Suite à l'interview de Georges Lacour, c'est maintenant au tour d'André Verchère de répondre aux questions de Caradisiac. Tout comme son compère, l'homme est un passionné qui revit ces moments avec beaucoup de plaisir… et d'émotion. Un grand merci à ces Messieurs avec un grand M.Quand et comment avez-vous commencé la moto ?Avec une 125 Peugeot au rallye du Mâconnais, ça devait être en 1949. J'ai toujours été fidèle à cette marque.Quel effet cela vous fait après soixante ans de vous replonger dans l'univers de la moto ancienne ?Revoir toutes ces motos qu'on a connu et avec lesquelles on a joui quoi, y'a pas d'autres mots, on s'est régalé. Et pour ma part, j'étais à Macon, j'avais l'usine Monet Goyon sur les reins, et le matin, en partant au boulot, on se retrouvait sur la route et au premier virage, les pots d'échappement frottaient par terre. C'était au premier arrivé…Pouvez-vous nous raconter un peu comment se passait le Bol d'Or à l'époque ?Je parle pas de 1951 où Lacour courait. Mais en 1952, quand on est arrivé, on nous regardait en chien de faïence. Tout le monde se foutait de notre gueule. On nous prenait pour des marioles avec nos Peugeot. On est arrivé avec des selles rallongées alors qu'à l'époque, la référence, c'était Gustave Lefèvre, le gendre du père Garreau (importateur Norton NDR). Il montait une selle de faucheuse avec un morceau de mousse épais comme ça. Et il avait des chevaux. On nous prenait pour des charlots mais à l'arrivée, plus personne ne nous prenait pour des charlots.En dehors de la compétition, quelle activité exerciez-vous à l'époque?Mécanicien moto chez un concessionnaire Peugeot.Quel est votre meilleur souvenir de l'époque ?Je ne peux pas dire… Meilleur souvenir… Souvenir général. On représentait une boite qui tenait la route. On avait des gens parmi les ingénieurs, les commerciaux qui connaissaient bien leur clientèle. Partout où on est passé, on a toujours était reçu comme des princes. Je me rappelle que pour le tour de France, par un temps exécrable, dix-sept jours de pluie, à chaque étape, l'agent Peugeot du coin nous avait réservé un hôtel et on était reçu comme des papes. Partout où on est passé, ils avaient rallumé le chauffage pour qu'on puisse faire sécher nos affaires. On était toujours considérés comme des copains, comme si on s'était toujours connu.Et après la compétition, vous avait continué votre activité de mécanicien moto ?Un certain temps puis j'ai quitté mes frangins pour aller monter un magasin de sport.Vous avait donc connu l'arrivée des motos japonaises, la descente aux enfers des marques françaises, comment avez-vous vécu cela ?D'un œil meurtri car la désaffection, on la vit mal. Pourtant j'en avais plus rien à cirer, j'étais parti dans autre chose.Avez-vous suivi l'évolution des motos par la suite ?De loin. Après j'avais mon magasin de sport à faire tourner. J'ai eu jusqu'à vingt employés. Quand on fait quelque chose, il faut le faire comme il faut. Je n'avais plus le temps de m'amuser.Quel regard portez-vous sur les pilotes actuels qui ont un statut de star par rapport à vous à votre époque ?Financièrement parlant, on aurait bien aimé connaître ça. Maintenant, j'espère qu'ils prennent autant de plaisir que nous en avons pris à cette époque.Un dernier mot pour conclure ?Je suis très heureux d'être ici, de retrouver des copains. Et je me rends compte que l'esprit moto n'a pas changé et c'est très agréable.Merci à vous et bon salon.