelin, les pneus sont les seuls éléments de la moto qui ne coûtent rien aux constructeurs.
Les nouvelles normes aéro constituent également des postes de dépenses importants pour les constructeurs, qui paient cher les quelques appendices aérodynamiques et autres ailerons que l’on voit fleurir sur les motos depuis plusieurs saisons sous l’impulsion des ingénieurs italiens de chez Ducati et Aprilia. On estime que la fibre de carbone nécessaire utilisée est ainsi facturée 2 € les 100 grammes.
Au prix des pièces, on comprend ainsi mieux la tête que font certains patrons d’équipe quand un de leur pilote chute lors d’une session. Selon la gravité de la chute et les dommages occasionnés sur la moto, la facture peut varier de quelques dizaines de milliers d’euros à plusieurs centaines de milliers, et dans ce cas là, on préfère avoir un Fabio Quartararo dans son box plutôt qu’un Marc Marquez.
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