Norbert Reithofer, 50 ans, a succédé à Helmut Panke à la tête de BMW en Septembre dernier. Devant lui, se profile une diminution des profits qui semble inéluctable, notamment du fait de la faible compétitivité de l'euro face au dollar et au yen et de la concurrence de plus en plus forte venant de ces pays. Les difficultés viendront aussi de la hausse du prix des matières premières et surtout, des nouvelles normes européennes sur les émissions polluantes automobiles.Derrière les sourires de facade à la présentation de la BMW M3 dotée d'un nouveau V8, l'inquiétude est à son paroxysme. Pour BMW, comme pour ses concurrents directs, la remise en question est plus que nécessaire car elle devient vitale à moyen terme.Le sujet des émissions de CO2 est épineux et pourrait mettre à mal des constructeurs aujourd'hui florissant. Voici ce qu'en dit Norbert Reithofer:Q. BMW est encore loin d'atteindre les 140 gr/km de CO2 qui seront pourtant la norme l'an prochain. Comment allez vous réduire le fossé ?N.R. Nous aurons largement réduit nos émissions d'ici cette date. Jusqu'à présent, un tiers de notre gamme est au dessous de ces 140 gr/km. Mais nous devons atteindre ce taux sans perdre nos valeurs actuelles, à savoir qu'une BMW se doit d'être dynamique à conduire.Q. En 2010, ce sera 120 gr/km. Qu'est ce que cela impliquera ?N.R. Il n'y a aucun constructeur d'autos de Luxe qui pourra atteindre cette limite avec tous ses modèles. Cela remettra en question l'existence même des constructeurs allemands de voitures de Luxe.Q.Vous avez d'autres challenges à combattre comme la hausse du prix des matières premières qui grèvera vos profits d'au moins 1 milliard par an.N.R. Cela, nous pouvons le compenser. Il nous faut améliorer la productivité, nos volumes de ventes et rationaliser notre production en améliorant le partage d'éléments entre modèles.Q.A quel point le taux de change vous est il défavorable ?N.R. Il n'y a pas que le dollar. Le cours du yen devient lui aussi problématique. Nos voitures ont du succès au Japon et le taux de change est donc d'une grande importance pour nos revenus.Q. Quel avantage tire Lexus à fabriquer ses autos au Japon?N.R. Le Yen n'a cessé de s'affaiblir face à l'euro et le prix de leurs autos en Europe sera d'autant plus compétitif. Leur avantage est donc considérable aujourd'hui.Q. Votre rival Audi est résolu à devenir le premier des constructeurs Premium d'ici à 2015.N.R Nous avons été en compétition avec Mercedes dans les véhicules sportifs depuis 10 ans. Nous en avons tiré bénéfice tout autant que Mercedes car cette concurrence nous pousse vers le haut. Eux et nous. Je vois l'arrivée d'Audi dans la compétition de la même façon. Ce sera bénéfique au final.Q. Existe t'il un danger d'être rattrapé par Audi ?N.R. Si vous regardez dans le monde entier, pas seulement USA, Europe et Asie, alors vous remarquerez qu'il existe seulement 2 constructeurs de voitures de Luxe présents globalement sur la planète: Mercedes et BMW.2010 s'annonce véritablement comme un tournant pour l'industrie automobile évoluant sur le secteur Premium. Qui passera le cap et qui ne le passera pas, pour le moment les constructeurs allemands font cause commune pour tenter d'empêcher ou du moins de repousser l'application de ces normes de rejet de CO2 drastique. Il va falloir repenser sérieusement l'automobile de l'autre côté du Rhin. Ce qui est intéressant à constater, c'est que malgré leur toute puissance financière du moment, ils semblent trembler à l'idée de devoir changer leur modèle de développement et leur façon de concevoir des autos.Le monde automobile va changer.Source